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Une bonne «Microdose» de Fred Fortin, qui sort un album surprise

«Je voulais faire un petit EP pour «pimper» un peu ma tournée solo, avoir des nouvelles tounes à présenter... Et finalement, j’ai fait plus de tounes que je pensais.»
Manon Landry

Il roule sa bosse depuis près de 25 ans. Après une foule de projets, de collaborations avec ses chums de Gros Mené et de Galaxie et quatre albums solos, c’est son p’tit dernier, Ultramarr, qui l’a révélé (davantage) au grand public, en 2016. Un album fort, abouti, riche de notes de jazz, de folk et de rock-prog, qui lui a valu trois Félix. Après ce méga succès, Fred Fortin nous revient avec l’album surprise Microdose, beaucoup plus dépouillé, qui sort tout discrètement aujourd’hui.

«Je voulais faire un petit EP pour pimper un peu ma tournée solo, avoir des nouvelles tounes à présenter... Et finalement, j’ai fait plus de tounes que je pensais», confie-t-il, tout en candeur, lorsque nous le rencontrons dans un café du Mile-End.

Douze chansons qui nous font renouer avec le jazz, le blues, le folk et le rock un peu garage qu’on lui connaît... mais sans artifices. Il affirme avoir eu un désir de garder ce nouvel opus à l’état de «maquette».

La pochette du nouvel album de Fred Fortin, Microdose
Martin Bureau
La pochette du nouvel album de Fred Fortin, Microdose

«Tout est tellement bien computé, aujourd’hui, qu’on oublie des fois que c’est des tounes», explique-t-il.

Il a donc eu envie de revenir à quelque chose de plus brut.

«Ça te met dans la face ce que tu es, continue-t-il. Je veux m’assumer. C’est comme pas beau à voir, pas beau à entendre, mais il y a un côté que j’aime là-dedans, c’est comme une performance sans en être une.»

(Désolée de te contredire, Fred, mais c’est en fait plutôt beau à entendre.)

En ce sens, Microdose se rapproche un peu de ses premiers albums, particulièrement de Plancher des vaches, son album «mal aimé pour ben du monde, mais l’album préféré d’autres personnes».

Un album «brut»

Faire un nouvel album très dépouillé était comme une façon pour lui de se détacher d’Ultramarr, qui a connu un succès vif. Et qui lui a mis un peu de pression sur les épaules, mine de rien.

«C’est vrai qu’avec Microdose, le fait que ce soit surprise et garroché de même, je voulais sûrement faire une rupture avec l’autre... Pour me réapproprier le droit de faire des affaires trash! Je psychanalyse un peu, là, mais... C’est un peu un réflexe.»

Fred Fortin l’avoue: il a voulu diverger du chemin où on l’attendait peut-être. «Parce que... c’est mon jouet!», dit-il en riant.

Il n’y aura donc pas de lancement. «Y’est sorti, là!» lance-t-il, amusé.

“À toutes les fois que je finis un album, je me dis: ''je ne serai plus jamais capable d'en faire!'' C'est le syndrome de bien des artistes.”

- Fred Fortin

Ça donne donc un genre de portrait de famille assez déluré. Des textes un peu plus personnels, comme dans la sympathique Led Zeppeline, qui nous fait faire connaissance avec ses enfants (et qui se révèle être un solide ver d’oreille au passage). D’autres qui donnent plus dans l’autodérision, comme la pièce titre de l’album, une toune «en majeur 7» en hommage aux hippies californiens, ou Redneck, une ode aux «pick-ups» et au «droit de brûler du gaz» sur fond de bon vieux rock un peu garage, qui aurait pu se retrouver sur un album de Gros Mené.

«Celle-là, on l’a tapée en band, pour Gros Mené, mais je la trouvais trop propre, explique d’ailleurs Fred Fortin. Je trouvais que ça devenais moins intéressant, fait que je l’ai laissée comme ça.»

L’artiste originaire de Saint-Prime, au Lac Saint-Jean, retrouve une partie de ses collaborateurs habituels – Olivier Langevin, François Lafontaine et Joe Grass –, mais à petite échelle, pour ne pas trop effacer le côté «maquette» de l’album. D’ailleurs, on retrouve seulement une microdose du claviériste François Lafontaine (que l’on a connu dans Karkwa): dix notes sur la chanson Cave!

Manon Landry

Fred Fortin, qui se promène entre Verdun, où il est installé avec sa famille, et sa région natale – «j’ai fait 80 000 kilomètres cette année» –, a enregistré son album dans son studio de Saint-Félicien.

«Je suis trop bien installé là-bas, c’est le chalet familial, je vais là depuis que j’ai quatre ans. Je suis chanceux d’avoir un spot comme ça, on est bien... et il y a presque pas de maringouins!» ajoute-t-il à la blague.

«48 balais»

On a beau avoir l’impression, quand on écoute sa musique un peu «tannante» ou qu’on observe ses petits yeux rieurs, que Fred Fortin est encore un «p’tit gars», mais mine de rien, le multi-instrumentiste se dirige tranquillement vers la cinquantaine.

«Eh oui, 48 balais», précise-t-il.

Son corps lui rappelle durement son âge, parfois – quand il se donne trop au hockey, par exemple. Il avoue faire plus attention à lui («je ne bois plus»). Surtout que faire de la musique, c’est «se compromettre».

«La musique, c’est tellement à risque. Tu ne sais pas de quoi tu vas vivre le lendemain. Tu ne sais pas si tu vas pouvoir vivre de ça... T’as pas de régime de retraite, pas de placements. C’est sûr que si j’ai une maladie, si je me blesse, ça peut finir vite.»

C’est donc aussi pour toutes ces raisons qu’il profite du moment.

«C’est pour ça qu’il y a encore un petit gars qui est là. Et honnêtement, quand j’écoute de la musique chez nous, je me sens encore comme quand j’avais quatre ans. J’avais mes premiers tourne-disques, j’écoutais des vinyles. C’est encore comme ça. Je n’arrête pas d’en découvrir, et j’aime ça.»

Qu’est-ce qui joue sur le tourne-disque de Fred Fortin, ces temps-ci?

«J’écoute beaucoup, beaucoup de musique», confie-t-il d’emblée.

Du jazz et du blues, surtout. Leon Russell, Randy Newman, Nina Simone.

«J’aime bien aussi les filles d’ici. Klô Pelgag, Salomé Leclerc. Il y a plein de finesse dans cette musique-là.»

Une autre fille qu’il a découverte récemment, c’est l’Américaine Jesca Hoop.

«C’est tellement minimal... Elle joue de la guit et elle chante, et c’est fou la performance, le naturel!»

L’album Microdose de Fred Fortin est disponible sur toutes les plateformes dès aujourd’hui. Pour connaître les dates de ses prochains spectacles, c’est par ici.

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