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«Anges gardiens» demandeurs d'asile: François Legault a changé d'idée

«Vous me voyez "flabbergastée"», a réagi Manon Massé à ce revirement.

Après avoir manoeuvré pour que le programme de régularisation du statut des «anges gardiens» soit limité aux demandeurs d’asile qui ont fourni des soins directs aux patients pendant la première vague de la pandémie, Québec ouvre maintenant la porte à un élargissement du programme à d’autres travailleurs qui se sont montrés essentiels au cours des derniers mois.

Racontant au Salon bleu une conversation qu’il aurait eue la semaine dernière avec l’ancienne co-porte-parole de Québec solidaire Françoise David, le premier ministre François Legault a affirmé mardi avoir demandé à sa ministre des Relations internationales de «regarder la possibilité d’élargir» le programme.

«[Mme David] me disait qu’il y avait un petit nombre de personnes qui avaient travaillé au front, entre autres pour faire du ménage, dans certains cas dans des épiceries, dans certains cas dans des pharmacies», a énuméré le premier ministre pour illustrer le genre d’élargissements qui pourraient être faits.

Un changement d’attitude qui a fortement surpris l’actuelle co-porte-parole de QS, Manon Massé. «Vous me voyez “flabbergastée”, que je dirais dans mon langage», a-t-elle lancé, rappelant que son parti réclame depuis des mois que le programme soit ainsi bonifié. «Et la réponse du premier ministre, c’est: j’ai parlé avec une ex-parlementaire. Voyons! Pourquoi je suis icitte, moi, là, là?»

“M. le Président, je suis content que la nouvelle cocheffe de Québec solidaire soit "flabbergastée".”

- François Legault

Le premier ministre a ensuite répondu en disant qu’il comprenait qu’il y a «une certaine compétition entre l’ancienne cocheffe de QS puis la nouvelle cocheffe» — ce qui lui a valu quelques réactions indignées au Salon bleu —, mais qu’il était heureux de voir Mme Massé «flabbergastée».

Au cours des derniers mois, QS est intervenu à plusieurs reprises pour exiger la régularisation du statut de tous les travailleurs qui ont donné un coup de main au Québec pendant la pandémie. Ils ont souvent cité l’exemple de Mamadou Konaté, un Ivoirien qui a contracté la COVID-19 en travaillant comme préposé à l’entretien dans des CHSLD montréalais et qui est maintenant menacé de déportation.

Après avoir été détenu au Centre de surveillance de l’immigration de Laval, M. Konaté a été libéré sous conditions à la mi-octobre, mais son avis de déportation est toujours en vigueur. Il risque donc d’être renvoyé en Côte d’Ivoire, où il affirme que sa sécurité serait menacée, dès que les frontières internationales, fermées en raison de la pandémie, rouvriront.

Une manifestation est prévue mardi prochain devant les bureaux montréalais du premier ministre Justin Trudeau pour exiger que l’avis de déportation soit levé et le statut de M. Konaté régularisé.

Le mois dernier, le député fédéral Alexandre Boulerice était aussi intervenu auprès du ministre de l’Immigration, Marco Mendicino, en faveur de M. Konaté et des autres «anges gardiens» demandeurs d’asile exclus par le programme fédéral actuel.

En entrevue avec le HuffPost Québec, le néo-démocrate avait alors dit croire que le ministre Mendicino était «ouvert» à un programme plus inclusif et avait invité celui-ci à «faire pression sur Québec pour que ça puisse être élargi».

Toutefois, même si le programme est élargi, les demandeurs pourraient devoir encore patienter longtemps avant que leur statut soit régularisé. Annoncé en grande pompe en août, le programme n’était pas encore prêt à recevoir les candidatures à la fin octobre.

«Le processus de candidature pour cette initiative s’ouvrira dans les mois à venir», avait alors déclaré un porte-parole du ministère de l’Immigration à La Presse canadienne.

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