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«Ford contre Ferrari»: le talent contre les affaires

Une machine de cinéma bien huilée et parfaitement calibrée...
Twentieth Century Fox

Dans une scène où Carroll Shelby (Matt Damon) tente de convaincre le coureur automobile Ken Miles (Christian Bale) de l’aider à mener à terme l’ambitieux projet de Ford de battre Ferrari lors des 24 heures du Mans, ce dernier le met aussitôt en garde contre le pouvoir corporatif, qui fera tout, selon lui, pour lui mettre des bâtons dans les roues.

Un peu plus tard, après une course qui a mal tourné, mais où la vitesse atteinte par le bolide Ford a été suffisante pour ébranler la confiance de la marque italienne, Shelby observe, ébahi, le nombre de mains par lesquels doit passer un dossier avant de se rendre à Henry Ford II.

Le coeur de Ford contre Ferrari du réalisateur James Mangold (Walk the Line, Logan) se retrouve d’abord ici. Avant la guerre d’ego entre deux constructeurs automobiles, il s’agit avant tout du combat que doit livrer l’expression du talent et de la pure passion contre l’ingérence corporative.

Le film démarre lorsque le grand patron de Ford décide de tout mettre en oeuvre pour battre Ferrari sur son propre terrain de jeu, résultat d’une tentative de fusion infructueuse ayant poussé son homologue italien à critiquer vertement la marque américaine et ses têtes dirigeantes. Piqué au vif, le fils d’Henry Ford recrute Carroll Shelby pour mener le projet de construire une voiture de course pouvant compétitionner avec celles de Ferrari.

Pour aller au bout de ce défi, que plusieurs considèrent impossible, Shelby affirme aussitôt que le Britannique Ken Miles est le seul pilote pouvant donner une réelle chance à Ford de franchir la ligne d’arrivée en premier. Mais l’attitude et le franc-parler de ce dernier fera peur à certains haut placés de l’entreprise américaine.

L’histoire du duo Shelby-Miles parle d’ailleurs d’elle-même. Jusqu’à la toute fin de cette fameuse course de 1966, les dirigeants en costume trois-pièces s’assureront d’imposer leurs règles et de ralentir (littéralement) l’expression et la célébration d’un talent plus grand que nature et du dévouement humain.

Mangold et son équipe de scénaristes tiennent ici un savant double discours à même le titre de leur film pour illustrer les deux facettes de ce désir de conquête américaine servant un but bien précis - évidemment lié avant tout au profit.

Les artisans du présent long métrage se sont évidemment permis de contourner certains faits afin de renforcer leurs intentions. C’est le cas, notamment, de cet échange de regards entre Ken Miles et Enzo Ferrari, qui voudra tout dire sur la vision opposée des constructeurs européen et américain en ce qui a trait à la construction et à l’art de la course automobile.

Cette passion, Ford contre Ferrari la célèbre d’une manière souvent saisissante, séparant habilement son récit (qui s’étale tout de même sur 150 minutes) entre la méticulosité du travail de recherche et d’assemblage, et la course en soi.

D’un côté, Mangold parvient à rendre prenant et fascinant tout le parcours technique ayant mené à cet affrontement mythique, notamment grâce à la fascinante chimie développée à l’écran par Matt Damon et Christian Bale.

De l’autre, les amateurs de course en auront pour leur argent en termes d’émotions fortes, alors que le temps d’écran consacré à l’événement est plus que suffisant pour immerger complètement le public et susciter une forte réaction émotionnelle à chaque développement.

Au final, Ford contre Ferrari s’impose comme un divertissement hollywoodien classique, tout équipé, parfaitement équilibré et mis en scène avec une vigueur et un sens du rythme devenant rapidement prenants, soutenus par la direction photo de Phedon Papamichael, et ses images aussi inspirantes qu’éblouissantes et énergisantes.

Ford contre Ferrari est présentement à l’affiche partout au Québec.

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