Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Florence Longpré se confie sur l’écriture (plus sombre) de «M’entends-tu?»

Les attentes étaient hautes, pour les nombreux adeptes de cette série unique en son genre.
Instagram/mentendstu

Les attentes étaient hautes, pour la deuxième saison de M’entends-tu?, alors que nous avons été très nombreux à suivre les aventures d’Ada, de Carolanne et de Fabiola. Florence Longpré ne cache pas qu’elle a eu peur de décevoir les adeptes de la série, mais elle a visiblement toujours autant de plaisir à écrire le destin (même s’il est plus tragique) de nos trois anti-héroïnes préférées, qu’elle appelle affectueusement ses «bonhommes».

La seconde saison de cette série de Télé-Québec, unique en son genre - dont les personnages vivent dans la pauvreté - s’amorce sur une trame beaucoup plus sombre que la première, rendue nécessaire par la fin dramatique de la première saison, alors qu’Ada (Florence Longpré) tentait de trancher le pénis de Keven (Victor Andrés Trelles Turgeon), le chum violent de Carolanne (Ève Landry). Une tâche que les deux autrices n’ont pas prise à la légère, n’hésitant pas à aborder de front le dur sujet de la violence conjugale.


«On n’avait pas le choix de traiter ce sujet-là avec sérieux», explique la comédienne Florence Longpré, qui co-écrit la série avec Pascale Renaud-Hébert et interprète un des rôles principaux.

Les deux autrices ont d’ailleurs fait un travail de recherche assez soutenu. Elles ont discuté avec des intervenantes, se sont rendues dans des centres accueillant des femmes victimes de violence conjugale, et ont parlé avec certaines d’entre elles, qui retournaient parfois habiter avec leur bourreau.

«C’est vraiment fort, pour qu’elles prennent la décision d’y retourner consciemment. Dans la série, on dépeint des personnages qui ont moins d’éducation, mais il y avait aussi des femmes d’affaires qui vivaient ça, ça touche toutes les classes. Ça nous a surprises. On voulait essayer de comprendre pourquoi ces femmes-là (et aussi des hommes) retournent dans une situation comme ça.»

Les autrices abordent ce sujet délicat à travers le personnage de Carolanne (joué avec brio par Ève Landry), qui habite avec son chum violent, et que ses deux amies ne savent pas comment aider.

Le cycle de la violence

La série démontre bien le cycle de la violence; après une crise, il y a la lune de miel, pendant laquelle le bourreau démontre à sa victime combien il «l’aime». Le chum de Carolanne, Keven, lui cuisine pour sa part un bon Kraft Dinner aux saucisses.

Et même si on peut avoir tendance à penser que la violence conjugale est une problématique d’une autre époque, il suffit de consulter quelques statistiques effarantes pour réaliser que ce n’est malheureusement pas le cas.

D’ailleurs, Florence Longpré a été très attristée de constater, quelques jours après la mise en ligne de sa série, qu’une femme a été tuée à Mascouche - là où elle a elle-même grandi, de surcroît.

«J’allais être menstru»

Malgré cette trame de fond assez dure, M’entends-tu? n’est pas que tragique. On reconnaît d’ailleurs l’écriture singulière des deux autrices, puisque dans presque chaque scène dramatique, une réplique savoureuse vient alléger le tout et nous décrocher un sourire. Comme lorsqu’Ada essaie de convaincre les agents de libération conditionnelle qu’elle est mûre pour sortir de prison, et que, pour justifier un excès de violence passé, elle précise qu’elle allait être «menstru».

«On essaie de désamorcer, parce que sinon, c’est rough en tabarouette! lance Florence Longpré en riant. Mais ce n’est pas tant calculé, cet effet montagne russe. Ça vient assez naturellement pour ces bonhommes-là, qui sont plein de résilience et d’humour. Même dans les drames.»


Et si les premiers épisodes sont plus sombres, le ton s’allégera un peu par la suite, quand nos trois anti-héroïnes préférées se retrouveront.

Mais il reste que la deuxième saison est un peu plus «lourde» que la première.

«On avait vraiment peur de la réaction des gens, confie Florence Longpré. On fait vraiment une comédie dramatique. La première saison penchait plus vers la comédie, et la deuxième plus vers le drame… On avait peur que les gens soient déçus. Mais on dirait que tout le monde s’en crisse! C’est nous dans le fond, qui avons tendance à mettre les choses dans des boîtes. Le public, finalement, est content de suivre ces bonhommes, et tout le monde comprend que le sujet est assez lourd. Les épisodes plus sombres font du bien: ils permettent d’expier, de pleurer certains sujets.»

Il faut dire que le tandem d’autrices, avant même d’écrire les dialogues de la première saison, avait déjà en tête la courbe dramatique de la série au complet.

«Quand on s’est mises à écrire pour vrai, on savait où on s’en allait. On a suivi ça.

On s’est laissées guider par l’histoire plus que par les réactions du public.»

La comédienne, que plusieurs ont découverte dans Like-moi!, précise d’ailleurs qu’elle planche déjà sur une troisième saison. Rien n’est encore confirmé… mais ce serait étonnant, avec le succès que la série connaît, qu’elle ne voie pas le jour.

«Je serais vraiment déçue! Je pense qu’on ferait du piquetage!» ajoute la comédienne à la blague.

Inutile de préciser que nous aussi.

M’entends-tu? est diffusée les lundis à 22h sur Télé-Québec et est disponible en intégralité sur telequebec.tv.

À voir également:

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.