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Festif!: d'un rêve de jeunesse à la fierté de Baie-Saint-Paul

De 2000 festivaliers en 2010 à 38 500 en 2018.
La rue Saint-Jean-Baptiste est bondée durant le Festif!.
Francis Gagnon
La rue Saint-Jean-Baptiste est bondée durant le Festif!.

BAIE-SAINT-PAUL — Chaque été, des milliers de personnes convergent vers la petite municipalité de 7500 âmes de Baie-Saint-Paul depuis maintenant 10 ans pour le Festif!.

En 2010, le festival, qui jouit aujourd’hui d’une belle notoriété, avait accueilli 2000 personnes lors d’une soirée où cinq spectacles étaient présentés dans le Parc du Gouffre. En 2018, la neuvième édition du Festif! comptait plus de 80 concerts répartis sur une vingtaine de sites à travers la ville. Et tenez-vous bien, c’est maintenant 38 500 festivaliers qui participent à l’événement.

Clément Turgeon, natif de Baie-Saint-Paul et directeur général du Festif!, a vu naître un rêve à l’été 2009 et il n’a pas cessé d’y croire et de tout faire pour le réaliser, même si ça n’a pas toujours été de tout repos.

Inspiré par le Cirque du Soleil

C’est lors d’une commémoration des 25 ans d’existence du Cirque du Soleil, qui est né à Baie-Saint-Paul, que Clément Turgeon, alors dans le début de la vingtaine, a eu l’idée de créer un festival dans sa ville natale.

«J’ai comme eu l’illumination quand il y a eu des feux d’artifice et qu’il y avait la chanson Alegría, raconte Clément Turgeon. J’ai vécu une espèce d’expérience mystique à ce moment-là. J’ai comme catché que le Cirque du Soleil, avant d’être [ce que c’est], c’était un festival à Baie-Saint-Paul. J’ai comme eu le déclic que j’avais le goût de faire un festival moi aussi.»

Durant cette nuit-là, autour d’une bière avec des amis, il a commencé à jaser tout bonnement de son idée. À 3 h du matin, il a croisé le maire de la ville et lui a fait part du flash qu’il avait eu. Le lendemain matin et au cours des mois qui ont suivi, le projet occupait encore tout son esprit, si bien qu’il a mis fin à ses études pour tout mettre en oeuvre pour réaliser son rêve.

Clément Turgeon (centre) et une partie de son équipe.
Facebook/Le Festif!
Clément Turgeon (centre) et une partie de son équipe.

«J’avais 21 ans. J’étais à Québec en appartement et j’étudiais en service social. J’ai appelé ma mère pour lui dire que je revenais vivre dans son sous-sol parce que j’arrêtais et que je me consacrais au festival de musique», a-t-il relaté.

La route a été longue avant d’arriver à son but, mais l’histoire du Festif! a commencé à ce moment.

La crise du déménagement

Comme tout festival, ce fut un départ modeste pour Le Festif! avec ses 2000 festivaliers en 2010.

«Dès les premières années, ça avait un bel accueil et c’était bien organisé, se remémore le maire de Baie-Saint-Paul, Jean Fortin. Ils (les jeunes qui organisaient le festival) travaillaient fort. Ils étaient surprenants par les contacts qu’ils avaient et les possibilités que ça pouvait avoir.»

Clément Turgeon ne s’est pas versé de salaire avant la quatrième édition pour s’assurer que le festival ait de l’argent pour se développer. Il travaillait à temps plein dans d’autres organisations et cogitait sur Le Festif! durant ses soirées et ses temps libres.

La stratégie a été payante. Le festival a grossi rapidement et a accueilli de plus grandes foules à ses deuxième et troisième éditions.

Le Festif! voulait alors prendre de l’expansion et être présenté pas seulement au Parc du Gouffre, mais partout en ville. L’idée a toutefois reçu un accueil froid de la part de certains citoyens et commerçants.

Y avait-il de la réticence de la part de certains? «Un peu, pas mal!» lance sans hésiter M. Fortin.

EN VIDÉO: des images de l’édition 2018 du Festif!:

«Certains commerçants disaient que ce n’était pas le type d’événement qu’on voulait avoir à Baie-Saint-Paul. Ce n’était pas évident pour tout le monde», explique-t-il.

«On s’est ramassé que plein de citoyens ont fait une pétition pour pas qu’on aille au centre-ville, affirme Clément Turgeon. Le conseil de ville était super divisé. Il a fallu, à 22 ans, que je rencontre les conseillers et que je fasse comme une espèce de gestion politique. Je n’étais pas prêt à ça.»

Ultimement, le conseil municipal s’est rallié à l’idée. Jean Fortin, qui a toujours été derrière le projet, jugeait nécessaire le déménagement pour que le festival prenne de l’ampleur.

“On trouvait que c’était un beau projet. Pour ma part, c’était aussi un appui à un groupe de jeunes d’ici qui avait lancé un événement intéressant.”

- Jean Fortin

«Je trouvais que, justement, ça permettait à plus de jeunes de venir découvrir Baie-Saint-Paul», déclare-t-il.

Et il avait vu en plein dans le mille. Ce déménagement pour cette quatrième édition combiné avec la prestation du groupe australien de renommée internationale Cat Empire ont été déterminants pour que le Festif! gagne en notoriété afin d’attirer des gens de partout au Québec. C’est maintenant 74,2% des festivaliers qui proviennent de l’extérieur de la région Charlevoix.

«Maintenant on a un appui de tout le monde parce qu’il y a eu une mobilisation à cette époque», estime Clément Turgeon.

«On a brisé une barrière entre la jeune génération et Baie-Saint-Paul. Les gens d’affaires le reconnaissent aussi aujourd’hui», ajoute-t-il.

Depuis, le plus gros défi, outre de présenter des programmations intéressantes chaque année, est de gérer la croissance du festival tout en demeurant en harmonie avec Baie-Saint-Paul, ses citoyens et ses commerçants.

La contribution de toute une communauté

Avec les nombreuses retombées et le succès du Festif!, la communauté s’est rangée derrière l’événement et tout le monde y contribue à sa façon.

«Globalement maintenant, tout le monde reconnaît l’impact de cet événement au niveau de la visibilité. L’événement se démarque parce qu’il est au coeur de la ville et qu’il est en collaboration avec nous (la ville). Et il est écoresponsable», souligne Jean Fortin, qui a bien hâte de voir le groupe Gogol Bordello, tête d’affiche principale de la 10e édition du Festif!.

En 2018, les retombées économiques du festival ont été évaluées à 3,3 millions $ pour la région de Charlevoix tout en mettant de l’avant le développement durable. Le Festif! est maintenant composé d’une équipe de 15 employés qui travaillent à longueur d’année et qui monte à 150 pendant l’événement. Et c’est sans compter l’apport d’environ 325 bénévoles.

Cet événement attire aussi de nombreux commanditaires et des médias nationaux, ce qui fait rayonner Baie-Saint-Paul.

«En région, je dis souvent que les médias nationaux sont chez nous seulement quand il y a des catastrophes. Là, on a quelque chose de positif. Et d’ailleurs, les festivals un peu partout, c’est un des moyens de faire parler des régions», croit M. Fortin, en nommant aussi les festivals de Tadoussac et de Petite-Vallée en exemple.

Baie-Saint-Paul est maintenant «sur la mappe» pour les milléniaux grâce entre autres à Clément Turgeon. Ce dernier est reconnaissant de l’apport de ses concitoyens qui lui ont permis de réaliser son rêve d’organiser un festival là où il a grandi.

«De voir que j’ai encore mes amis de départ qui sont encore là et qui travaillent pour ça maintenant. Les jeunes de partout tripent maintenant sur Baie-Saint-Paul. Ma fierté, c’est surtout relié à Baie-Saint-Paul. Qu’à ma façon, j’aie un peu marqué l’histoire de la municipalité.»

Le Festif! se déroule du 18 au 21 juillet. Pour plus d’informations sur le festival, vous pouvez consulter son site Internet.

Alexandra Stréliski

Jour 1 du Festif! 2019

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