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Les fermes urbaines: l’agriculture de demain?

«On pense que c’est le futur, d’avoir des villes presque autosuffisantes» - Thibault Sorret, Les Fermes Lufa.
Les fermes Lufa ont des installations à Ahuntsic, Anjou et Laval (photo).
Fermes Lufa
Les fermes Lufa ont des installations à Ahuntsic, Anjou et Laval (photo).

Huit ans après l’instauration de leur première ferme urbaine commerciale, Les Fermes Lufa connaissent un succès fulgurant.

Première serre commerciale au monde à être nichée sur un toit, Les Fermes Lufa connaissent une croissance annuelle de près de 50% et servent aujourd’hui plus de 17 000 commandes par semaine. L’agriculture urbaine commerciale connaît une forte croissance. Elle est passée de deux fermes urbaines répertoriées au début des années 2000 à plus d’une cinquantaine aujourd’hui.

Les Fermes Lufa ne font pas exception, l’entreprise est passée d’une seule serre en 2011, située à Ahuntsic, à trois aujourd’hui avec ses serres de Laval et Anjou. Et bien que les coûts de départ soient beaucoup plus dispendieux par rapport à l’agriculture traditionnelle, les serres urbaines sont rentables à long terme, assure-t-on. «Une fois qu’elle est construite (la serre) on arrive à avoir moins de coûts parce qu’on utilise beaucoup moins d’eau et beaucoup moins d’énergie. Tout ce qui est opérationnel, à long terme, est rentable», a soulevé Thibault Sorret, aide de camp aux Fermes Lufa.

Fermes Lufa

Les Fermes Lufa

Les coûts opérationnels sont moins élevés principalement parce que la serre est chauffée par le bâtiment sur lequel elle est située. «Le coût de chauffage (des serres urbaines) est la moitié de ce qu’il serait dans une serre au sol», précise M. Sorret.

Ainsi, les serres urbaines réussissent à la fois à diminuer leur facture, mais aussi à récupérer une ressource qui dans ce cas-ci est la chaleur perdue par les édifices, précise Éric Duchemin, directeur scientifique et formation au Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) et du Carrefour de recherche, d’expertise et de transfert en agriculture urbaine du Québec (CRETAU)

«Il y a toute l’idée de l’économie circulaire. Plusieurs de ces entreprises, qui se mettent en ville, veulent aussi avoir un impact environnemental sur la ville en soi, et donc de réduire l’impact sur celle-ci en la verdissant (…) ou en réutilisant ses ressources. C’est logique de faire cette activité en ville parce c’est là où se trouve la ressource.»

Moins d’eau, moins de transport, moins de pollution

Les fermes situées en ville sont écologiques à plusieurs niveaux. La proximité des consommateurs permet, entre autres, de réduire la distance des transports, qui est une source de pollution, soulève Thibault Sorret. Mais la production elle-même demande une consommation d’eau moins élevée que les fermes traditionnelles, n’utilise pas de pesticides synthétiques et réduit le gaspillage comparativement aux épiceries commerciales.

Les serres Lufa utilisent un système hydroponique. Les plantes sont arrosées avec de l’eau bonifiée à l’aide de nutriments. Les plantes boiront la quantité d’eau qui leur est nécessaire et l’excès sera recueilli pour suivre à nouveau le même cycle. «Toute l’eau est utilisée comparativement à dans une ferme traditionnelle où il y a une partie de l’eau qui va finir dans les plantes, alors que l’autre partie va finir dans le sol», détaille M. Sorret.

“Les agriculteurs ruraux, c’est une autre façon de faire, c’est une autre réalité et ils sont essentiels.”

- Thibault Sorret, Les Fermes Lufa

Au Canada 58% des aliments sont gaspillés tout au long de la chaîne alimentaire, et le quart de ce gaspillage alimentaire se situe au niveau des producteurs, précise Thibault Sorret. Les Fermes Lufa utilisent un système contraire à celui des producteurs «traditionnels». C’est-à-dire qu’ils cueillent uniquement la quantité nécessaire de produits maraîchers et assemblent les boîtes de commandes le matin même de la journée de livraison. Cela occasionne moins de gaspillage, fait-il valoir, et les produits n’ont pas un long voyage à faire et peuvent ainsi rester frais.

L’agriculture urbaine constitue-t-elle les fermes «de demain»?

Selon, Éric Duchemin les fermes urbaines ne risquent pas de surpasser les fermes traditionnelles, mais plutôt de créer une relation en symbiose avec celles-ci. «La ville a d’autres fonctions que de produire de l’alimentation. La “plus-value” de l’agriculture urbaine, c’est de répondre à des enjeux urbains; les îlots de chaleur, la biodiversité, le verdissement (…) Les agriculteurs ruraux, c’est une autre façon de faire, c’est une autre réalité et ils sont essentiels. C’est plutôt un lien entre les deux, ou un passage d’un à l’autre. Ce n’est pas les mêmes pratiques ni les mêmes enjeux», a-t-il spécifié.

“On pense que c’est le futur, d’avoir des villes presque autosuffisantes. On rêve de villes qui sont remplies de serres sur les toits.”

- Thibault Sorret, Les Fermes Lufa

Mais si l’un ne va certes pas remplacer l’autre, l’agriculture urbaine commerciale au Québec a tout de même connu une forte croissance durant la dernière décennie, se démarquant même au niveau international, précise Éric Duchemin. «Les fermes urbaines, c’est la pointe de l’iceberg de l’agriculture urbaine.»

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