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Ma famille est victime de rénoviction et je suis très inquiet

Ça me stresse vraiment, surtout pour mes enfants. Tous les jours, ils me posent des questions. «Papa, est-ce qu'on va quitter le quartier et perdre nos amis?»

Les propos de ce témoignage ont été recueillis par le HuffPost Québec et retranscrits à la première personne.

Ma conjointe et moi, nous avons trois enfants de sept, onze et 12 ans.

Nous habitons depuis 2013 dans un immeuble à logements à Parc-Extension à Montréal. Nous sommes six familles à faibles revenus dans cet immeuble.

Nous avons un nouveau propriétaire depuis deux mois et il nous a transmis un avis d’éviction le 27 décembre dernier.

Mohammed Amfizguy et ses trois enfants
Courtoisie/Mohammed Amfizguy
Mohammed Amfizguy et ses trois enfants

La lettre disait que nous devions quitter le logement avant le mois de juin. Le propriétaire nous a dit qu’il avait acheté l’immeuble pour faire des rénovations et des agrandissements.

Nous avons été surpris par cet avis d’éviction. Si on nous avait annoncé une augmentation de loyer, on aurait pu payer un peu plus, mais une éviction, comme ça, imprévue, ce n’est pas raisonnable.

Ça me stresse vraiment, surtout pour mes enfants.

Ils fréquentent l’école qui se trouve à une minute de notre logement. Depuis qu’on a reçu la lettre, ils sont vraiment déconcentrés à l’école. Tous les jours, ils me posent des questions. «Papa, est-ce qu’on va quitter le quartier et perdre nos amis?»

Tous les locataires de l’immeuble, on s’est parlé et on a décidé de contester l’avis d’éviction auprès de la Régie du Logement, comme nous l’a conseillé le Comité d’action de Parc-Extension (CAPE).

“On a essayé de chercher un logement similaire, mais les prix sont trois fois plus élevés”

On saura dans environ deux mois si on gagne et donc si on peut rester dans notre logement. On ne sait pas. C’est ce qui me stresse.

Présentement, on paie 615 dollars par mois pour un quatre et demi.

Depuis qu’on a reçu la lettre, on a essayé de chercher un logement similaire, mais les prix sont trois fois plus élevés. On regarde chaque jour, mais c’est impossible à trouver.

On cherche quelque chose dans le même quartier pour que les enfants puissent rester à leur école et parce qu’on a des amis ici.

Même si on cherche ailleurs, ce sont des prix de fou, donc nous n’avons rien pu visiter encore. On ne peut pas trouver quelque chose à un prix raisonnable et ça m’inquiète.

Il y a déjà plus de logements lorsque les gens cherchent pour juillet. Mais trouver quelque chose avant ça, c’est difficile.

Ma conjointe ne travaille pas. Je suis le seul à pouvoir subvenir aux besoins de la famille.

Présentement, on est au rez-de-chaussée et il n’y a pas de locataire au sous-sol. On ne dérange personne.

C’est difficile de trouver un logement quand on a une famille. Lorsqu’on contacte des propriétaires et qu’ils apprennent qu’on a trois enfants, ils disent que ce ne sera pas possible.

On est perdu, on ne sait pas quoi faire et on est pressé par le temps.

La section Perspectives propose des textes personnels qui reflètent l’opinion de leurs auteurs et pas nécessairement celle du HuffPost Québec.

Propos recueillis par Florence Breton.

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