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Une famille documente son séjour de quarantaine à l'hôtel

Ils séjournent dans un hôtel de Toronto après s'être rendus à Dubaï pour s'occuper de leur famille.

Lorsque sa mère a été diagnostiquée d’un cancer en phase terminale et que son père a subi une blessure à la tête à la suite d’une chute, le Dr Ahmad Alkhatib n’a vu d’autre choix que de s’envoler vers Dubaï pour leur apporter son soutien.

Lui, son épouse Yasmin Al Hadithi et leur fille Aline, âgée de trois ans, ont quitté l’aéroport international Pearson de Toronto le 12 février. Le même jour, le premier ministre Justin Trudeau annonçait que tous les voyageurs entrant au Canada seraient bientôt tenus de se mettre en quarantaine pendant trois jours dans un hôtel ou jusqu’à ce qu’ils obtiennent un résultat négatif au test de COVID-19.

Une fois à Dubaï, la famille a donc appris qu’elle serait tenue de payer 1 600 $ pour l’hôtel de quarantaine à son retour - un «prix élevé», note M. Alkhatib.

Ahmad Alkhatib, sa fille Aline Alkhatib et sa femme Yasmin Al Hadithi avant la pandémie
Dr Ahmad Alkhatib/courtoisie
Ahmad Alkhatib, sa fille Aline Alkhatib et sa femme Yasmin Al Hadithi avant la pandémie

M. Alkhatib, qui passe actuellement des examens de qualification pour pratiquer la médecine au Canada, espérait que la documentation sur l’état de santé de ses parents leur permettrait d’obtenir une exemption.

«J’ai appelé les services frontaliers, j’ai appelé l’aéroport, j’ai appelé le [service d’immigration] pour leur expliquer que j’étais parti pour une situation essentielle, que rien n’aurait pu m’empêcher de m’occuper de mes parents», a expliqué Alkhatib au HuffPost Canada. «Personne n’a pris cela au sérieux.»

Alkhatib et Al Hadithi ont documenté leur voyage de retour.

«Je pense qu’il est très important de parler de ce qui se passe», a déclaré M. Alkhatib. «Et essayer de le partager avec les gens afin qu’ils puissent prendre leur propre décision.»

Le système de réservation a été l’une des parties les plus frustrantes du processus, a-t-il souligné. Alkhatib n’a pas pu se connecter au service de réservation à partir des Émirats arabes unis, il a donc dû demander à une membre de sa famille au Canada d’appeler en son nom. Elle a été en attente pendant quatre heures, a-t-il dit.

En vidéo: Ahmad Alkhatib et Yasmin Al Hadithi discutent de leurs problèmes avant leur vol de retour. (En anglais)

«Ce n’est pas disponible pour tout le monde. Imaginez que vous n’ayez pas quelqu’un à qui faire confiance au Canada et à qui donner les informations de votre carte de crédit pour effectuer la réservation», a-t-il déploré. «C’est quelque chose que je changerais.»

L’Agence de la santé publique du Canada a reconnu les longs délais d’attente. Ils ont cependant diminué récemment et certains hôtels offrent maintenant la réservation directe, a précisé la porte-parole Tammy Jarbeau. Les hôtels fixent leurs propres tarifs et le prix comprend la chambre, la nourriture, la sécurité, le transport et les mesures de prévention et de contrôle des infections.

Se basant sur des témoignages aperçus sur les médias sociaux, le couple s’inquiétait aussi des conditions de l’hôtel.

Une femme a récemment déclaré avoir payé 3 458 $ pour un séjour d’une nuit après avoir voyagé pour assister aux funérailles de son père. D’autres ont déclaré avoir été confrontés à de longues files d’attentes dans des halls bondés et à la livraison de plats froids dans leurs chambres.

L’Agence de la santé publique du Canada enquête également sur une agression sexuelle présumée sur une femme séjournant dans un hôtel de quarantaine à Dorval.

Mme Al Hadithi, une dentiste, devait rentrer chez elle pour son travail et M. Alkhatib avait un examen à venir. Ils ont apporté de la nourriture supplémentaire de Dubaï et ont commencé à filmer chaque étape du voyage.

Jusqu’à présent, ce fut une assez bonne expérience. Après avoir été testés pour la COVID-19 à leur arrivée à l’aéroport de Toronto, ils se sont enregistrés dans une grande pièce d’un hôtel voisin, où ils attendent actuellement leurs résultats.

Ils ont reçu leur nourriture à temps et, en tant que musulmans, ont pu éviter le porc. Et le personnel de l’hôtel n’a pas tardé à livrer des pansements lorsqu’Aline a été légèrement blessée en jouant avec un jouet.

Cependant, ils devront payer pour les trois nuits même si leurs résultats arrivent plus tôt, rappelle M. Alkhatib. Il y a aussi un manque d’informations sur les règles: avez-vous le droit de commander de la nourriture de l’extérieur? Pouvez-vous vous faire livrer des vêtements comme des manteaux d’hiver? Et pour fumer?

Il pense également que les voyageurs devraient être autorisés à faire de l’exercice dans la salle de sport de l’hôtel ou à avoir une sorte d’équipement dans les chambres, comme des bandes de résistance, pour soulager le stress.

Les conservateurs fédéraux demandent aux libéraux de mettre fin à leur programme de quarantaine qu’ils qualifient d’«inefficace».

«Au cours de la semaine dernière, des témoignages horribles d’agression sexuelle, de conditions dangereuses et déplorables dans les hôtels de quarantaine ont fait leur apparition», a déclaré mardi la critique de la santé Michelle Rempel Garner.

«Au lieu de ce programme raté et mal géré, nous exhortons le gouvernement à le supprimer et à le remplacer par un système plus efficace avec des tests améliorés avant et après l’arrivée pour les voyageurs internationaux, ainsi qu’avec une application plus efficace et plus sûre de la quarantaine à domicile.

Elle demande également des exemptions pour les personnes qui doivent voyager à l’étranger pour des raisons de compassion.

Les voyageurs peuvent demander une levée temporaire de la quarantaine pour des raisons humanitaires si la province ou le territoire le permet. Une personne peut être exonérée si elle s’occupe d’une personne en fin de vie ou qu’elle rend visite à une personne en fin de vie ou qu’elle assiste à des funérailles au Canada.

Trudeau a déclaré le mois dernier que la restriction était nécessaire pour empêcher les variants de se propager à partir d’autres pays.

«Nous sommes conscients que nous devons être attentifs et compatissants à l’égard des personnes qui se trouvent dans des situations extrêmement difficiles et qui ont besoin de voyager», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. «Nous n’essayons pas de punir les gens, nous essayons de protéger les gens.»

Ce texte initialement publié sur le HuffPost Canada a été traduit de l’anglais.

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