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L'héritage du registre: pas de vie sauvée, plus d'un milliard gaspillé, de l'information biaisée

Détruisons une fois pour toutes cinq mythes véhiculés par le lobby anti-armes à feu.
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Détruisons une fois pour toutes cinq mythes véhiculés par le lobby anti-armes à feu.

1 - «Le registre canadien des armes d'épaule a sauvé la vie de 300 Canadiens par année, dont 50 par homicide.»

Réalité : selon la seule étude qui s'y est attardé, l'application complète du registre coïncide avec un ralentissement dans le rythme de la diminution des homicides.

Les chiffres cités réfèrent à un mémoire publié par l'Institut national de santé publique, qui s'appuie sur le mémoire de maîtrise de Marie-Pier Gagné, étudiante d'un des coauteurs, Étienne Blais.

Plusieurs se plaisent à citer cette étude qui en conclurait, du moins le prétendent-ils, que le registre a sauvé 300 personnes annuellement depuis son instauration. Or dans le document, on apprend que les études se contredisent souvent quant aux effets des lois sur le contrôle des armes à feu. Certaines trouvent des corrélations bénéfiques, d'autres des corrélations négatives. Mais dans tous les cas, quand un effet est observé, il est minime.

L'auteure de ce mémoire, bien que manifestement défenderesse d'un contrôle toujours plus grand, en conclut que la loi C-68 sur les armes à feu, adoptée en 1995 et appliquée progressivement à partir de 1998, aurait eu un effet bénéfique sur le taux d'homicides et de suicides commis à l'aide d'une arme à feu. De là les 300 vies supposément sauvées. Mais à la page 93, elle reconnaît d'emblée que :

«Bien que la loi C-68 soit efficace, nos résultats ne permettent pas de prendre position par rapport à l'efficacité du registre universel des armes à feu.»

Voilà leur «preuve» que le registre a sauvé 300 personnes par année !

Et l'auteure a raison de faire cette précision : ce mémoire a été produit en 2008, alors que les données disponibles les plus récentes remontaient à 2004. Or, le registre a été implanté graduellement, et ce n'est qu'à partir de 2002 qu'une majorité d'armes longues en territoire canadien étaient enregistrée.

Par contre, le docteur Cailling Langmann a étudié en 2011 les données de Statistique Canada sur les homicides et les suicides entre 1974 et 2008 et n'a trouvé aucune corrélation bénéfique liée à l'enregistrement des armes d'épaule. Il a recherché tant des corrélations immédiates que des corrélations différées dans le temps. La seule corrélation significative qu'il a trouvée amène à se questionner quant à un possible effet pervers lié au registre, bien que l'auteur de l'étude n'ose pas spéculer sur cette question.

On peut trouver le détail de cette étude sur le site de l'Association canadienne pour les armes à feu. À noter que le docteur Langmann n'a pas reçu d'argent pour conduire ses travaux. Il s'agit d'une étude indépendante qui a été publiée dans le Journal of Interpersonnal Violence, et elle est la seule du genre à avoir été soumise à la révision par les pairs.

2 - «Le registre a coûté à peine 200 millions, et non pas un milliard.»

Réalité : le registre a coûté au-delà d'un milliard, selon le rapport de 2002 du Vérificateur général.

Madame Sheila Fraser a noté que le coût du Programme canadien des armes à feu allait dépasser le milliard en 2006, et a consacré une partie de son rapport à expliquer les entraves du ministère à rendre des comptes et l'omission de déclarer les coûts liés à la conception, à l'implantation et au fonctionnement du registre. Non seulement elle a noté que le prix a dépassé le milliard, mais tous les coûts n'ont pas été déclarés.

3 - «Le registre a permis de sauver de l'argent à cause des vies qu'il a sauvées. Chaque homicide coûte 1,4 million de dollars et chaque suicide coûte 850 000 $.»

Réalité : le calcul des coûts épargnés «grâce au registre» est basé sur une prémisse de base qui est fausse, à l'effet que la diminution des décès par armes à feu serait attribuable au registre. Or, contrairement à ce que le lobby anti-armes martèle, le registre n'y est pour rien.

4 - «Les opposants au registre sont en fait opposés à tout contrôle des armes à feu.»

Réalité : l'opposition au registre est une mobilisation citoyenne. Il s'agit surtout de chasseurs, mais plusieurs personnes ne possédant pas d'armes à feu et ne souhaitant pas s'en procurer appuient la lutte contre le registre et participent aux manifestations. Ces personnes déplorent l'ajout de contrôles et de dépenses inutiles.

5 - «Les opposants au registre font de la désinformation. »

Réalité : le Conseil de presse vient d'émettre un blâme pour des erreurs récurrentes dans la couverture de l'abolition du registre des armes d'épaule. La désinformation vient plutôt du lobby anti-armes et de la complaisance de plusieurs journalistes.

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Mai 2017

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