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Port du masque: quelles conditions de santé justifient une exemption médicale?

Finalement, la liste est assez restreinte.
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MISE À JOUR 23/07/2020: Québec a allongé la liste des conditions médicales pouvant justifier une exemption au port du couvre-visage. Les problèmes de santé cardio-respiratoires n’y figurent toutefois plus.

Alors que le port du masque deviendra obligatoire dans tous les lieux publics fermés du Québec samedi, certains invoquent - sincèrement ou frauduleusement - des raisons médicales pour se soustraire à la nouvelle mesure. Mais quelles conditions de santé sont vraiment incompatibles avec le port du masque?

«Il y a peu de situations qui sont reconnues comme étant problématiques pour porter un masque ou un couvre-visage», affirme Dre Chantal Sauvageau, médecin-conseil à l’Institut national de Santé publique du Québec (INSPQ).

La mesure qui entre en vigueur samedi exclut les enfants de moins de 12 ans et les personnes qui sont incapables de retirer leur masque sans l’aide d’une autre personne. Cela inclut des personnes vivant avec un handicap physique ou une déficience intellectuelle, illustre Dre Sauvageau.

«Par contre, même pour les personnes qui ont des problématiques pulmonaires comme de l’asthme ou de l’emphysème, il est recommandé de porter un masque», ajoute-t-elle.

Les personnes qui ont besoin de recevoir de l'oxygène à la maison pourraient ne pas être en mesure de porter un masque puisque les lunettes nasales ne sont pas compatibles avec le port du masque.
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Les personnes qui ont besoin de recevoir de l'oxygène à la maison pourraient ne pas être en mesure de porter un masque puisque les lunettes nasales ne sont pas compatibles avec le port du masque.

Lors de l’annonce de l’imposition du port du masque dans les lieux publics fermés, le directeur national de la santé publique du Québec, Dr Horacio Arruda, a brièvement évoqué des «problèmes cardiaques ou respiratoires» qui pourraient rendre le port du masque facultatif pour des personnes d’un «certain âge».

Jointe par courriel par le HuffPost Québec pour des précisions, une porte-parole du ministère de la santé avait indiqué le 16 juillet qu’il n’existait pour l’instant aucune liste exhaustive des conditions médicales justifiant l’exemption du port du masque.

Marie-Louise Harvey avait toutefois indiqué que les personnes qui souffrent de «graves problèmes de santé cardio-respiratoire» qui provoquent de l’essouflement «avec peu d’effort» feraient partie des personnes exemptées.

Or, dans une missive envoyée au réseau de la santé le 20 juillet et relayée au HuffPost par Mme Harvey, le Dr Arruda fait volte-face.

«Nous tenons à affirmer que les personnes souffrant d’une condition chronique,
incluant les maladies cardiovasculaires et les maladies pulmonaires figurent parmi celles pour lesquelles les bénéfices du port du masque ou du couvre-visage sont les plus élevés», écrit-il.

«Pour cette raison, il n’est pas recommandé d’accorder une exemption de porter le masque ou le couvre-visage à ces personnes en l’absence d’une autre condition qui le justifierait.»

La lettre du Dr Arruda mentionne toutefois d’autres exemples de conditions de santé pouvant justifier une exemption au port obligatoire du couvre-visage:

  • Les personnes qui présentent une déformation faciale;
  • Les personnes qui en raison d’un trouble cognitif, une déficience intellectuelle, un trouble du spectre de l’autisme, un problème de toxicomanie et les personnes avec un problème de santé mentale sévère qui ne sont pas en mesure de comprendre l’obligation du port du masque ou encore que le port du masque ou du couvre-visage entraîne une désorganisation ou une détresse significative chez eux;
  • Les personnes qui présentent une affection cutanée sévère au niveau du visage ou des oreilles qui sont aggravées significativement en raison du port du masque ou du couvre-visage.

Une protection supplémentaire

La Société canadienne de thoracologie (SCT) a récemment affirmé qu’il n’existe «aucune preuve que le port d’un masque ou d’une couverture faciale entraîne une poussée (exacerbation) d’une affection pulmonaire sous-jacente». Elle estime même que le port du masque constitue une «protection supplémentaire» pour les personnes atteintes d’une maladie pulmonaire sous-jacente.

Dans sa recommandation officielle sur le port du masque par le public, la Société concède néanmoins que «respirer à travers un masque demande plus d’effort», ce qui peut cause «une impression de manquer de souffle». Les spécialistes jugent que les personnes qui ne réussissent pas à trouver, en collaboration avec un professionnel de la santé, des stratégies pour tolérer le masque devraient s’abstenir autant que possible de visiter des endroits où la distanciation physique n’est pas possible.

Dre Sauvageau rappelle par ailleurs que la plupart des personnes qui souffrent de graves problèmes respiratoires évitent généralement déjà les endroits publics fermés, puisqu’ils sont à risque de complications graves s’ils contractent la COVID-19.

Trouver le bon masque

Tous les masques ne sont pas créés égaux et trouver le bon pourrait régler bien des problèmes, estime Dre Sauvageau.

Le type de matériel dont est fait le couvre-visage et son ajustement peuvent faire une grande différence dans le confort respiratoire de la personne qui le porte. «Parfois, il faut en essayer plusieurs», dit-elle.

Les personnes souffrant d’une vulnérabilité pulmonaire devraient par ailleurs privilégier un masque de procédure ou un masque fait maison qui a des caractéristiques de filtration semblables à celles d’un masque de grade médical. Le masque contribuera ainsi à les protéger de la COVID-19, en plus de protéger les autres de leurs propres gouttelettes respiratoires.

L’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité au travail a publié les résultats de ses tests de pulvérisation, de filtration et de respirabilité de plusieurs matériaux utilisés pour concevoir des masques et des filtres amovibles.

Des inquiétudes légitimes

Même si le port du masque ne représente pas de danger pour la très grande majorité de la population, ça ne veut pas dire que toutes les personnes qui invoquent une exemption médicale le font avec malice.

Certaines personnes souffrant d’anxiété rapportent par exemple des symptômes exacerbés par le port du masque, allant jusqu’à la crise de panique.

«Il ne faut pas balayer ça du revers de la main», soutient Dre Sauvageau. «Mais il faut aller chercher de l’aide pour identifier un bon masque qu’on va être en mesure de tolérer pour de courts moments quand on n’a pas le choix d’en porter un.»

“Si vraiment on a un inconfort à porter un masque au point où on est pas capable de bien respirer, ce n’est pas supposé.”

- Dre Chantal Sauvageau, médecin-conseil à l'INSPQ

Elle ajoute que les personnes qui éprouvent véritablement de la difficulté à respirer avec un masque pourraient avoir intérêt à consulter un professionnel de la santé.

«Si vraiment on a un inconfort à porter un masque au point où on n’est pas capable de bien respirer, ce n’est pas supposé», dit-elle. «On peut consulter pour s’assurer qu’il n’y a pas une condition qui mérite un traitement.»

Des sentiments d’anxiété importants causés par le port d’un couvre-visage, par exemple, devraient susciter une discussion avec un professionnel de la santé à propos de notre santé mentale.

Dre Sauvageau donne aussi l’exemple d’un collègue dont le patient rapportait des difficultés importantes à respirer avec un masque. «Il avait finalement un problème d’angine instable qui a été traité et après il a été capable de porter le masque sans difficulté.»

Les personnes qui déclarent que leur condition médicale les empêchent de porter un masque n’auront pas à présenter de preuve pour être exemptées.

“Les signes de ces conditions étant physique, la personne n’aura qu’à déclarer que sa condition médicale l’empêche de porter un masque.”

- Marie-Louise Harvey, porte-parole du MSSS

Un certain flou persiste toutefois autour de la façon dont ces déclarations devront être traitées par les commerçants, qui ont le devoir de faire appliquer la règle.

Si la porte-parole du MSSS Marie-Louise Harvey affirme que «ce n’est pas aux commerçants de déterminer si l’exemption est légitime ou non», elle ajoute que les signes des conditions médicales justifiant l’exemption sont «physiques».

Le ministère demande donc la collaboration de la population pour faire respecter «cette obligation importante».

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