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Et si demain, tous les Canadiens étaient bilingues?

Cela peut paraître utopique, mais sous peu, nous avons la conviction que la communication ne sera plus limitée par des barrières linguistiques.
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Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, de nombreux philosophes ont remis en question les limites de la pensée rationnelle. D'autres, plus optimistes se sont plutôt penchés sur des pistes de solutions afin que jamais, l'horreur ne se répète. C'est notamment le cas du célèbre philosophe allemand Jürgen Habermas qui, à travers des théories telles que celle de l'Agir communicationnel, a réfléchi à une éthique de la discussion qui jetterait les bases pour une communication constructive et universelle. Déjà à l'époque, la perspective d'une communication réussie s'avérait une avenue prometteuse pour contribuer à la résolution de conflits et au maintien de la paix.

Aujourd'hui, les développements en matière d'intelligence artificielle nous permettent de pousser le rêve un peu plus loin et de concevoir des sociétés où les citoyens du monde pourraient apprendre une langue en quelques semaines tout en ayant les moyens de préserver leurs cultures et leurs coutumes. Pensez à l'effet d'un tel projet sur les relations entre les nations!

Le Canada, bien qu'étant officiellement bilingue compte plus de 200 langues parlées comme langue d'origine, ce qui en fait l'un des pays les plus linguistiquement diversifiés de la planète.

Le Canada, bien qu'étant officiellement bilingue compte plus de 200 langues parlées comme langue d'origine, ce qui en fait l'un des pays les plus linguistiquement diversifiés de la planète. Toutefois, malgré la volonté politique de préserver le bilinguisme dans les institutions du pays, seulement 18 % de la population canadienne est, dans les faits, parfaitement bilingue. Le potentiel en matière de transfert des connaissances est pourtant énorme. Imaginez si nous vivions dans un pays où tous les habitants parlaient parfaitement le français et l'anglais, si les entreprises du Canada anglais ouvraient leurs portes aux francophones (et vice-versa), et si nous avions les outils pour préserver et enseigner les langues autochtones. L'ensemble de nos connaissances en serait décuplé!

Cela semble utopique, mais cette éventualité est toutefois plus proche que nous le pensons. Déjà dans les années 1950, des chercheurs se penchaient déjà sur le sujet et parvenaient à réaliser automatiquement des traductions complètes du russe vers l'anglais. Récemment, Google a annoncé le lancement des Pixels Buds, des écouteurs sans fil qui permettent d'entendre la traduction d'une conversation en temps réel. Du côté de Microsoft, le Skype Translator traduit et retranscrit en temps réel dans dix langues à l'oral et une cinquantaine à l'écrit.

Toutefois, au-delà de la simple traduction, le défi se trouve ailleurs. Si des outils comme Google Translate présentent déjà d'excellents résultats, il faut se rappeler qu'on ne réfléchit pas de la même façon en français ou en anglais, et encore moins dans des langues tels que l'indonésien, qui ne marque pas le temps verbal mais qui utilise « l'aspect », un auxiliaire qui situe l'action dans le temps. Au-delà de la langue, il y a donc tous les systèmes cognitifs à prendre en considération. Nous croyons qu'au-delà des outils de traduction, l'intelligence artificielle doit servir à l'apprentissage profond des langues.

Déjà, des méthodes d'enseignement en ligne utilisent l'intelligence artificielle dans le but d'adapter les leçons, les avancées réalisées et la motivation en vue de personnaliser les expériences d'apprentissage des langues, permettant ainsi de progresser plus rapidement. La signature du partenariat entre mon entreprise, l'Université de Montréal et l'Institut québécois d'intelligence artificielle (MILA) le 16 mars dernier, fait de Montréal un futur théâtre de l'intelligence artificielle des langues. Et si demain, tous les Canadiens étaient bilingues? Cela peut paraître utopique, mais sous peu, nous avons la conviction que la communication ne sera plus limitée par des barrières linguistiques. À l'heure où certains construisent des murs, à notre façon, nous contribuons à les démanteler.

Avril 2018

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