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Ces patineurs olympiens en charge de la police

Ce sont des politiciens menteurs, veules, accrochés à la bannière qu'ils supportent.
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C'est sans surprise que j'ai écouté nos différents directeurs de police dans l'affaire des journalistes sous écoute. Nous avons eu droit à des «je ne le savais pas», «les journaux me l'ont appris», «je ne l'aurais jamais autorisé», «il est possible qu'il y en ait eu», «je fais vérifier».

Puis nous avons entendu des «ce n'est pas de l'écoute à proprement dit», «nos policiers ont un devoir de réserve», «on ne s'est pas servi des numéros», «on ne croit pas avoir utilisé les informations».

Et, ultimement, un ou deux cadres seront sacrifiés pour l'image.

Nos directeurs de police, nommés par l'État, par l'État dans l'État, par les amis de l'État, sont redevables à leurs patrons. Ils ont cessé d'être des policiers pour devenir des politiciens. La sacro-sainte confidentialité, si loin de la transparence, fait que tout ce qui doit être secret reste secret, même si cela cache un laid secret.

Quand un maire appelle le directeur en tant que «citoyen», j'imagine qu'il ne reçoit aucune écoute. Faites l'expérience, appelez le directeur de police juste pour voir s'il vous répond. Même l'ex-directeur Marc Parent était dans ses petits souliers en répondant aux questions sur cette affaire. Il fallait trouver la source, tout comme dans l'affaire Davidson. Bien oui, l'image.

Ce sont des politiciens menteurs, veules, accrochés à la bannière qu'ils supportent.

Sans les sources internes, comment aurions-nous su pour Ian Davidson? Car un homme arrêté pour un crime si grave en octobre n'avait toujours pas été accusé en décembre... Désolé, si ce n'est pas du cover up, ça y ressemble à s'y méprendre. Vous croyez que le Service de police de la Ville de Montréal aurait parlé? Comment avons-nous su qu'il y avait un autre ex-policier du SPVM arrêté en même temps que Davidson? Je n'ai pas entendu de directeurs ou de cadres en parler.

Sans les sources internes, comment aurions-nous su pour tous ces officiers supérieurs amis de Luigi Coretti? Pour l'enquête sur Philippe Paul, sur Costa Labos ou sur la mallette du commandant Patrice Vilceus?

À partir du moment où le public reçoit l'information, la machine à «gestion de crise» se met en branle et les phrases toutes faites font leur apparition: «Nous venons d'apprendre», «c'est possible», «c'est sous enquête, nous vous tiendrons au courant».

Dès lors, des enquêteurs des affaires internes partent en chasse. Ils fouillent, menacent, écrivent de façon créative des rapports ou des mandats. Ils ne cherchent pas des criminels, ils cherchent des informateurs. La mission est de faire taire.

Désolé, en 32 années de travail, j'ai, malheureusement pour mes patrons, toujours parlé ouvertement aux journalistes. En 1987, sur une page du Journal de Montréal, je parlais des gangs de rue. Quelle tempête au département, mes patrons me semoncèrent sévèrement. «On ne parle pas aux journalistes». Les gangs de rue n'existaient pas à Montréal. En 1998, lors d'une émission de J. E., j'ai tout simplement dit que nous étions deux à travailler le hacking à Montréal. Je fus immédiatement convoqué par mon commandant et menacé de suspension. Pendant ce temps, un autre commandant est passé à la télé pour rassurer la population: «Nous avons des dizaines d'enquêteurs qui font ce travail.» Quel beau mensonge rassurant.

Cette culture du secret et du mensonge pieux n'est pas nouvelle, mais cette fois-ci, elle atteint des sommets inégalés. Ce n'est pas une surprise en soi.

Le département de police - je parle ici des cadres - fait comme il voit et ce qu'il voit. Ce sont des politiciens menteurs, veules, accrochés à la bannière qu'ils supportent. La culture du secret devient, pour tous ceux qui tentent de protéger l'image, l'essence même de leur fonction. En cela, ils observent une des lois de Parkinson qui demande aux cadres de protéger le directorat et de frapper ceux qui, au bas de l'échelle, pourraient causer un certain tort à l'image et, par conséquent, aux cadres en place.

La beauté de la chose: quand ces cadres sont dans la gadoue, la direction leur trouve une tablette pour service rendu. Au SPVM, un tas de menuisiers s'affairent à solidifier les tablettes. Il y a tout un tas de bois mort attendant une retraite ou un poste ailleurs. Si vous pensez qu'à la SQ, ce n'est pas pareil, enlevez vos lunettes roses.

Il nous faut le constater, en politique comme dans la police, au niveau des cadres, c'est strictement de la politique, et la politique, ça sent parfois mauvais.

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Mai 2017

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