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Un «budget de l'environnement» qui rate sa cible, dénoncent les critiques

Un budget «d'écoblanchiment comptable», qui n'est «pas vert» et qui jette «de la poudre aux yeux», ont notamment déploré les partis d'opposition.

Alors que le gouvernement Legault avait promis un budget axé sur l’environnement, plusieurs écologistes ont été déçus par le document déposé par le ministre des Finances Éric Girard, mardi.

«Je vais être claire: ceci n’est pas un budget vert. En fait c’est un budget d’écoblanchiment comptable», a estimé la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé.

Une critique à laquelle ont fait écho tous les partis d’opposition et plusieurs groupes écologistes.

«Bien qu’il dispose d’importants surplus année après année, le gouvernement choisit de ne pas agir de façon concrète pour l’environnement», a déploré par voie de communiqué l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

«Les nouvelles sommes en environnement vont au programme ‘Roulez vert’, qui existait déjà et dont les résultats sont limités. Rien n’est fait pour limiter les émissions des grandes industries, et aucune somme n’est prévue pour des nouveaux projets ambitieux. Ça augure mal pour le Plan d’économie verte qui sera dévoilé d’ici la fin du mois», estime la chercheuse de l’IRIS Eve-Lyne Couturier.

L’ancien ministre libéral des Finances, Carlos Leitao a qualifié les engagements environnementaux de «poudre aux yeux», puisque 4,1 des 6,7 milliards $ qui doivent être dépensés au cours des six prochaines années proviendront du Fonds vert. Celui-ci porte désormais le nom de Fonds
d’électrification et de changements climatiques.

Le responsable de Québec solidaire en matière de justice fiscale et de services publics, Vincent Marissal, note que le budget n’offre qu’en moyenne 350 millions $ par année d’argent neuf en matière de lutte contre les changements climatiques.

«Je trouve ça extrêmement décevant», a laissé tombé M. Leitao.

Plusieurs critiques ont par ailleurs noté que le plus gros des dépenses en environnement sont prévues pour 2021-2022, année d’élections, et que le budget comporte peu de détails sur la façon dont les sommes promises seront dépensées, alors que la crise climatique nécessite des investissements immédiats.

Du côté de Greenpeace, Patrick Bonin estime aussi que le budget Girard est trop timide.

«Ce budget présente des investissements supplémentaires en transport collectif et dans la lutte contre les changements climatiques, mais c’est loin d’être à la hauteur de ce qui est requis, de la structuration et du virage drastique économique qu’on doit faire dans tous les secteurs», a-t-il argué.

Moins critique, l’organisme Équiterre a qualifié le budget de «première pièce d’un casse-tête pour la mise en place d’une véritable politique climatique au Québec». Il déplore toutefois que «les investissements prévus dans le réseau routier demeurent deux fois plus élevés que ceux dédiés au transport collectif».

De son côté, l’Union des municipalités du Québec s’est montrée satisfaite, estimant que le budget Girard s’attaque au défi des changements climatiques. Dans un communiqué, elle a salué les investissements alloués au transports collectif et à la mobilité.

La CSN a elle aussi salué «la prise de conscience du gouvernement du Québec de l’importance d’allouer des ressources financières importantes à la décarbonisation de l’économie du Québec», tout en se montrant critique du reste du document.

Les grandes lignes

Le budget prévoit que les efforts seront essentiellement déployés du côté des transports, des industries, du secteur résidentiel ainsi que des secteurs qui ne sont pas couverts par le système de plafonnement et d’échanges des GES, mieux connu sous son surnom de bourse du carbone.

On ajoutera également 15,8 milliards $ dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) pour une vingtaine de projets, dont plusieurs en sont encore au stade de l’étude. On évoque des projets de transport collectif à Québec, Montréal, Laval, Longueuil ainsi qu’ailleurs en Montérégie.

Le gouvernement Legault continuera à miser sur le programme “Roulez vert” pour stimuler l’achat de véhicules électriques. La mesure offre jusqu’à 8000 $ lors de l’acquisition d’un véhicule neuf et 4000 $ pour une voiture d’occasion.

Droit de polluer

Le secteur industriel aura également droit à un coup de pouce de 1,1 milliard de dollars pour réduire ses émissions de GES.

Essentiellement, pour le moment, le budget prévoit que l’argent sera distribué par l’entremise du programme ”ÉcoPerformance”, qui finance entre autres des projets de conversion et d’amélioration de l’efficacité énergétique en entreprise.

Les dépenses s’accéléreront à compter de la prochaine année financière, où elles devraient s’établir à environ 174 millions $.

Par ailleurs, de grandes entreprises pourront obtenir gratuitement des droits d’émissions - un droit de polluer - afin de leur ”éviter un coût trop important”, ce qui, selon Québec, pourrait mener à des délocalisations vers des régions où les “pratiques environnementales sont moins exigeantes”.

Le reste de l’enveloppe sera distribué du côté des bâtiments, où un montant de 310 millions $ sera alloué, soit 175 millions $ pour le secteur résidentiel et 134,5 millions $ pour le secteur commercial et institutionnel.

On veut surtout réduire la consommation d’énergies fossiles au profit de l’électrification et améliorer l’efficacité énergétique.

Pour faciliter “l’adaptation aux changements climatiques ainsi que le développement de l’expertise et des connaissances du Québec à leur égard”, près de 770 millions $ sont également prévus d’ici le 31 mars 2026.

Le budget a également mis de côté 472 millions $ pour des mesures supplémentaires, qui font passer l’enveloppe de la politique-cadre à 6,9 milliards $.

Avec La Presse canadienne

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