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Fabuleuse, naturelle et ambitieuse Noémie O’Farrell

«Ce que je montre sur les réseaux sociaux, ce n’est pas ma vraie vie privée...»
Éva Maude via Instagram/noemieofarrell

Elle tient le rôle de Laurie, jeune femme ambitieuse à la conscience prise entre le succès obtenu par le travail acharné et celui atteint par la popularité sur les réseaux sociaux, dans le film Fabuleuses. Elle monte sur les planches, notamment dans la pièce acclamée Off-Broadway Les Louves. On la retrouve à la télé dans le rôle de Roxane dans L’heure bleue. Noémie O’Farrell est une touche-à-tout qui écrit, produit et se passionne pour la mode (vintage, la comédienne s’étant promis de ne rien acheter de neuf avant longtemps). Rencontre avec une artiste bien de son temps qui trouve son équilibre dans la somme de tous ces projets nourrissant son métier d’actrice.

Le jeu des réseaux sociaux et le retour de L’heure bleue

Le rapport aux réseaux sociaux de la comédienne est plutôt simple : elle utilise principalement Instagram pour faire rire ses amis (et si ça fait aussi rire ses abonnés, tant mieux). Elle explique aussi essayer de plus en plus de s’y montrer vulnérable et imparfaite.

«La télé, les médias, tout est fait pour que les acteurs aient l’air en contrôle et flawless, dit-elle. Bien sûr que les gens avertis savent que ce n’est pas vrai, mais je trouve que j’ai une responsabilité de montrer qu’il y a des jours où mes amis me disent que je ne suis pas à mon meilleur.»

«Ce sont les mouvements humains, poursuit-elle. Parfois, on est au top, et parfois on est vraiment down. Il y a au moins cela qui nous rend égaux; on a tous nos hauts et nos bas. J’utilise cette plateforme pour montrer cela.»

Féministe depuis toujours, entourée de beaux modèles de femmes fortes, indépendantes et libres (sa mère, sa grand-mère), elle confie avoir envie de soutenir et de tracer un chemin en ce sens pour les femmes et les jeunes filles.

Quant à l’amitié - surtout entre femmes - de plus en plus mise de l’avant sur les réseaux sociaux, elle affirme la vivre à sa façon et de façon plus discrète. «Il y a quelque chose dans cette façon de médiatiser et de capitaliser sur l’amitié qui m’intéresse moins, pour être parfaitement honnête. En même temps, c’est bien que ce soit ce genre de message qu’on propage et pas d’autres. Parce que le web, c’est vraiment de la propagande. C’est comme mettre un panneau sur l’autoroute et plus encore. Je suis moins là-dedans, mais je trouve que c’est beau d’envoyer ces messages-là. Il ne faut juste pas nier qu’il existe de la compétition entre les femmes malgré tout, de la comparaison et des rapports de force.»

Choisir de se tenir entre femmes malgré cette compétition est d’ailleurs l’un des inspirants volets faisant la force de Fabuleuses, selon la comédienne que l’on retrouve également cet automne dans le rôle de Roxane dans la série L’heure bleue.


Noémie la Fabuleuse

Avec son film Fabuleuses, Mélanie Charbonneau a eu envie de parler d’ambition et d’amitié à l’ère des médias sociaux. De l’image aussi - dans un monde qui est guidé par celle-ci -, de l’archivage et de l’empire des médias. C’est ce que croit Noémie O’Farrell, qui prête ses traits et sa chevelure de feu au personnage de Laurie.

«Pour moi, c’est un film qui met en scène trois jeunes filles différentes vivant à notre époque, ainsi que la façon dont elles assouvissent leurs ambitions à travers ces nouvelles contraintes, explique la comédienne. C’est une comédie de situation où l’on rit de nous et non des gens, qui jette un regard moqueur sur comment certaines personnes choisissent d’aborder ces nouvelles données-là (les réseaux sociaux). La force du film est selon moi le regard bienveillant porté sur notre génération. Il est bien acide et bien frontal, mais bienveillant et jamais cynique.»

Si elle a décroché le rôle de Laurie, une jeune femme ambitieuse, intelligente et débrouillarde confrontée à la réalité de ne pas être assez connue pour obtenir le poste de ses rêves dans un magazine numérique, la comédienne affirme porter en elle des fragments de chacun des trois personnages principaux du film.

«À l’instar de Laurie, j’ai de l’appétit, je suis ambitieuse et j’ai un besoin de m’accomplir. Comme actrice, j’ai aussi un besoin d’être vue et reconnue, comme c’est le cas pour Clara. Puis, j’ai eu une époque où j’étais assez rebelle et volontaire, comme l’est Élizabeth», explique celle qui dit ne pas avoir, personnellement, de démarche intéressée ni de stratégie dans sa propre gestion des réseaux sociaux.

Sur le plateau de Fabuleuses, après de nombreuses répétitions en amont du tournage et des lectures de diverses versions du scénario (qu’elle qualifie de «béton»), beaucoup d’espace a été donné à l’improvisation. Cela a fait naître des répliques allant chercher «une sorte de naturel absolu, des zones et des moments de réelle complicité».

Le fait d’être elle-même entourée d’amies provenant de tous les horizons permet de rendre crédible son personnage ayant à la fois une amie reine des réseaux sociaux et une autre un peu punk et féministe. «Je suis à la rencontre des gens, comme Laurie, mais je n’ai pas son côté coucou», ajoute en riant la comédienne de 31 ans.

Avec ce personnage sont venues des scènes de nudité et de maillots de bain très réalistes et parfois loufoques (dont la fameuse scène du tampon). Des scènes montrant de vraies femmes dont le but n’était pas d’érotiser le corps, mais plutôt de montrer celui-ci dans son naturel et sa vulnérabilité.

«J’ai mis ma pudeur de côté - car je suis une fille qui est quand même pudique -, car ça servait le personnage et l’histoire, confie celle qui a même improvisé un moment où son personnage se touche de façon intime alors qu’on la voit longuement vêtue d’une simple petite culotte. Nous n’étions pas dans de la romance où tout est parfait. On montrait une vraie femme. Cela dit, j’ai quand même eu une petite pensée pour ma grand-mère de 88 ans qui allait voir le film…»

L’heure bleue est diffusée le mardi 20h, sur les ondes de TVA.

On peut voir Noémie O’Farrell sur les planches de l’Espace Go dans la comédie noire Les Louves, jusqu’au 6 octobre.

La pièce Tout passera - coécrite avec Frédéric Lemay et Alice Moreault et réunissant le trio sur scène - sera présentée au Théâtre Prospero en mars 2020.

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