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Émilie Bierre: l’actrice derrière la petite fille sage

L’adolescente a commencé sa carrière il y a déjà dix ans, à peu près en même temps qu’elle entrait à la maternelle...
On verra bientôt Émilie Bierre dans le film Les nôtres. Un film «troublant», selon la jeune actrice.
Andréanne Gauthier
On verra bientôt Émilie Bierre dans le film Les nôtres. Un film «troublant», selon la jeune actrice.

Sa petite bette nous a été révélée quand elle avait huit ans, dans Les beaux malaises. Après avoir vieilli (un peu) à l’écran, elle a décroché un rôle qui lui a valu une panoplie de prix, dans le film Une colonie, une aventure galvanisante de laquelle elle émerge à peine. Alors qu’Émilie Bierre célèbre tout bonnement ses dix ans de carrière, à 15 ans, le HuffPost Québec a rencontré la comédienne pour qui l’année 2020 est déjà bien remplie.

Émilie Bierre a 15 ans, mais quand on l’écoute parler, on a l’impression qu’elle en a déjà 20. Quand nous arrivons dans le petit café exigu pour notre entrevue, elle nous attend sagement. Sa mère l’accompagne, mais elle l’attend plus loin, sachant très bien qu’elle n’a pas besoin de surveiller ce que son adolescente dira… Un peu timide au départ, Émilie Bierre se lance dans la conversation sans gêne, énumérant les multiples projets auxquels elle a adoré participer au cours des derniers mois.

Mannequin à 4 ans et demi

En même temps, ce n’est pas trop étonnant, venant de celle qui a commencé sa carrière dans le show business à peu près en même temps que la maternelle. Déjà, du haut de ses quatre ans et demi, elle était décidée: elle voulait être mannequin pour Souris Mini, une marque de vêtements qu’elle adorait (elle a d’ailleurs été modèle un peu trop longtemps pour la marque... au point où on devait couper les vêtements pour les ajuster sur elle pendant les séances photos!).

Elle a dû convaincre ses parents, avoue-t-elle, qui ne connaissaient pas grand-chose «au milieu», et qui en avaient un peu peur. La petite Milie (comme elle se surnomme elle-même) est donc devenue mannequin et a fait plusieurs shootings pour des publicités et des couvertures de magazines. Puis, un jour, pendant une de ces séances, quelqu’un a suggéré à ses parents de lui trouver une agence, qu’elle serait bonne sur des plateaux de tournage.

«On ne savait pas trop dans quoi on se lançait, mais mes parents m’ont vraiment bien protégée, raconte l’adolescente. En même temps, ils m’ont permis de bien me lancer là-dedans. Et j’ai eu mon premier rôle dans un film (Dans la voix de l’ombre) à cinq ans, ç’a été assez vite.»

Autant dire qu’elle était une naturelle, la petite Milie.

«C’était un rôle d’enfant battu, ce n’était pas super joyeux, se rappelle-t-elle. Mais moi, j’aimais ça, jouer des choses différentes, je rentrais dans les personnages vraiment rapidement. Quand je suis rentrée en salle d’audition, j’étais comme la petite fille sage avec un sourire... Et après, il fallait que je me mette à pleurer. Je n’avais pas de difficulté à le faire, et ç’a comme bouleversé les gens en casting...»

Assez rapidement est venu un deuxième film, Catimini, dans lequel elle a obtenu un rôle principal.

«Ce projet-là a tout changé. Parce que ce n’était plus juste un jeu, c’était quelque chose qui m’intéressait et que je voulais explorer» explique-t-elle, sérieusement.

«Après ça, il y a eu Mémoires vives, et Les beaux malaises un peu plus tard, ajoute-t-elle. Mais tout s’est enchaîné, et moi, dans ma tête, c’était juste normal de grandir là-dedans. Les plateaux de tournage, ça fait partie de moi, complètement. Je ne me vois pas ne plus faire ça un jour.»

C’est avec la série humoristique écrite par Martin Matte que la petite blondinette nous a été pleinement révélée. Un rôle qu’elle a décroché à huit ans, et qui s’est avéré déterminant.

«Catimini m’a donné la passion concrète et le goût de vraiment vouloir en faire plus, et Les beaux malaises m’a permis de me faire connaître. Mon nom a commencé à se faire plus entendre dans les salles de casting. Ça m’a aidée à avoir d’autres auditions et à décrocher d’autres rôles. Ça m’a propulsée encore plus.»

L’adolescente, qui a de très bons souvenirs de tournage de cette série, est très excitée à l’idée de retrouver ses camarades pour une quatrième saison prochainement, comme l’a annoncé Martin Matte en décembre dernier.

«On était dans de la ouate sur ce plateau-là, c’était tellement cool!» se rappelle-t-elle.

«Ça m’a beaucoup appris, et ça m’a fait voir autre chose aussi, parce que j’avais beaucoup joué dans du drame, jusque-là, continue-t-elle. Ça m’a fait sortir complètement de ça, et j’ai aimé ça: faire choquer Martin et être baveuse! Même que des fois, je ramenais ça un peu à la maison, et ma mère me disait: “non, ça c’est Florence, ce n’est pas Émilie, fais la différence entre les deux!”»

Des séries et des films dramatiques

C’est d’ailleurs un peu le même scénario qui se répète pour la comédienne. Elle émerge en ce moment d’une série d’oeuvres plus dramatiques et lourdes, avec en tête Une colonie, le magnifique film de Geneviève Dulude-De Celles dans lequel elle campait le rôle principale d’une jeune pré-ado ayant du mal à apprivoiser son passage vers l’adolescence. Ce long métrage, qui lui a valu de multiples prix – notamment l’Iris de la révélation de l’année, au dernier gala Québec cinéma – a beaucoup fait voyager Émilie Bierre.

«Ça m’a vraiment fait avancer, autant en temps que personne qu’en tant qu’actrice. J’ai énormément appris. De voir que peu importe où on allait dans le monde, on recevait d’aussi beaux commentaires, et autant de reconnaissance du public, c’était juste... On n’a pas compris ce qui s’est passé», raconte-t-elle, encore incrédule.

En février, lors de l’ouverture des Rendez-vous Québec Cinéma, on la découvrira dans le rôle de Magalie, dans le film Les nôtres, de Jeanne Leblanc. Son personnage porte un terrible secret, qui sera lourd de conséquences quand les habitants de son village le découvriront…

«Ce film-là, il est troublant, il va choquer les gens, croit la comédienne. Moi, je l’ai vu début décembre, et... J’ai joué dans le film, je suis le rôle principal, je connais le scénario par coeur, et ça m’a mise à l’envers pareil! C’est vraiment bouleversant.»

On verra aussi bientôt l’adolescente dans la série Mon fils, diffusée sur Club illico au printemps, dans laquelle elle interprétera la soeur d’un jeune homme souffrant de schizophrénie.

Renouer avec son talent comique

Le guide de la famille parfaite, un film écrit par Louis Morissette et réalisé par Ricardo Trogi (le tandem qui nous avait offert Le mirage), qui sortira l’été prochain, a donc été pour la jeune actrice l’occasion de renouer avec son talent comique.

«Le scénario est très drôle, mais aussi très touchant. C’était du bonbon, jouer ça. La gang d’acteurs aussi. On avait tellement de fun... je les aime vraiment bcp!»

Elle ajoute que le duo Morissette-Trogi était parfois dur à suivre, tellement les deux hommes avaient du plaisir sur le plateau de ce film.

«Ç‘a été fou de vivre ça, j’ai tellement ri! confie-t-elle. Ils ont agi comme des papas, mais en même temps, c’était comme des amis.»

Il faut dire que celui qui a écrit le scénario et qui jouait également son père dans le film est devenu entretemps son beau-père… puisqu’Émilie Bierre s’est affichée récemment avec le fils de Louis Morissette et de Véronique Cloutier. Mais elle préfère ne pas aborder ce sujet en entrevue, puisqu’elle avoue avoir trouvé assez déconcertant de se faire bombarder de questions à ce sujet. Et nous devons admettre que nous la comprenons tout à fait… Car si elle a l’éloquence et la maturité d’une jeune femme, il ne faudrait pas oublier, encore une fois, qu’elle n’a que 15 ans!

«Pour moi, c’est ça, une vie normale!»

Impossible de ne pas se demander, d’ailleurs, si elle a parfois l’impression que sa carrière florissante empiète sur sa vie normale d’ado.

«Pour moi, c’est ça, une vie normale», répond-elle franchement, même si elle avoue que l’an dernier, elle s’est présentée en classe seulement 50 jours sur 180!

Sa carrière demande beaucoup d’adaptation et d’arrangements – elle fréquente une école dont le programme est fait spécialement pour les jeunes qui doivent s’absenter souvent pour le sport ou les arts. Elle a un tuteur avec qui elle travaille fort pour rattraper son retard – elle a fait sa rentrée scolaire en décembre, cette année.

Elle précise d’ailleurs que le personnage qu’elle interprète dans Le guide de la famille parfaite, qui vit beaucoup de pression pour réussir tout ce qu’elle entreprend, l’a beaucoup rejointe.

«Je suis quelqu’un de très perfectionniste, j’aime pousser toujours plus loin, et des fois, il faut apprendre à s’enlever un peu de pression, et accepter qu’on fait ce qu’on peut, de notre mieux», explique-t-elle.

N’empêche qu’elle ne changerait pas sa vie pour rien au monde.

«C’est beaucoup de gestion, mais je suis bien entourée. Sinon, je sais pas comment je ferais… Le petit speech de motivation pour m’aider et me dire que ça va bien aller que me font parfois mes parents... c’est nécessaire et ça fait du bien!»

Émilie Bierre, la réalisatrice?

La jeune actrice, qui est très présente sur les réseaux sociaux, est bien consciente de l’instabilité de ce milieu, et elle espère pouvoir continuer de s’y épanouir en vieillissant.

Elle envisage d’entreprendre des études en communications au cégep (elle est actuellement en quatrième secondaire), puis aimerait bien étudier en cinéma par la suite.

«Plus je vieillis, plus j’ai un intérêt pour le côté derrière la caméra. Réalisation, scénarisation et peut-être autre chose... Chaque fois, je remarque quelque chose de nouveau sur les plateaux.»

Inspirée par la réalisatrice Geneviève Dulude-De Celles, qui est en quelque sorte devenue sa mentore, Émilie travaille en ce moment sur un projet de court métrage qu’elle a écrit et qu’elle réalisera (mais dans lequel elle ne veut pas jouer). Le tournage devrait se faire l’été prochain.

«Je ne sais pas trop comment c’est arrivé dans ma tête, mais c’est autour d’une petite fille qui va devoir grandir un peu en accéléré, parce que ses parents vont tomber dans des problèmes financiers. J’ai hâte de voir. Je n’ai pas d’attentes, je ne me fixe pas d’objectifs précis, mais je veux juste le faire et voir ce que c’est de diriger.»

Difficile de croire que cette jeune femme volubile et bouillante de projets a seulement 15 ans. Puis, l’entrevue terminée, Émilie rejoint sagement sa mère, et nous nous rappelons une phrase que l’adolescente a prononcée au début de l’entrevue, quand elle parlait de ses dix ans de carrière: «c’est vraiment ça que je veux faire plus tard».

Cette phrase qu’on a tous répétée, ados. Sauf que la petite Milie, elle le vit déjà, son rêve.

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