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Et si on éduquait nos enfants à la joie?

Notre monde tue ce qu'il y a de plus noble dans les êtres humains, les enfants en premier: la capacité de rêver, de se projeter dans la vie. Ma conviction c'est que l'on peut éduquer à la joie, vers la joie, dans la joie. C'est une nouvelle façon d'approcher l'éducation que je propose, avec le support d'une recherche doctorale et une pratique de terrain.
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Antonella Verdiani contribue au réseau TEDxVaugirardRoad. TEDxVaugirardRoad est un événement sous licence TED résolument centré sur l'humain. Retrouvez son actualité sur TEDxVaugirardRoad.com

Chacun de nous recèle un don, un talent inné qui, s'il est respecté et honoré, nous transformera en être humain heureux, en contact avec sa joie de vivre, en accord avec lui-même et avec les autres. L'éducation a le devoir de reconnaître ce trésor, de le révéler et d'aider chaque personne à le développer.

Malheureusement, ce n'est pas ce qui arrive ni dans nos écoles, ni dans notre façon de voir l'éducation. Les pratiques de sélection, d'évaluation, de compétition, de non-respect des dons ou des intérêts des enfants sont si courantes qu'elles sont considérées comme banales, normales. Ainsi, elles donnent lieu à ce que l'on pourrait définir une "cruauté ordinaire" que notre monde, notre système éducatif en tête, continue à leur infliger... alors que l'on peut communiquer avec les enfants et éduquer par la bienveillance, l'attention, la confiance. C'est ainsi que notre monde tue ce qu'il y a de plus noble dans les êtres humains, les enfants en premier: la capacité de rêver, de se projeter dans la vie.

Ma conviction c'est que l'on peut éduquer à la joie, vers la joie, dans la joie. C'est une nouvelle façon d'approcher l'éducation que je propose, avec le support d'une recherche doctorale et une pratique de terrain.

Reliance

La nature de la joie pourrait être nommée "reliance". Sa signification profonde se trouve dans les racines sanskrites du mot yuj qui est traduit par "union de l'âme individuelle avec l'esprit universel". Plusieurs dimensions existent qui qualifient la reliance: sociale, psychosociale, économique, psychologique, philosophique, transcendantale... Je me limiterai ici à n'en citer que deux types, celle qui suit un mouvement vertical, à la fois transcendant et immanent et celle qui suit un mouvement horizontal, social et psychosocial. Dans cette vision, la joie se trouve au centre même de ces deux pulsions, au cœur de l'homme.

Au niveau symbolique, cette union est représentée par la croix au centre de laquelle nous retrouvons, au cœur de l'homme relié, la joie. C'est une joie qui de simple émotion peut devenir un état de l'être. Manifestation de l'union de l'âme individuelle avec une dimension supérieure, elle investit la totalité de l'être et, de façon indirecte, tous les aspects de l'existence car elle y "contribue", comme le dirait Spinoza. Elle nous ramène au concept de joie de vivre en tant que sentiment exaltant ressenti par toute la conscience. Elle est "le lien qui nous libère en nous reliant à nous tous" comme la définit le philosophe Bruno Giuliani.

C'est surement aussi ce sentiment d'engagement total et de réussite, le flow de la psychologie positive, que l'on peut observer chez des enfants lorsqu'ils sont totalement plongés dans ce qu'ils aiment faire, danser, dessiner, jouer, pendant des heures sans un brin de fatigue.

Qu'est-ce que cela a à voir avec l'éducation, pourrions-nous demander ?

Cultiver là où c'est déjà fertile

La prise en compte d'une telle considération dans les sciences de l'éducation est primordiale. Car si l'on arrivait à valoriser, favoriser et même provoquer cet état de connexion chez les enfants, on pourrait de cette façon ouvrir, non seulement des horizons de bien-être, mais aussi une nouvelle façon d'apprendre. Ce serait apprendre non seulement sans fatigue, mais avec plaisir, comme lorsque, au lieu de passer des heures à faire quelque chose qu'on n'aime pas faire (et que, des toutes les façons on va vite oublier), on cultive ce que l'on aime. C'est un simple principe écologique emprunté à la permaculture, cette branche de l'agriculture permanente, fondamentalement éthique, qui utilise une approche systémique et soutenable pour les populations : cultiver là où c'est déjà fertile, là où le vivant pousse sans effort.

Concrètement, à l'école, si l'on observe un enfant naturellement doué pour le dessin ou les activités artistiques, on ne le forcera pas à étudier les mathématiques au même rythme des autres, pour l'uniformiser avec le reste de la classe qui suit le programme. Au contraire, on cherchera à valoriser son don, en le développant davantage, car c'est par la prise de conscience et la connaissance de sa propre richesse qu'il pourra ensuite aller vers d'autres disciplines. C'est tout simple, même trop simple pour certains, car c'est facile et direct et cela ne demande pas aux enseignants de s'acharner sur l'élève en l'obligeant à apprendre ce qui ne l'intéresse pas. C'est ce qui arrive dans plusieurs écoles dans le monde, à la Brockwood Park School en Angleterre, dans les écoles du Libre Progrès en Inde, à l'école I Saltafossi en Italie, ou encore à la Living School en France, où les programmes sont choisis par les étudiants eux-mêmes, selon leurs centres d'intérêts et surtout selon ce qu'ils "aiment" faire, ce qui provoque en eux une véritable joie d'apprendre et de progresser.

Il y a plus d'un siècle, Maria Montessori affirmait que "la joie d'apprendre est aussi indispensable à l'intelligence que la respiration aux coureurs..." Comme elle, d'autres pédagogues, des philosophes, des sages (Krishnamurti, Steiner, Freinet,...) l'avaient également compris, mais on ne peut pas affirmer que leur action ait servi d'exemple pour les systèmes éducatifs publics actuels. Ces écoles « qui rendent nos enfants heureux » sont encore trop peu nombreuses et souvent l'apanage des élites, alors que, paradoxalement, leurs pédagogies avaient été étudiées pour des enfants d'ouvriers.

Un printemps pour l'éducation

La "bonne nouvelle" dans ce panorama peu réconfortant est que (grâce à une crise qui devient opportunité de changement), nous assistons aujourd'hui à un phénomène de réveil, de renaissance surtout au niveau local, citoyen. Car de plus en plus d'enseignants, d'éducateurs et de parents, systèmes public ou privé confondus, ont non seulement repris le flambeau des pédagogues visionnaires du passé, mais ils inventent d'autres méthodes, des pratiques nouvelles, centrées sur la liberté des enfants, dans le respect des autres, de la terre, mais aussi de leurs rythmes, de leurs rêves...

C'est pourquoi une alliance pour le renouveau de l'éducation, est née: le Printemps de l'éducation... pour provoquer la rencontre, partager les solutions pédagogiques, en inventer d'autres. C'est une contribution à la transition vers l'action pour l'humanité entière, notre participation de colibris: passer d'une culture de la guerre à une culture de la paix et de la joie de vivre.tedx

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