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Émilie Perreault: voir l’art comme «plein de petites thérapies»

Après un prix aux Gémeaux, la série documentaire «Faire oeuvre utile» est de retour pour une 2e saison qui promet d’être tout aussi émouvante.
La deuxième saison de l'émission «Faire oeuvre utile», animée par Émilie Perreault (photo), comptera quatre épisodes.
Radio-Canada
La deuxième saison de l'émission «Faire oeuvre utile», animée par Émilie Perreault (photo), comptera quatre épisodes.

Depuis la parution de son livre, en 2017, puis la diffusion de la première saison de Faire oeuvre utile, Émilie Perreault se fait constamment parler de ce concept d’art salvateur, et de tout le pouvoir que peuvent avoir certaines oeuvres sur nous. Après avoir été sacrée meilleure série documentaire aux Gémeaux, la série est de retour pour une deuxième saison qui promet d’être tout aussi émouvante.

«C’est vraiment touchant, parce que les gens qui viennent m’en parler disent rarement juste “ah, j’ai aimé ça”, fait remarquer Émilie Perreault, l’animatrice de la série. C’est vraiment beau, les discussions que ça engendre, ça fait réaliser des choses à bien des gens. Ça donne envie à tout le monde de faire l’exercice et de trouver quelle a été son oeuvre utile.»

Faire oeuvre utile, c’est une série documentaire qui raconte comment une oeuvre a carrément changé la vie d’une personne du public, qui a ensuite l’occasion de l’expliquer en personne à l’artiste concerné. C’est beau, c’est lumineux, c’est émouvant… et ça se regarde avec une boîte de mouchoirs à proximité.

Un pouvoir émouvant

Émilie Perreault raconte d’ailleurs qu’il lui arrive de donner des conférences dans des bibliothèques, et que parfois, certaines personnes viennent la voir après en pleurant… tout en ignorant pourquoi!

«Quand on prend conscience du pouvoir que l’art a dans notre vie, ça devient très émouvant, croit la journaliste culturelle. On se rend compte qu’on a de l’art à proximité, que ce sont de petites thérapies vraiment accessibles. Et aussi, je crois que ça touche directement notre humanité: ça fait du bien de voir des beaux humains. Nous sommes dans une époque un peu cynique, et voir un artiste complètement dédié comme ça, avec quelqu’un du public vulnérable... ça vient toucher une corde sensible.»

Bon, évidemment, le but n’est pas de nous faire pleurer, assure celle qui a été chroniqueuse culturelle pendant six ans à l’émission de radio matinale de Paul Arcand.

«Ce sont des histoires vraiment axées vers la lumière: tu fermes la télé nourri, inspiré. C’est ce que je veux faire, en tout cas. Je ne raconte pas le cancer ou la mort… mais l’étincelle dans la vie de la personne, l’oeuvre qui l’a aidée.»

La première saison racontait des histoires marquantes. On se souviendra entre autres de celle de Suzanne Prince, fille du camionneur Gilbert Prince, mort dans l’explosion de son camion-citerne sur l’autoroute 40 en 2016. Elle avait été chamboulée par la pièce de théâtre 887, de Robert Lepage, une oeuvre pour laquelle son papa lui avait offert des billets, et qu’elle est allée voir quelques semaines après sa mort.

La deuxième saison promet très certainement des moments forts, elle aussi. Dans le premier épisode, que nous avons pu visionner, on raconte la très touchante histoire de Rosanna, arrivée d’Uruguay en 2011, et qui a appris à parler le français grâce à Unité 9. La dame, qui travaillait dans une bibliothèque, est tombée par hasard sur des DVD de la série de Danielle Trottier, et elle a reconnu sa propre maman, décédée de nombreuses années auparavant, en Guylaine Tremblay.

EN VIDÉO: extrait de l’épisode mettant en vedette Guylaine Tremblay


Le moment où les deux femmes se rencontrent et se serrent dans leurs bras est d’ailleurs tellement émouvant… qu’Émilie Perreault ne savait plus où se mettre, se rappelle-t-elle en riant.

«C’était tellement chargé… Je crois que Guylaine était la meilleure personne pour vivre ça, elle est tellement empathique. Parce que Rosanna, c’était sa mère, qu’elle voyait!»

L’animatrice se voit d’ailleurs comme la courroie de transmission, dans cette chaîne de rencontres.

«Des fois, je me pince: wow, c’est ma job, je vis ces moments-là! Il y a d’autres moments, surtout dans les entrevues en solo, ou c’est plus difficile. Des fois, je pleure, et c’est correct. Si j’étais un robot, ça ne marcherait pas non plus. Il faut juste que je ne pleure pas plus qu’eux, c’est ce que je me dis!»

Elle se remémore d’ailleurs un moment très chargé, pendant le tournage de la deuxième saison, alors qu’elle parlait avec Gabriel, un jeune papa qui avait dû être complètement isolé pendant plusieurs mois (même de ses enfants) en raison d’un cancer.

«La musique est devenue son refuge, raconte Émilie Perreault. C’est un gars qui faisait des triathlons, et n’écoutait pas du tout de musique classique… Et c’est à ce moment qu’Alexandra Stréliski est arrivée dans sa vie.»

La «santé culturelle»

Faire oeuvre utile a d’abord vu le jour sous forme de livre, en 2017. L’idée est venue alors à travers son métier de journaliste culturelle.

«Le plus beau cadeau que je peux recevoir, c’est que quelqu’un me dise: “merci d’avoir parlé de cette pièce, je suis allé la voir et j’ai adoré”, indique-t-elle. Je me suis dit: si moi je ressens ça, j’imagine que pour les artistes, ça doit être encore plus grand.»

L’art a toujours été important dans la vie d’Émilie Perreault. Et selon elle, on ne réalise pas à quel point la musique, le cinéma ou le théâtre peuvent avoir des bienfaits pour notre santé mentale.

«Pendant six ans, quand je travaillais pour l’émission du matin, je me levais à 4h du matin et je me couchais à 22h. Les gens me demandaient: “comment tu fais?” Et pourtant, j’étais profondément heureuse. Maintenant, avec le recul, je me rends compte que voir autant de spectacles m’aidait vraiment à conserver une santé mentale. Me faire raconter des histoires comme ça, c’était comme plein de petites thérapies à mon insu.»

Le journaliste croit d’ailleurs qu’on gagnerait, comme société, à développer une notion de «santé culturelle».

«Le cinéma, par exemple, ce n’est pas juste un loisir, je crois que ça nous fait du bien d’une façon plus profonde. Et malheureusement, c’est souvent la première chose qui va sauter quand on manque de temps; mais c’est peut-être une habitude que tu devrais garder, elle est beaucoup plus salvatrice que tu penses.»

Lorsqu’on lui demande quelle est son oeuvre utile à elle, Émilie Perreault répond qu’elle en a plusieurs. La pièce de théâtre Variations énigmatiques, d’Éric Emmanuel Schmitt… et à peu près toute l’oeuvre de P!nk, depuis son premier album, qui est le premier disque que la jeune Émilie s’est achetée elle-même. Alexandra Stréliski a aussi une place très importante dans sa vie, puisqu’elle a beaucoup écouté sa musique pendant sa grossesse, et même pendant son accouchement.

«Encore aujourd’hui, mon fils est très réactif à cette musique. Quand je mets ça, il s’endort. Au point où maintenant, il me dit: “oh non, maman, pas ça!” parce qu’il sait que ça va l’endormir!»

La deuxième saison de Faire oeuvre utile commence ce vendredi, à 20h, sur les ondes d’Artv (mais n’est pas disponible en rattrapage). La première saison est disponible sur Ici tou.tv.

À VOIR: rencontre avec Marc-André Grondin, Sergio Castellitto et Gilbert Sicotte

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