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Électrification des transports: les libéraux carburent au manque d'ambition

Voir débarquer, d'ici 2020, 100 000 voitures électriques et hybrides relève purement de l'imaginaire.
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Lors du triste épisode du déversement de milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent, notre cher ministre de l'Environnement, David Heurtel, répétait à tue-tête, pour esquiver les critiques, qu'il faut baser toute décision sur la science.

M. Heurtel peut bien prétendre être un homme de sciences, mais plus les jours passent, plus il devient clair que le ministre de l'Environnement n'a pas la science infuse.

Le Salon international de l'auto de Montréal a ouvert ses portes il y a quelques jours à peine et lors de ma visite, j'ai été surpris par les critiques du milieu automobile à l'encontre du plan d'action gouvernemental en électrification des transports. Dans la foulée de la Conférence historique de Paris sur les changements climatiques, je me suis fait un devoir de rencontrer les divers spécialistes en transport durable.

Les experts sont unanimes sur un point: le plan du gouvernement libéral ne tient pas la route. Voir débarquer, d'ici 2020, 100 000 voitures électriques et hybrides relève purement de l'imaginaire. Le gouvernement libéral dit être guidé par la science et les chiffres, mais à la vitesse avec laquelle il souhaite agir, il fonce malheureusement tout droit dans un mur.

Politique essentielle... mais à quel prix?

Soyons clairs: la Coalition Avenir Québec adhère au virage incontournable vers des énergies renouvelables. Il faut être complètement déconnecté des enjeux énergétiques mondiaux pour s'opposer à cette démarche.

À titre de société innovante et tournée vers l'avenir, le Québec doit prendre un virage électrique dans ses modes de transports, d'autant plus que nous avons la chance de jouir d'une expertise redoutable et d'une grande quantité de cette énergie propre. L'électrification représente donc une chance en or de faire du Québec un joueur-clé dans la lutte aux changements climatiques.

Ainsi, l'électrification des transports peut faire partie de la solution dans la lutte aux changements climatiques... à la seule condition que les perspectives de réduction qu'on s'établit en valent vraiment la peine!

Dans ce cas-ci, le gouvernement a clairement manqué d'ambition: il ne prévoit, d'ici 2020, que la réduction de 750 000 tonnes de gaz à effet de serre, soit une infime miette des 35 millions de tonnes qu'émettait le secteur des transports, à lui seul, en 2012.

Une fois de plus, nous nous heurtons à un obstacle qui ne cesse de faire ses ravages: le manque flagrant de vision et de planification du gouvernement de Philippe Couillard.

Une feuille de route difficile à suivre

Le plan gouvernemental d'électrification des transports 2015-2020 est mal ficelé. David Heurtel peut bien espérer la circulation de 100 000 voitures électriques et hybrides sur nos routes d'ici 4 ans, mais il sera rapidement rattrapé par la réalité.

Sur les 420 M$ - pigés en majeure partie à même le Fonds vert - que planifient injecter les libéraux, seulement 93 M$ serviront à la promotion d'achat ou de location de véhicules électriques auprès des Québécois. Dans les faits, cette enveloppe permettra d'ajouter 20 000 véhicules, tout au plus. Nous sommes loin de la cible fixée et pas à peu près!

Autre incohérence totale: si le gouvernement souhaite réellement accroitre le nombre de véhicules à zéro émission sur nos routes, comment peut-il sérieusement établir comme seuil minimal 100 000 voitures en quatre ans?

Au bout du compte, ce sont les Québécois qui paieront la note, puisque Québec forcera les concessionnaires automobiles de se doter d'un quota de vente trop contraignant et agressif, comme on le voit déjà dans certains États américains comme la Californie.

Qu'attend au juste le ministre Heurtel pour nous faire la démonstration que sa cible est réaliste et réalisable? Une fois de plus, le gouvernement libéral fait preuve d'amateurisme en matière environnementale en se fixant une cible qu'il s'assurera de manquer.

David Heurtel se doit de restaurer la confiance de l'industrie automobile. C'est pourquoi je lui demande de rendre publiques les analyses et les hypothèses sur lesquelles reposent ses projections. À lui de démontrer au grand jour qu'il détient les données tangibles attestant concrètement que 100 000 véhicules électriques d'ici 2020 et 300 000 d'ici 2026 sont des objectifs parfaitement atteignables.

Après la Conférence de Paris et l'espoir que celle-ci a semé aux quatre coins du globe, il suffit de se fixer des cibles en l'air, simplement pour paraître écologique! Les Québécois méritent mieux que ça, M. Heurtel.

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