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Des élections anticipées, chargées de désigner les députés et les sénateurs de la République italienne, se dérouleront les 24 et 25 février. Une fois de plus, avec ce scrutin, l'Italie déconcerte, voire inquiète.
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En Italie, les 24 et 25 février, se dérouleront des élections politiques anticipées, chargées de désigner les députés et les sénateurs de la République. Leurs résultats et les conséquences du vote des italiens seront l'objet d'une journée d'études organisées, le 27 février, à Sciences Po à Paris par le Groupe de recherches et d'Etudes pluridisciplinaires sur l'Italie Contemporaine (CERI) et la School of government de la Luiss Guido-Carli.

Une fois de plus, avec ce scrutin, l'Italie déconcerte, voire inquiète

C'est que ce pays ne cesse de susciter des représentations contrastées et contradictoires qui changent avec une rapidité déconcertante.

Jusqu'en novembre 2011, la péninsule était généralement considérée comme l'un des enfants malades de l'Europe, après la Grèce et l'Espagne. Son économie était atone, ses comptes publics à la dérive, les marchés financiers la prenaient pour cible, et surtout, elle pâtissait du déficit de crédibilité de son Président du Conseil, Silvio Berlusconi.

La démission de celui-ci le 12 novembre, son remplacement par Mario Monti, quatre jours plus tard, la thérapie de choc que son gouvernement de celui-ci asséna comme la multiplication des chantiers de réformes qu'il ouvrit firent que l'Italie, en quelques mois, fut érigée par les marchés, les organismes financiers, les chancelleries européennes et nombre d'observateurs en un modèle à imiter et Il Professore unanimement salué.

Mais, nouveau renversement d'image, le déroulement de la campagne électorale et les sondages sur les intentions de vote font encore chavirer l'image de l'Italie. En effet, l'incertitude la plus grande règne sur ce qui sortira des urnes en termes de gouvernement et donc de politiques pour l'Italie, mais aussi pour l'ensemble de l'Europe.

Cette incertitude tient à plusieurs facteurs

La compétition politique s'est fortement diversifiée. Depuis 2008, l'Italie semblait se diriger vers une sorte de bipolarisme, avec un centre droit dominé par le Peuple de la Liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, un centre gauche formé par le Parti démocrate (PD), tandis que quelques partis essayaient d'exister entre cette tenaille, dont l'Union du Centre (UDC).

Or, cette année, le système s'est complexifié. Les deux principales coalitions sont toujours en lice, même si leur composition interne a évolué. Mais elles sont défiées par d'autres acteurs.

Le centre bénéficie de l'entrée en politique de Mario Monti, tandis que le comique Beppe Grillo et son "Mouvement 5 étoiles" comme le magistrat Antonio Ingroia, clairement situé à gauche, viennent perturber le jeu.

De ce fait, les jeux sont loin d'être faits. Le centre gauche, emmené par le secrétaire du PD, Pierluigi Bersani, qui a été désigné comme candidat à la présidence du conseil à la suite d'une primaire qui s'est déroulée en novembre dernier et a rassemblé plus de trois millions d'Italiens, fait la course en tête mais est en perte de vitesse depuis plusieurs semaines. Mario Monti et les centristes s'efforcent de s'imposer, non sans mal. Surtout Silvio Berlusconi, malgré son indéniable usure, fait son grand retour en politique et a entamé une remontée assez spectaculaire dans les intentions de vote qui, cependant, ne devrait pas lui permettre de l'emporter. Beppe Grillo et, dans une moindre mesure, Antonio Ingroia, avec des arguments et des procédés différents, cherchent à profiter de l'exaspération des électeurs contre la classe politique du fait de la détérioration de la situation économique et sociale et des affaires de corruption qui éclatent presque chaque jour.

Dans ces conditions, formuler un pronostic s'avère aujourd'hui difficile voire impossible

Parce que le nombre d'électeurs tentés par l'abstention ou indécis reste élevé. Et parce que le mode de scrutin proportionnel ressemble à une roulette russe: si pour la Chambre des députés, la coalition arrivée en tête bénéficie d'une prime majoritaire qui lui donne 55% des sièges (qui devrait, normalement, cette fois-ci aller au PD et à ses alliés), au Sénat, cette prime est calculée sur une base régionale, ce qui fait que l'issue du scrutin dépendra des résultats dans quelques réions clefs comme la Lombardie, la Vénétie, le Latium, la Campanie et la Sicle.

En d'autres termes, il n'est pas certain qu'une coalition, en l'occurrence celle du centre gauche, puisse l'emporter dans les deux Chambres et gouverner seule. L'on pourrait alors se diriger soit vers un gouvernement de coalitions (PD et centristes par exemple), soit vers une situation inextricable et chaotique (une majorité claire à la Chambre des députés et point de majorité au Sénat).

Dans ces deux derniers cas de figure, l'Italie risquerait d'être de nouveau confrontée à un problème de gouvernabilité particulièrement compliqué à résoudre. Qui risquerait de ralentir, voire d'entraver, les réformes pourtant nécessaires à engager afin de permettre au bel paese de sortir de la récession et de bâtir un avenir.

Cette forme de paralysie se répercuterait sur le reste de l'Europe. Non seulement parce que l'Italie pourrait redevenir un maillon faible de la chaîne économique européenne risquant d'affaiblir d'autres pays, mais encore parce que cela signifierait la perte de sa crédibilité à Bruxelles, que Mario Monti lui avait permis de reconquérir, et, du coup, de sa capacité innovatrice au sein de l'Union européenne.

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