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Le 8 juin a-t-il sonné la fin de May?

La première ministre conservatrice Teresa May, qui avait déclenché ces élections seulement deux ans après que son parti ait remporté une majorité absolue des sièges en mai 2015, a perdu son pari.
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La première ministre conservatrice Teresa May, qui avait déclenché ces élections seulement deux ans après que son parti ait remporté une majorité absolue des sièges en mai 2015, a perdu son pari. Les conservateurs devront se contenter d'une majorité relative dans le nouveau parlement. Son leadership est déjà sérieusement mis en doute. Sa survie dépend principalement des hésitations des conservateurs devant la perspective d'une course au leadership, dans un contexte très instable.

Aussi, il n'y a pas de partenaire évident pour l'aider à combler les quelques sièges manquants. Tout pourrait dépendre des 10 sièges remportés par le DUP, le parti unioniste d'Irlande du Nord. Une autre alliance possible serait avec les libéraux-démocrates. Ceux-ci étaient partenaires avec les conservateurs il y a quelques années, mais leur opposition catégorique au Brexit compliquerait grandement les choses. Ces difficultés permettent même aux travaillistes de proposer la possibilité d'un gouvernement Corbyn avant une autre élection. Il est plus probable qu'une nouvelle élection survienne assez rapidement.

De son côté, le chef travailliste Jeremy Corbyn peut être très heureux d'un résultat bien meilleur que ce qu'auguraient les premiers sondages de la campagne il y a un mois et demi. On donnait à son parti jusqu'à 20 points de retard sur le parti au pouvoir. Après une campagne remarquable, seuls 2,2% des voix séparent les conservateurs et les travaillistes. Son parti remporte 29 sièges de plus et fait un gain de près de 10% en matière de voix par rapport à 2015. Les frondeurs de la droite du parti qui ont essayé sans succès de se débarrasser de leur chef vont devoir décider de se rallier ou de former un nouveau parti. Il semble que la plateforme résolument à gauche, incluant la nationalisation des chemins de fer, la gratuité scolaire à l'université et un réinvestissement massif dans le système de santé public, ait été un franc succès.

À noter également, le parti d'extrême-droite anti-immigration et anti-européen UKIP s'effondre après avoir réalisé son principal objectif, soit le retrait du Royaume uni de l'Union européenne. Il passe de 12,7 à 1,9% des voix et perd son seul siège. Il semble qu'une bonne partie de cette base électorale soit passée aux conservateurs qui augmentent tout de même leur part de votes de 5.5%.

Quant au SNP, le parti indépendantiste écossais, il conserve une majorité des députés calédoniens, mais au lieu de 50% des votes et tous les sièges sauf trois (en 2015), il doit se contenter de 37% et 35 sièges sur 59. Ceci pourrait freiner un peu l'élan vers un second référendum sur l'indépendance. Mais le chaos à Westminster autour des négociations du Brexit, accentué par l'élection d'un gouvernement minoritaire, sera probablement encore un facteur positif pour les indépendantistes.

Après avoir exprimé une unanimité de circonstance pour condamner les meurtres et appeler à l'unité face au fanatisme, les deux grands partis se sont accusés mutuellement de favoriser les terroristes.

Les deux attentats terroristes étant survenus durant la campagne (à Manchester et Londres) ne semblent pas avoir eu d'impact significatif sur les résultats. Après avoir exprimé une unanimité de circonstance pour condamner les meurtres et appeler à l'unité face au fanatisme, les deux grands partis se sont accusés mutuellement de favoriser les terroristes. Les conservateurs et les médias à leur service ont pointé du doigt les prises de position pacifistes et de solidarité internationale de Corbyn en les interprétant comme une sympathie pour le fondamentalisme musulman. De leur côté, les travaillistes ont souligné comment les compressions budgétaires des conservateurs ont privé les forces policières des moyens nécessaires à la prévention de telles attaques. Ils ont aussi fait ressortir la façon dont la politique étrangère britannique, en causant de l'instabilité et du ressentiment dans plusieurs pays, a probablement contribué à la croissance de groupes comme Daesh.

Au bout du compte, il semble que ce soient les enjeux sociaux et économiques qui aient déterminé la polarisation entre les deux principaux partis. La campagne conservatrice avait commencé à donner des signes de faiblesse quand la population a découvert qu'une de leurs promesses résulterait dans une perte de revenu pour les personnes retraitées de la classe moyenne. Les 40% de voix pour Labour sont une indication claire qu'une grande partie de la population britannique (surtout dans les grandes villes qui ont envoyé massivement des députés travaillistes au parlement) en a assez des politiques d'austérité. C'est donc une victoire pour la nouvelle gauche, tout comme l'avaient été les 7 millions de voix pour Jean-Luc Mélenchon aux élections présidentielles françaises, les très bons résultats de Podemos en Espagne et l'influence significative du Bloc de gauche dans le parlement portugais.

La prochaine étape à surveiller dans ce paysage politique en mutation est l'élection législative française dont le premier tour aura lieu ce dimanche et le second tour une semaine plus tard. Macron aura-t-il une majorité absolue pour son nouveau parti La République en marche ? Que restera-t-il du Parti socialiste ? Combien de sièges la France insoumise de Mélanchon va-t-elle obtenir ? Les résultats du Front national marqueront-ils un recul ou une consolidation par rapport aux présidentielles ?

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