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L'armée a pris un risque énorme vis-à-vis des Frères musulmans

En Égypte, on assiste à une situation, qui s'apparente à une contre-révolution. Ces évènements sont alarmants et rendent l'avenir incertain. Exclure les Frères musulmans, voire les emprisonner, comme le font les militaires aujourd'hui est une attitude dangereuse
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En ce moment, en Égypte, on assiste à une situation, qui s'apparente à une contre-révolution. Ces évènements sont alarmants et rendent l'avenir incertain. Exclure les Frères musulmans, voire les emprisonner, comme le font les militaires aujourd'hui est une attitude dangereuse, qui peut les conforter dans une position de victime d'un complot.

Depuis 2009, la ligne la plus "dure" des Frères musulmans dirige le mouvement et cela s'est ressenti dans leur politique et a mené à de nombreux échecs. Cette crispation s'explique par l'histoire moderne égyptienne et la répression qu'ont connues ces islamistes par le passé.

Plutôt que de les ignorer, il vaudrait mieux négocier avec les Frères, car ils représentent un courant de pensée important en Égypte, comme en a témoigné l'élection de Mohammed Morsi l'année dernière et surtout les élections législatives de fin 2011, même si ensuite cela s'est érodé ensuite. Ce rejet ne peut que tendre à les radicaliser.

Avant eux, les militaires ont aussi fait de la répression. Aujourd'hui, ils se présentent comme ouverts, mais les violences contre les Coptes ont été moins fortes sous Morsi, que l'ont été celles contre les Frères sous Moubarak. Les tests de virginité ou les tribunaux d'exception ont aussi été mis en place par les militaires... Rien ne permet d'affirmer que la situation actuelle ne débouchera pas sur le retour à ces pratiques. La gestion calamiteuse du pays par les Frères musulmans et la dérive autoritaire de Morsi ont mené le pays dans cette situation, mais aujourd'hui, des dirigeants sont emprisonnés sur aucune base de droit. La mauvaise gestion n'est pas un chef d'inculpation.

Cette situation est profitable aux libéraux, mais ce qu'il faudrait pour sortir l'Égypte de l'impasse, c'est un vrai compromis. C'est pour cela qu'il serait souhaitable d'inclure les Frères musulmans, avec leurs échecs dans les nouvelles instances dirigeantes. À part dénoncer l'existence du pouvoir en place, l'opposition n'a pas de propositions pour le pays. Il n'est pas exclu de voir des représentants et des réflexes de l'ancien régime du passé revenir au pouvoir. On se dirige vers un gouvernement provisoire, de technocrates, mais cette victimisation des Frères risque de créer un retour de bâton dès qu'il y aura des élections, car elle est porteuse de tensions futures et les Frères musulmans sont aujourd'hui les mieux structurés pour concourir à des élections.

Les protestations place Tahrir avaient cette fois-ci, une dimension beaucoup plus économique et sociale, qu'il y a 18 mois. Cette nouvelle donne devrait agir comme un coup de semonce pour les autorités de transition, pour ne pas retomber très vite dans une nouvelle impasse. Bien qu'en Europe, on pense qu'il y a une dimension féministe dans ce mouvement, mais la préoccupation de ces femmes est peut-être avant tout de pouvoir nourrir leur foyer. Les Occidentaux ont fait beaucoup d'erreurs d'interprétation en 2011. A nous de ne pas les réitérer.

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