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Faire l’école à distance si ma classe devait fermer? Peu plausible.

Mes élèves seront plutôt en vacances forcées...
Rebecca Nelson via Getty Images

Suis-je prête à faire l’école à distance si ma classe ferme? La réponse est: pas du tout!

Il y a six mois, quand les écoles ont fermé, sept de mes 15 élèves n’avaient pas accès à un ordinateur. Pendant ce temps, certains collègues de d’autres écoles, ayant des élèves moins défavorisés, pouvaient enseigner sur Zoom. Mes collègues et moi faisions des pieds et des mains, à distance, pour trouver des ordinateurs, s’approprier les différents logiciels et envoyer des travaux à distance. En mai, j’ai réussi à combler les besoins informatiques de mes élèves, pendant que mon garçon, lui, avait déjà deux mois de cours à distance en poche.

Fin août, le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge annonçait des investissements en informatique et disait que chaque élève qui aurait besoin d’un ordinateur en aurait un. Quelle ne fut pas ma surprise à la rentrée de ne trouver que deux ordinateurs dans ma classe! Où étaient les sept ordinateurs que j’avais récupérés de mes élèves à la fin juin? Redistribués dans les classes. Ok… mais où sont les autres que le ministre avait promis? Aucune idée. J’interpelle la direction dès le premier jour en disant qu’il est impératif d’acheter des ordinateurs immédiatement. Nous sommes le 24 août.

La rentrée fut des plus chaotiques, je l’avais prédit. Un sondage maison a été envoyé pour évaluer les besoins en informatique de l’école la semaine dernière. Mais, comme il y a eu des fermetures de classes en début d’année, je n’ai plus 15 élèves, mais bien 18, dont 11 qui n’ont pas d’ordinateur ou qui doivent en partager un avec un membre de leur famille!

Le 11 septembre dernier, lors d’un comité sur le protocole d’urgence, j’interpelle la direction en demandant où est l’argent prévu pour l’achat de matériel informatique. Aucun budget n’a été ventilé des centres de services. Quoi? On me dit qu’ils sont présentement en évaluation des besoins informatiques et qu’ils ont envoyé un sondage uniquement en français aux parents.

“Comment se fait-il que les gestionnaires du ministère et des centres de services n’ont pas immédiatement équipé les écoles défavorisées comme la mienne?”

Je ne savais pas si je devais rire ou pleurer! Comment vont-ils rejoindre les parents de mes 11 élèves qui n’ont pas d’ordinateur et, pour la plupart, qui ne maîtrisent pas le français? Moi qui croyais voir le 24 août dernier un camion devant mon école décharger les ordinateurs, vitaux en cas de reconfinement. C’était encore du rêve que le ministre nous avait promis.

Comment se fait-il que les gestionnaires du ministère et des centres de services n’ont pas immédiatement équipé les écoles défavorisées comme la mienne? Comment expliquer qu’à la mi-septembre, on est encore à évaluer les besoins? Il y aurait au moins 218 écoles au Québec qui ont des cas de COVID-19, donc des élèves à la maison et des profs qui enseignent à distance.

J’enseigne dans le quartier Saint-Michel à Montréal, l’un des plus touchés lors de cette pandémie. Si on m’appelle ce soir pour me dire que ma classe n’ouvre pas demain, il y aura 11 élèves, dont certains avec de grands défis scolaires, en vacances forcées. Voilà le système d’éducation au Québec…

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