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Du fétichisme de l'équilibre budgétaire à la transformation des universités québécoises?

Quel est le risque majeur que font courir les compressions budgétaires imposées actuellement aux universités québécoises ?
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Quel est le risque majeur que font courir les compressions budgétaires imposées actuellement aux universités québécoises ? Telle est la question qui a aiguillonné de bout en bout ce premier billet.

Sous réserve de démonstration, nous formulons l'hypothèse selon laquelle, les compressions budgétaires actuelles imposées au réseau de l'enseignement postsecondaire en vue de l'atteinte de l'équilibre budgétaire, -objectif louable au demeurant- auront pour effet, si l'on y prend garde, d'arrimer l'université québécoise aux seules exigences du marché, et ce, tant au niveau de sa gouvernance que de ses orientations stratégiques.

Très concrètement, ces compressions ont le potentiel de transformer l'université, comme lieu de formation générale et d'acquisition de compétences professionnelles, en un « réservoir à idée » où le capital humain (ou « ressource humaine ») peut être extrait dans l'optique de répondre à une nouvelle vocation première : l'appui des industries du pays. Au risque de perdre sa fonction critique et sociale, l'université est ainsi sommée par le biais du rétrécissement de son financement de devenir une chaire d'entrepreneuriat intellectuel, un « complexe industrialo-académique » (Norman Baillargeon, 21 : 2009) sous-poudré de quelques références aux sciences humaines et sociales.

Entendons-nous bien. L'idée n'est pas de remettre en question la pertinence de la recherche appliquée dans le développement économique ou l'amélioration des conditions de vie d'une société. Il s'agit encore moins de défendre la recherche fondamentale et les humanités au détriment de la recherche appliquée. Il y a certainement des cas - la recherche concernant les maladies ou les solutions technologiques à un problème écologique - pour lesquels les universités sont très souvent les mieux équipées que toute autre institution et il est normal qu'elles effectuent des recherches, même en partenariat avec le privé, susceptibles d'être utiles à la société, même de façon immédiate.

En revanche, il faut veiller à ce que la recherche appliquée ne se fasse au détriment de la recherche fondamentale et de certaines disciplines. L'université a aussi pour vocation de dispenser une « éducation générale et de former par la même occasion des citoyens cultivés, conscients de la valeur intrinsèque du savoir en dehors de toute finalité utilitaire, dotés d'un esprit critique, fiers de l'héritage culturel de leur pays » (Groffier, 9 : 2014)

Rappelons si besoin est encore, que le financement de l'éducation n'est pas une dépense, mais bel et bien un investissement. La différence de perspective n'est pas mince. Investir de manière durable et équilibrée dans l'enseignement et la recherche (fondamentale, appliquée, libre) universitaires, c'est garantir un avenir radieux pour le Québec. C'est un gage pris sur le rayonnement démocratique, économique et social de la belle province. C'est avoir un souci constant pour ce qui, à bien des égards, constitue le creuset de l'engagement citoyen, le développement économique, la justice sociale et l'épanouissement artistique. Comme société, nous devons constamment être sur le qui-vive afin de conjurer la tendance à la commercialisation tous azimuts de l'enseignement et de la recherche. Nous avons un devoir de vigilance afin de « préserver l'intégrité et la liberté intellectuelles et éviter que l'enseignement supérieur ne devienne un simple objet de consommation à l'obsolescence planifiée. » (15 : 2014)

Références

- Baillargeon, Normand. (2011) Je ne suis pas une PME. Plaidoyer pour une université publique, Éd. Poètes de brousse, Montréal

- Groffier, Ethel. (2014), Réflexions sur l'université. Le devoir de vigilance, PUL, Québec

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