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Docteur Arruda, revenez dans votre zone!

Lorsque le rôle d’un porte-parole devient flou, celui-ci s’expose aux critiques.
Le directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda.
La Presse canadienne/Ryan Remiorz
Le directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda.

Depuis quelques semaines, les critiques envers la gestion de la crise entourant la COVID-19 s’accentuent et mettent sous pression les différents acteurs impliqués. Elles sont particulièrement dures envers le directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda, héros adulé au printemps pour son authenticité, sa personnalité flamboyante, son style amical et sa capacité à nous rassurer.

Il est aujourd’hui remis en question, car il serait «trop» flamboyant, prendrait «trop» de place, ne serait pas assez transparent et ne porterait pas un message assez clair. Je trouve toujours aussi dommage de voir comment l’opinion des gens est changeante, mais je ne suis pas surpris, car la situation actuelle comporte son lot important d’émotions, de peurs, de frustrations et de peines qui influencent grandement nos opinions et qui les rendent variables.

Cependant, lorsque l’on analyse la façon de gérer la communication durant cette crise et que l’on regarde avec attention les interventions du Dr Arruda, je trouve qu’il y a une autre explication à cette modification dans la perception que les gens ont de notre bon docteur: la confusion autour de son rôle.

“C’est un rôle qui est principalement dans l’ombre et qui implique peu ou pas d’occasions d’intervenir en public… sauf en cas de crise de santé.”

Rappelons les faits. Dr Arruda s’est retrouvé au centre de cette crise, car il est directeur national de santé publique. Ce rôle est celui d’un haut fonctionnaire qui gère les activités de santé publique de la province et qui, sur la base des informations qu’il possède, des recherches et des travaux de son équipe et de ses connaissances, effectue des recommandations au gouvernement sur les meilleures façons de protéger la santé des citoyens. C’est un rôle qui est principalement dans l’ombre et qui implique peu ou pas d’occasions d’intervenir en public… sauf en cas de crise de santé.

Lorsque cette crise a débuté, nous nous sommes accrochés à ses lèvres en recherche d’information et de conseils rassurants. Ses recommandations étaient suivies à la lettre et l’ignorance collective et mondiale autour du virus nous amenaient à poser peu de questions et à remettre moins en question. À l’époque déjà, certains critiquaient le style du Dr Arruda qui sortait de celui du scientifique conventionnel et était plus coloré que celui de certains de ses collègues canadiens, mais le Québec a son côté «latin» et nous nous attachons aux gens et aux personnalités plus qu’aux titres et aux hiérarchies. Sa personnalité a donc renforcé son rôle.

Cependant, durant l’été, nous avons repris un semblant de vie normale et nous avons amélioré notre connaissance du virus. Nous avons eu l’impression de l’apprivoiser et c’est avec cette attitude que nous sommes arrivés devant la deuxième vague. Du côté de notre directeur national, ses équipes et lui sont retournés dans leurs rôles plus «discrets» et se sont mis à préparer la deuxième vague.

“Il essaie de nous convaincre, il essaie de nous prendre par les émotions et il politise son rôle.”

Pendant ce temps-là, le politique nous gardait sur le qui-vive et se préparait aussi. Cependant, depuis le début de cette vague, les intervenants se rendent compte que les gens sont beaucoup plus difficiles à mobiliser. Les décisions sont questionnées par plusieurs et carrément contredites par d’autres. Dans ce contexte, le Dr Arruda devrait être notre source d’information fiable, crédible et vérifiable, mais à la place, il essaie de nous convaincre, il essaie de nous prendre par les émotions et il politise son rôle. En effet, le rôle du politique est d’influencer, convaincre, mobiliser et le rôle du fonctionnaire est d’informer, expliquer et relativiser.

Lorsque Dr Arruda nous parle de lui à la troisième personne, qu’il souhaite bonne fête à sa fille en plein point de presse ou qu’il reprend les réponses du ministre ou du premier ministre pour les préciser, il n’est plus dans son rôle d’information et de rigueur, mais dans un rôle d’influenceur qui diminue sa crédibilité. Dr Arruda, s’il vous plaît, retournez dans votre zone! On a besoin d’information, de faits et de données pour comprendre ce qui se passe et faire les bons gestes!

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