DISCRIMINATION - “Pourquoi une personne trisomique serait-elle refusée alors qu’un enfant dès deux ans est accepté?” Le 21 avril dernier, comme le rapporte le site Actu Essonne, un jeune homme porteur de trisomie 21 a été empêché par le personnel de Disneyland Paris de monter dans une attraction, la Toy Soldiers Parachute Drop.
Ce jour-là, Benjamin, 24 ans, était en compagnie de sa mère Sophie dans le parc d’attractions francilien. “Nous avions fait la queue, comme tout le monde, pendant près d’une heure”, raconte cette femme originaire de Morsang-sur-Orge, dans le 91. “Mon fils voulait passer une journée normale, comme une personne normale. Il ne voulait pas de passe-droit, je n’ai donc pas pris de carte handicapé.”
Mais juste avant d’embarquer quand une des navettes censées monter à plusieurs dizaines de mètres avant redescendre brusquement, des agents du parc interpellent le binôme. “On m’a demandé si mon fils était handicapé, avant de me dire que les personnes atteintes de maladie mentale n’avaient pas le droit de faire cette attraction”, continue Sophie, qui explique qu’on lui a offert d’avoir la priorité sur d’autres manèges.
La direction évoque une mesure de sécurité en cas de panne
″À aucun moment, il n’était indiqué sur place qu’elle était interdite aux handicapés mentaux. Si cela ne s’était pas vu sur son visage, on nous aurait laissés passer”, s’insurge-t-elle auprès du Parisien. Le quotidien précise d’ailleurs qu’il n’est mentionné que sur le plan du parc -et au milieu d’un dizaine de pictogrammes- que l’attraction est effectivement interdite aux personnes souffrant de handicaps mentaux, mais jamais dans les allées ou à proximité de la file d’attente.
En effet, comme l’a expliqué la direction du parc au Parisien, la Toy Soldiers Parachute Drop, ouverte en 2010, est la seule interdite aux personnes déficientes mentales. “Elle est unique, très en hauteur. Cela demande une procédure d’évacuation particulière et plus contraignante”, argue-t-on du côté de Disneyland.
Sophie et Benjamin ont ensuite décidé de s’installer dans une capsule, après avoir insisté. “Ils refusaient de démarrer l’attraction tant que Benjamin ne l’avait pas quittée. (...) Ils mettaient en avant les questions de sécurité et du règlement. Selon eux, si jamais il y a une panne, que les parachutes restent bloqués en haut et qu’il faut attendre longtemps pour évacuer, mon fils risque de paniquer. Ce à quoi j’ai répondu que j’étais là avec lui et que je gérerais.”
Délit de faciès et plainte pour discrimination
Après avoir patienté et parlementé pendant trois quarts d’heure, Sophie et son fils ont finalement renoncé à l’attraction, pour que les choses n’empirent pas. Mais la mère de famille n’en démord pas: “Pourquoi certains handicaps visibles comme la trisomie seraient-ils plus exclus que d’autres handicaps mentaux moins visibles? C’est un vrai délit de faciès!”
Depuis, elle a contacté le Défenseur des Droits Jacques Toubon, a écrit à la secrétaire d’État en charge des personnes handicapées Sophie Cluzel et a porté plainte pour discrimination. Du côté du parc, on réaffirme un engagement auprès des personnes handicapées (110.000 d’entre elles sont accueillies chaque année à Disneyland, d’après la communication du parc), cinq ans après une polémique similaire.
La direction a également proposé un échange à Sophie et Benjamin, qui refusent pour l’heure, échaudés par la situation. “Pour Benjamin, ils lui ont rappelé qu’il était différent, lui qui ne supporte pas son handicap”, regrette-t-elle. “On l’interdit de vivre sa vie et de prendre du plaisir, alors qu’il est déjà difficile pour une personne porteuse de ce gène dans la vie de tous les jours. Il ne faut vraiment pas que cela se reproduise.”
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