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Malgré les difficultés du confinement avec un bébé, j'ai rarement été aussi heureux

Ce confinement a changé quelque chose. Il m’a donné l’aperçu d’une autre vie, une vie dans laquelle je ne serais pas obligé de laisser mon bébé à quelqu’un d’autre, de ne le voir qu’un petit peu le matin et un petit peu le soir.
En deux mois, elle a appris une trentaine de noms d’animaux, elle court et saute mieux que jamais, elle sait signer «je t’aime». Et j’étais là pour tout voir, pour tout entendre. Je n’ai rien manqué.
Thanasis Zovoilis via Getty Images
En deux mois, elle a appris une trentaine de noms d’animaux, elle court et saute mieux que jamais, elle sait signer «je t’aime». Et j’étais là pour tout voir, pour tout entendre. Je n’ai rien manqué.

Moi, papa d’une princesse de 18 mois, j’ai un problème.

Ce problème est simple: je me suis habitué à vivre avec ma fille, à vivre avec elle 24 h/24 h, et je n’ai aucune envie de la retourner à la garderie pour retourner au travail.

Oui, je suis claqué.

Oui, télétravailler avec un petit enfant est parfois compliqué. Surtout quand les deux parents ont des postes à responsabilités.

Oui, j’ai eu des coups de mou, des coups de blues, des coups de barre. Des coups, quoi.

Oui, il m’est arrivé de craquer. De crier, car elle avait jeté sa purée sur le parquet, après une journée de merde et dans un appartement sens dessus dessous.

Oui, j’ai dû m’enfermer aux toilettes pour faire des appels.

Oui, j’aurais aimé avoir un jardin.

Oui, il m’est arrivé d’ouvrir en grand la fenêtre et de respirer, respirer à fond, car j’avais la sensation d’étouffer.

Claqué mais heureux!

Mais pourtant… quel bonheur!

Quel bonheur de l’entendre babiller autour de moi, de la voir s’amuser avec ses poupées, quel bonheur de pouvoir l’embrasser à volonté, de prendre de longues pauses câlins, de lui donner son goûter, quel bonheur de la regarder, juste un coup d’œil, un simple coup d’œil et tout mon être s’emplit de joie, quel bonheur d’être là, de ne rien manquer.

Au début du confinement, nous n’étions pas sûrs d’y arriver. De pouvoir jongler entre les courriels, les couches sales et les machines à faire tourner, d’assurer sur tous les fronts. Deux mois plus tard, les choses se sont mises en place, nous avons bâti notre petit monde de routines et de jeux, et l’idée que tout cela s’achève me serre désormais le cœur.

“Derrière ces difficultés, si je regarde tout au fond de mon cœur, si j’affronte la réalité de mes sentiments, je crois que j’ai rarement été aussi heureux”

Ce confinement a changé quelque chose. Il m’a donné l’aperçu d’une autre vie, une vie dans laquelle je ne serais pas obligé de laisser mon bébé à quelqu’un d’autre, de ne le voir qu’un petit peu le matin et un petit peu le soir. En deux mois, elle a appris une trentaine de noms d’animaux, elle court et saute mieux que jamais, elle sait signer «je t’aime». Et j’étais là pour tout voir, pour tout entendre. Je n’ai rien manqué.

Ne pas avoir honte d’être heureux

Avec cette pandémie, les frontières du personnel et du professionnel sont plus que jamais brouillées. En termes de charge mentale, d’organisation, de gestion du stress, c’est un défi quotidien. Mais, derrière ces difficultés, si je regarde tout au fond de mon cœur, si j’affronte la réalité de mes sentiments, je crois que j’ai rarement été aussi heureux. Est-ce une honte de dire cela, alors que des gens meurent, que des médecins se donnent corps et âmes, que la crise économique menace? Est-il devenu interdit d’être heureux, quand toutes les distractions du monde extérieur ont été fermées, quand les journaux et sites d’informations relaient en boucle des nouvelles inquiétantes, quand il faut cacher son sourire derrière un masque?

“Dans cette petite bulle de temps, j’ai trouvé une sorte de joie pure et simple, qu’il va m’être difficile d’abandonner.”

Je n’ai pas honte. Je suis heureux dans ma petite forteresse, heureux de passer du temps avec ma fille, de la voir grandir et s’épanouir, d’entendre son rire carillonner entre nos murs. Ce monde confiné n’est pas celui que je souhaite pour elle. Les balades me manquent, les sorties au parc, les goûters avec ses grands-parents me manquent. Mais, dans cette petite bulle de temps, j’ai trouvé une sorte de joie pure et simple, qu’il va m’être difficile d’abandonner.

Et vous, quel est votre sentiment au début du déconfinement?

Ce texte a initialement été publié sur le HuffPost France.

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