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Le développement durable en marche: Kuterra

Dans le nord de l'île de Vancouver, Kuterra est un projet de pisciculture terrestre (la branche désignée à l'élevage des poissons d'eaux douces, saumâtres ou salées). C'est la première entreprise au Canada qui élève des saumons atlantiques à l'échelle commerciale.
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L'industrie des fruits de mer fait couler beaucoup d'encre depuis les dix dernières années. Beaucoup de Premières Nations luttent contre l'industrie de l'aquaculture (en autres, les fermes de fruits de mer) suite à l'observation d'un certain nombre d'impacts dévastateurs qu'elle a causé sur les écosystèmes environnants. Dans le nord de l'île de Vancouver, la nation Namgis brave l'industrie par une aquaculture intérieure de saumons atlantiques novatrice et efficace, en termes d'énergie. Kuterra, de la langue Namgis; Kulala pour saumon et Terra pour terre, est un projet de pisciculture terrestre (la branche désignée à l'élevage des poissons d'eaux douces, saumâtres ou salées), et est la première entreprise au Canada qui élève des saumons atlantiques à l'échelle commerciale.

Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas la pratique des piscicultures, celle-ci emploie diverses méthodes. Parmi elles, on retrouve deux types de systèmes, soit la méthode dite « à filet ouvert » (dans lequel les poissons sont exposés à l'environnement naturel) et deuxièmement, un système de bassin de confinement fermé.

L'élevage de poissons à filets ouverts soulève beaucoup de controverse puisque les éleveurs rentrent directement en contact avec l'environnement naturel et les espèces sauvages qui y vivent. Pour se le représenter, imaginez un grand filet de pêche installé dans l'océan qui attrape d'énormes bancs de poissons. Naturellement, tous les antibiotiques, les pesticides, les désinfectants et les colorants dans lesquels baignent les poissons vont franchir le filet et se dissiper dans les eaux avoisinantes. Ceci est sans compter que chaque année, une quantité indéterminée de poissons s'échappent de leur enclos, créant un problème d' «espèces envahissantes», c'est-à-dire, une espèce qui devient nuisible à la biodiversité de l'écosystème.

En revanche, les systèmes de bassins fermés (lorsque la pisciculture est sur terre), créent une barrière entre l'élevage et son environnement naturel, permettant d'éliminer le contact avec un plan d'eau fraîche ou salée. Ceci est la méthode qu'a choisie la compagnie Kuterra. Non seulement leur méthode permet de garder leur plan d'eau propre, mais l'eau rejetée de leurs opérations est toujours traitée avant d'être libérée vers un lit de gravier sur leur propre propriété.

Résultant de cette méthode innovatrice, les saumons atlantiques ne sont pas exposés aux parasites et les pathogènes retrouvés dans les populations sauvages. Ainsi l'équipe Kuterra n'a besoin d'utiliser aucun antibiotique, de bain médicinal ou de pesticides au cours du processus d'élevage. Grâce au contrôle de la température, du niveau d'oxygène et de la circulation d'eau, la vitesse de croissance est accélérée, et les saumons grossissent à la taille de marché en un an au lieu de deux. Cela résulte en une diminution de 30% de consommation d'alimentation que mangent les saumons. Il faut aussi ajouter que le fait que les poissons atteignent leur taille plus rapidement est la preuve qu'ils vivent dans un environnement en excellente condition, car c'est un signe qu'ils ne subissent pas de stress. En somme, les poissons auxquels on évite le stress mangent mieux, grossissent à leur taille normale, développent de bons tonus musculaires, ne perdent pas leurs écailles et ne développent pas de nageoires érodées.

Bien sûr, la question la plus importante à se poser est celle de l'énergie que requiert l'opération de Kuterra. En fait, la compagnie a très bien su réussir à ne rien gaspiller. La pisciculture utilise un système de « recirculation » qui signifie que très peu d'eau est utilisée et que 98% de l'eau qui traverse le système est recyclée. Ensuite, ils ont installé un système géothermique capable de rafraîchir ou de chauffer l'eau. Lorsqu'il y a un excès de chaleur, celui-ci peut être redirigé vers d'autres parties de l'établissement. Les piscicultures intérieures diminuent les coûts de transport et le besoin d'une génératrice au diésel (exceptée en cas d'urgences). Au cours des opérations, tous les résidus solides générés sont à la fin collectés, compostés et vendus comme fertilisant.

Bien que l'idée du saumon atlantique pêché sur la côte ouest semble inhabituelle, c'est le poisson le plus simple à élever, et il grandit plus vite que son cousin de l'ouest. La Première nation Namgis a entrepris cette démarche afin d'être les mieux classés parmi leurs pairs en termes de durabilité, tel que défini par le certificateur indépendant Aquarium Monterey Bay, basé en Californie, l'approbation d'Ocean Wise, SeaChoice et Seafood Watch pour l'option la plus verte. Ces derniers s'assurent de distinguer les producteurs qui sont les plus responsables et écologiques. Leurs critères soulèvent surtout les questions de l'impact sur l'espèce élevée, l'efficacité de la gestion de la pisciculture, l'impact sur les écosystèmes futurs, les méthodes de productions, l'utilisation des produits chimiques, la gestion de l'eau rejetée, et l'alimentation des poissons, parmi d'autres. Le point essentiel à retenir est que ces organismes font beaucoup d'efforts pour augmenter la traçabilité et améliorer l'industrie des fruits de mer!

En temps normal, nos littoraux sont remplis de piscicultures et cette industrie est en pleine croissance. En Colombie-Britannique uniquement on compte en moyenne 85 aquacultures à filet ouvert en opération en tout moment. Sur le marché, environ 50% des fruits de mer que nous consommons proviennent des aquacultures. La demande mondiale pour le saumon est en augmentation, mais cela n'a pas besoin d'être au détriment de la sécurité de l'environnement marin qui les (et nous) soutient. Soyons conscients de nos achats, et soutenons des projets comme Kuterra qui élèvent des saumons d'une manière responsable et durable.

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