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Le bon sens a-t-il un prix?

L'histoire débute en juillet 2012, lorsque discrètement - pour ne pas dire en catimini - les Conservateurs du très honorable Stephen Harper adoptèrent une mesure permettant au très prestigieux et sur-financé Ministère de la Défense nationale du Canada de facturer aux provinces et municipalités l'intervention de nos soldats lors de certaines catastrophes naturelles. Pour quelle(s) raison(s) au juste?
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BEIJING, CHINA - FEBRUARY 9: Canadian Prime Minister Stephen Harper talks with Wu Banguo (not in picture), Chairman of China's National People's Congress (NPC) during their meeting at the Great Hall of the People on February 9, 2012 in Beijing, China. Harper is on a five-day trip to China. (Photo by Diego Azubel - PoolGetty Images)
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BEIJING, CHINA - FEBRUARY 9: Canadian Prime Minister Stephen Harper talks with Wu Banguo (not in picture), Chairman of China's National People's Congress (NPC) during their meeting at the Great Hall of the People on February 9, 2012 in Beijing, China. Harper is on a five-day trip to China. (Photo by Diego Azubel - PoolGetty Images)

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L'histoire débute en juillet 2012, lorsque discrètement - pour ne pas dire en catimini - les Conservateurs du très honorable Stephen Harper adoptèrent une mesure permettant au très prestigieux et sur-financé Ministère de la Défense nationale du Canada de facturer aux provinces et municipalités l'intervention de nos soldats lors de certaines catastrophes naturelles.

// PAUSE //

Si je comprends bien, dans l'éventualité où un cataclysme se produisait - par exemple, les inondations du Richelieu survenue au printemps 2011, mais version 2.0 ou encore une tempête du verglas comme nous avons vécu il y a environ quinze ans - notre gouvernement fédéral pourrait, de manière tout à fait discrétionnaire, refiler la facture aux villes et/ou provinces touchées. Pour quelle(s) raison(s) au juste ? Pour « la simple et bonne raison » que le Département de la Défense canadienne a fait l'objet de réductions budgétaires et que, par conséquent, il n'a tout simplement plus les moyens financiers d'effectuer ce type d'opérations pourtant essentielles, autant pour les populations affectées, que pour assurer l'intégrité symbolique de notre armée.

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Selon les Conservateurs, cette mesure, concernant la facturation de nos troupes canadiennes, a pour objectif d'optimiser les dépenses liées à la Défense. Le gouvernement, comme tous les citoyens canadiens d'ailleurs, est soumis à un régime d'austérité ; ce que plusieurs politiciens ont osé appeler avec un brin d'hypocrisie « le serrage de ceinture ». En ce sens, le gouvernement canadien doit donc de manière préventive procéder à des compressions budgétaires dans certains domaines. Réductions budgétaires disais-je ? ... Pourtant dans les dix dernières années, le budget de la Défense nationale canadienne est passé de 7,4 milliards CAD en 2002 (Atlas stratégique, 2004) à un peu plus de 20 milliards CAD en 2012 (Secrétariat du CTC, 2013), un accroissement substantiel des dépenses militaires entre le règne des Libéraux et celui des Conservateurs.

// PAUSE //

Le problème n'est certainement pas le désir d'optimisation du fédéral, loin de là...Le concept derrière cette entreprise de saine gestion est louable. Toutefois, l'idée de demander à une municipalité ou encore aux gouvernements provinciaux d'éponger les coûts liés à la mobilisation de troupes en cas de désastre naturel est hors de tout doute inacceptable. Une réaction prévisible, une réplique à laquelle s'attendait le gouvernement et qui figurait comme tactique bien orchestrée au cœur d'une stratégie globale.

⊗ STOP ⊗

Je m'explique... Je ne suis pas un partisan de la théorie du complot, mais cette histoire a tout d'un jeu de pouvoir où l'enjeu est la légitimation du pouvoir. Voici ma vision des choses, mais espérons toutefois que ça ne soit qu'un mauvais rêve...

Le gouvernement conservateur a délibérément créé une crise à des fins politico-économiques. Cela dit, depuis l'adoption de la mesure, visant la facturation de nos militaires, jusqu'au dévoilement récent de celle-ci, les Conservateurs ont joué la carte de l'impéritie citoyenne. Ils ont ainsi fait le calcul politique de l'ignorance et de l'incapacité réflexive de monsieur et madame tout le monde, premièrement en annonçant le manque a gagner du budget de fonctionnement de la Défense canadienne, instituant dans l'imaginaire populaire un manque flagrant de financement pour notre armée, et deuxièmement en adoptant et dévoilant cette mesure abominable qui privilégie la facturation des parents pauvres du système gouvernemental (les municipalités principalement) au détriment du bon sens collectif et de l'entraide !

Cette guerre des esprits, montée de toute pièce par notre gouvernement, a comme finalité l'obtention de la légitimité nécessaire à l'augmentation du budget de la Défense et par conséquent au renforcement de la valorisation militaire. Comme pour beaucoup de dossiers, l'objectif ultime est souvent d'obtenir l'appui de l'opinion publique. Dans le cas présent, l'utilisation de la psychologie inversée (l'inadmissibilité de la mesure aux yeux du peuple afin d'obtenir la légitimité pour accroître le financement) risque de générer les résultats escomptés. Dans cette optique, il ne serait certes pas étonnant que nous apprenions, d'ici quelques mois, le recul du gouvernement, nous expliquant « qu'après une analyse de la situation et suite à la levée de boucliers, le gouvernement a décidé de renoncer à faire payer la mobilisation des soldats en cas de catastrophe naturelle »... Suivi, peu de temps après, de « nous devons procéder à des coupures dans les transferts - disons en culture - afin de palier le manque à gagner du Ministère de la Défense, faisant suite au recul de faire payer les contribuables ».

J'entends déjà certains me vilipender, me dire que le budget de la Défense canadienne est de 20 milliards comparativement à 420 milliards pour nos voisins du sud. Or, n'oublions pas que ces personnes omettent souvent de mentionner que le PIB de la ville de New York est à lui seul supérieur à celui du Canada au grand complet. Le « Bon Sens » n'a définitivement pas de prix...

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