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Dénonciations: les soeurs Boulay reviennent sur «la grande purge» à «Bonsoir bonsoir»

Elles ont livré leurs impressions sur le mouvement qui déferle actuellement sur les réseaux sociaux.
Stéphanie et Mélanie Boulay à «Bonsoir bonsoir».
Facebook/Bonsoir bonsoir
Stéphanie et Mélanie Boulay à «Bonsoir bonsoir».

Les soeurs Boulay étaient de passage sur le plateau de l’émission Bonsoir bonsoir, ce lundi 3 août.

Sujet incontournable des dernières semaines, Jean-Philippe Wauthier a voulu aborder la vague de dénonciations d’agressions et d’inconduites sexuelles avec les deux autrices-compositrices-interprètes. Celles-ci ont d’ailleurs quitté le mois dernier leur maison de disques, Dare To Care Records, dans la foulée des faits reprochés à son président, Éli Bissonnette. Elles ont livré leurs impressions sur le mouvement qui déferle actuellement sur les réseaux sociaux.

«Il y a encore de la colère qui est un petit peu planante, affirme d’abord Mélanie. Je trouve ça poche, après presque 10 ans de carrière, de me retrouver un peu le bec à l’eau. Je me sens un peu trahie. Je sens qu’on a travaillé un peu dans le vide à certains égards.»

Elle enchaîne sur une note positive, en soulignant «qu’il va y avoir du positif au bout de tout ça. [...] Je pense que justement, le fait qu’on est capable aujourd’hui de se dire qu’on recommence à avoir foi, à avoir de l’énergie et de la drive et qu’on a envie de faire des choses, c’est qu’on a envie de laisser ça en arrière.»

Stéphanie, quant à elle, affirme ne pas être encore rendue au point où elle peut réfléchir à ces enjeux de manière rationnelle. «Je suis un peu encore dans l’émotion et je revisite un peu des traumas à travers tout ça», dit-elle.

«Je pense qu’en 2014 et en 2017, les femmes ont crié qu’il fallait que quelque chose se passe. Il n’y a pas grand-chose qui s’est passé», affirme la chanteuse. Elle poursuit en déclarant qu’on ne peut remettre en question la pertinence des réseaux sociaux en tant que moyen d’obtenir justice, «dans le sens qu’en ce moment, c’est le seul moyen qu’on a parce que le système de justice, il faut qu’il nous prouve qu’il est digne de nous recevoir», explique-t-elle.

«Tranquillement, la poussière se dépose et comme toi, dit-elle en regardant Mélanie, je vois beaucoup de lumière. Je pense qu’il reste encore énormément de travail à faire et il ne faut pas se dire “ah, là, il y a des noms qui sont sortis, merci, on continue.” Il y a des noms qui ne sont pas sortis. Il y a des comportements qui vont perdurer», rappelle Stéphanie.

Un manque d’éducation sexuelle

Selon Mélanie, la vague de dénonciations est propice à entamer un processus de réflexion, à se remettre en question. Elle invite tout le monde à «faire un examen de conscience». «Je pense qu’on a vraiment “chiré” sur l’éducation sexuelle et on ne comprend pas bien c’est quoi une sexualité saine», précise-t-elle.

Jean-Philippe Wauthier interroge ensuite les chanteuses par rapport aux réseaux sociaux: sont-ils des lieux adéquats pour laisser place à la suite des choses? «Est-ce qu’il y a assez d’amour sur les réseaux pour qu’on puisse avoir ça ensemble?» demande-t-il.

Stéphanie évoque la double nature des réseaux sociaux; les gens qui se sont exposés sur ces plateformes l’ont fait «dans un point de non-retour. On le sait, la haine qui vient avec tout ça, on sait l’intimidation, les menaces...»

Mais malgré cela, elle témoigne avoir aussi senti beaucoup d’amour sur les réseaux. «Il y a des gens qui se sont confiés à moi sur les réseaux sociaux. [...] Des gens que je ne connais pas m’ont aidée à faire mon chemin, et je les ai aidés à faire le leur. Ça, je trouve ça beau», dit-elle.

La communication entre hommes

Jean-Philippe Wauthier a interrogé les soeurs sur les solutions possibles pour entamer un processus de guérison, de réconciliation par rapport aux enjeux d’agressions et d’inconduites sexuelles. Que peut-on faire?

«Écouter, dit Stéphanie. Il y a beaucoup de survivants, qui sont des survivantes en fait, et en plus d’avoir vécu le trauma, [...] on se ramasse avec des gars ou des personnes qui ont eu des comportements douteux qui se fient à nous pour les éduquer, les guérir, les supporter.»

Mélanie souligne la responsabilité des hommes envers leurs confrères. «Je pense qu’entre boys, gérez-vous. Si tu sais que tu as un ami qui est problématique, tu peux peut-être lui passer un petit coup de fil. Ou même toi, [...] plutôt que d’aller voir une fille pour lui demander “eh qu’est-ce que tu penses de ça?”, peut-être que d’appeler un gars, c’est une meilleure idée.»

«Et aussi, juste de s’éduquer; écouter, oui, mais faire ses propres recherches, parce que c’est vrai qu’il y a une grande charge mentale en ce moment qui repose sur les épaules des filles.»

Une rédemption possible?

En terminant cette portion de l’émission, l’animateur a demandé aux soeurs Boulay s’il est réellement possible de trouver la rédemption, lorsqu’on est un agresseur.

Pour Stéphanie, c’est tout à fait possible, tant que l’on reconnaît ses erreurs et que l’on pose des gestes clairs pour changer. «Là où il y a un problème, c’est quand la personne refuse de prendre la part de blâme qui lui revient; on en a vu, là je n’y crois pas. Mais à partir du moment où on sait qu’on a mal agi et qu’on a eu des comportements répréhensibles, qu’on l’assume, et qu’on essaie d’avancer là-dedans en faisant moins de dommage dans l’avenir, il faut y croire.»

Bonsoir bonsoir! est diffusée du lundi au jeudi à 21h, sur les ondes d’ICI Télé.

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