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Le «gros défi» de la CAQ: réaliser ses promesses en pleine pénurie de main-d'oeuvre

«On n’est pas capable de livrer tout ce qu’on veut faire et là, on en rajoute. Ça va être difficile.» - Marie-Soleil Tremblay, professeure à l'ÉNAP
Le ministre des Finances, Éric Girard, lors du dépôt de son premier budget.
La Presse canadienne
Le ministre des Finances, Éric Girard, lors du dépôt de son premier budget.

QUÉBEC - Financer la santé et l'éducation, c'est bien, mais exécuter les promesses contenues dans le budget, c'est mieux.

Après avoir annoncé de nouvelles sommes colossales pour la petite enfance et les aînés en perte d'autonomie, encore faudra-t-il que le gouvernement trouve du nouveau personnel rapidement pour combler ces emplois, selon deux experts consultés par le HuffPost Québec.

«On n'est pas capable de livrer tout ce qu'on veut faire et là, on en rajoute. Ça va être difficile», prévient Marie-Soleil Tremblay, fellow comptable professionnelle agréée et professeure à l'École nationale d'administration publique (ÉNAP).

«Ce sera le gros défi du gouvernement et c'est ce qui permettra de réaliser - ou non - les engagements qu'il prend aujourd'hui.»

Courtiser les travailleurs expérimentés

Le premier budget de la Coalition avenir Québec (CAQ) prévoit de généreux crédits d'impôts pour travailleurs expérimentés. De l'avis du ministre des Finances, Éric Girard, le maintien des aînés de 60 ans et plus sur le marché du travail aidera à combler quelque 90 000 postes au Québec.

Mais cette mesure ne permettra pas de régler le problème, prévient Guillaume Hébert, chercheur à l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS).

«La rareté de la main-d'oeuvre est sur toutes les lèvres et le gouvernement n'a pas de réponse plus convaincante que d'habitude sur cet enjeu-là. Ce ne sont pas les personnes âgées qui vont répondre à [la pénurie]», fait-il valoir.

Ce n'est pas clair que ce sont ces travailleurs expérimentés qui vont devenir, par exemple, des préposés aux bénéficiaires ou des infirmières ou qui vont aller travailler sur les chantiers de construction.Marie-Soleil Tremblay, professeure à l'École nationale d'administration publique.

Et les immigrants?

Le premier budget Girard prévoit également 730 millions investis dans les cinq prochaines années pour favoriser une meilleure intégration au marché du travail.

Le hic, c'est que ce «nouveau parcours personnalisé» prendra encore du temps à mettre en place et que le Québec accueillera moins d'immigrants en 2019, tel que promis par la CAQ.

L'IRIS se désole de ne pas voir des mesures ciblées pour lutter contre la discrimination à l'embauche dans le budget, afin de permettre aux immigrants et aux personnes racisées déjà au Québec de se trouver un emploi.

La formation continue

L'autre solution pour lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre serait d'inciter les jeunes ou moins jeunes à retourner aux études pour apprendre un métier en demande.

À cet effet, cinq millions $ sont consacrés dans le budget pour que les établissements postsecondaires offrent une meilleure adéquation entre la formation et les besoins du marché.

Ce sont de «très petits montants qui ont été octroyés pour ce faire», commente Mme Tremblay.

Dans l'ensemble, la professeure de l'ENAP donne une bonne note à ce premier budget Girard, qu'elle juge «habile». Elle ajoute cependant que «c'est rare qu'on rentre avec une telle marge de manoeuvre» et qu'il est donc plus facile de maintenir ses promesses dans un tel contexte.

«Le risque va être dans l'exécution, parce que [ce budget] est labour intensive, très dépendant des travailleurs», conclut-elle.

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