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Le déconfinement n'est pas le «monde d'après» espéré, c'est le «monde d'avant» qui reprend

Comme si ce que nous avons vécu n’était rien et que tout repartait à la normale.
iprogressman via Getty Images

Je me disais que les premiers jours du déconfinement ne changeraient pas grand chose – pour moi, au début. Puis peu à peu, on a observé que le monde aspirait à revenir au monde d’avant. Aujourd’hui, c’est bel et bien ancré: aux premiers jours du déconfinement, beaucoup de monde se précipitent dans certains magasins, selon ce que j’ai pu voir… Ici, nous nous sommes offerts le luxe d’aller acheter un barbecue (Waouhhh! On n’en avait plus depuis l’an dernier. J’avais très envie, vu le beau temps, de grillades.)

Petit à petit, j’ai repris le chemin des courses: toujours des produits locaux pour le frais, mais plus de livraison. J’essaie de retourner en supermarché parce qu’au moins, j’ai ce que je veux, sans manque. Et quand je vais faire mes courses, je constate beaucoup de relâchement: plus de masques, ou très peu, pas de distanciation respectée. Je comprends qu’on puisse penser que c’est bel et bien fini, et j’aime croire que c’est bel et bien vrai, mais restons prudents pour le moment!

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Mais le plus dur, c’est de voir un certain retour à la normale, comme si ce que nous avons vécu n’était rien et que tout repartait comme avant: j’aurais aimé, souhaité que cette parenthèse nous invite à penser, à réfléchir différemment, que les gens se recentrent sur l’essentiel, mais c’est un voeu pieux!

L’égoïste restera égoïste, le consommateur effréné continuera sur sa lancée (en rattrapant même le temps perdu!), etc. Et ça me fout un coup de bourdon. Oui, j’ai le cafard.

Peur du lendemain

Je n’ai pas peur du déconfinement, même si j’appréhendais un peu les choses. Maintenant, je suis clairement rassurée, je pense qu’on est sur le bon chemin (quant à cet automne, là, personne parmi les médecins et scientifiques ne peut nous dire ce que ça donnera). Mais j’ai peur de ses lendemains: peur de ce que ça va donner pour l’économie, de manière globale, sur les emplois, l’humeur...

Mais aussi peur pour la planète: qu’est-ce que ça lui a fait du bien! Deux mois de répit comme jamais: les abeilles n’ont jamais produit autant de miel que ce printemps, d’après les apiculteurs, les animaux ont pu vivre sans la crainte d’être chassés et je ne parle même pas de la pollution qui a clairement bien diminué (non, mais vous vous rendez compte qu’on voyait les sommets de l’Himalaya depuis l’Inde, chose qui n’arrivait plus depuis 100 ans!).

“Certaines choses ne tournaient pas rond, il serait temps d’y mettre un terme.”

Bien sûr, on ne peut pas tout arrêter, la consommation, la circulation, la vie en somme, mais certaines choses ne tournaient pas rond, il serait temps d’y mettre un terme.

Un de mes grand regrets, par exemple, c’est de voir que le plastique, qui a clairement été battu, combattu à corps et à cris ces derniers mois (avant la COVID) a fait un grand retour en force: sous prétexte d’être l’arme hygiéniste par excellence, il a de nouveau été érigé comme le rempart contre le virus. Sauf que les études scientifiques (relayées par les médias grand public) ont montré que le coronavirus SARS-Cov2 survivait le plus longtemps sur du plastique. Donc niveau protection, bof, hein…? C’est un peu désolant, même si je comprends la nécessité de se sentir protégé et en ce sens, l’usage unique, le suremballage nous donne cette illusion….

Entre positive attitude et inquiétude

Bref… J’ai évidemment envie, comme tout le monde, que tout aille mieux dans le meilleur des mondes et je suis très positive pour ça, mais malgré tout, j’ai un pincement au coeur. Ce que je viens d’exposer entre en partie dans ce «vague à l’âme», mais pas que.

L’impression que les jours de certains ne seront pas heureux (je ne parlerai pas – volontairement – de ce qui se passe aux États-Unis, je suis révoltée, mais impuissante et je ne comprends pas).

Le pire, je ressens (et je vois) de l’inquiétude, une inquiétude indéfinissable, injustifiée parfois chez ceux pour qui ça va «plutôt bien», je veux dire qui n’ont pas eu de soucis de santé, qui n’ont pas eu de soucis d’argent (les deux choses – on va dire – essentielles pour beaucoup d’entre nous en ce moment – il faut être clair, la santé sans virus et la possibilité de finir le mois sans se soucier de pouvoir manger, c’est quand même essentiel…) et je me dis que l’on devrait tous être le moteur d’une sorte de résilience…

Parfois, ceux qui ne vont pas si bien essaient (en apparence du moins) d’aller bien, de remonter le moral de ceux qui se noient dans un verre d’eau (même si on ne sait jamais tout des gens, mais pour certains, quand on les connaît bien…). Et vous, vous vous sentez comment depuis ce déconfinement? Heureuse, malheureuse, dans l’attente, déconfite?

Ce texte a initialement été publié sur le HuffPost France.

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