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David La Haye dans la peau d'un tueur à gages aimant s'habiller en femme

«Luc Picard m’a choisi, parce que je peux avoir l’air fragile et délicat, et jouer une grande violence en même temps...»
Christal Films Productions Inc.

Un peu plus de deux ans après sa sortie publique, David La Haye est bien de retour – pour son plus grand bonheur – au petit et au grand écran. Qui plus est, dans de beaux rôles de composition, des êtres tourmentés, durs, violents et brisés. C’est le cas dans le film Gallant: confessions d’un tueur à gages où son personnage de tueur porté par une rare violence vient prêter main-forte au «héros» interprété par Luc Picard, qui réalise également le long-métrage.

Un homme violent aimant s’habiller en femme

«Je ne peux rien confirmer, mais il est certain que ma sortie publique a changé la donne, explique David La Haye. J’ai fait cette sortie, on m’a envoyé une lettre me disant que j’étais un bon acteur et un acquis pour le cinéma québécois. Il n’y a qu’une seule personne à la SODEC qui avait passé un mot, mais qui m’a quand même barré de plusieurs premiers rôles pendant 12, peut-être 15 ans. Cela m’a fait énormément mal personnellement et au niveau de la visibilité, de l’argent, de la carrière et aussi de la confiance en soi. Là, ça recommence donc oui, il y a sûrement une incidence entre la sortie et le fait que maintenant je suis de retour dans ma grande passion: faire du cinéma. Pour moi, c’est le rêve en ce moment.»

Ce rêve, il s’est réalisé avec des rôles d’hommes durs dans les séries Mirador et Les pays d’en haut, et se poursuit maintenant avec Gallant. Un long-métrage dans lequel le comédien prête ses traits à un «homme d’une impulsivité, d’une agressivité et d’une violence évidentes», à l’antithèse du personnage ultra structuré et fade interprété par Luc Picard (Gallant).

Ce personnage n’ayant pas réellement existé (au contraire de Gallan,t qui est reconnu comme l’un des plus grands assassins du Québec de cette époque), le comédien explique l’avoir composé en créant un amalgame de plusieurs tueurs imaginés.

«Il vient d’un petit village, il a toujours eu une sexualité ambiguë. On peut imaginer que c’est quelqu’un qui a beaucoup souffert dans son petit patelin. Il s’en est sorti en faisant des vols, puis des meurtres. Il devient l’adjoint de Gallant, son assistant sur certains meurtres. Alors que le héros tue de manière très cartésienne et en étant très préparé, il est plus fantaisiste, plus wild et plus fou.»

Assez fou pour se pointer habillé en femme (jambes longues et perruque à la coupe au carré) lors d’un certain meurtre, sans avoir averti son partenaire au préalable. Une façon d’exploiter le côté très maniéré, fragile et sensible de ce personnage pourtant très violent, décrit comme une écharde dans le pied de Gallant.

«Il n’a pas nécessairement l’air d’être une femme, car il n’est vraiment pas raffiné. Par contre, il prend plaisir à marcher comme une femme lorsqu’il sort de la voiture. Je me suis pratiqué à marcher comme un mannequin, à mettre un pied devant l’autre pour que ça fasse de petites jambes, car la caméra remonte sur mes jambes. J’ai quand même de belles jambes (rires). On croit d’ailleurs pendant 10-15 secondes que je suis une femme. Je crois que Luc m’a aussi choisi pour cela; parce que je peux avoir l’air fragile et délicat, mais que je peux jouer une grande violence en même temps.»

L’artiste explique qu’il tente ici de composer «quelque chose où la violence du personnage n’a d’égal que la souffrance qu’il a vécue étant petit». Son personnage n’étant pas doté d’un grand quotient intellectuel, il ajoute que le long-métrage porte beaucoup sur la pauvreté : intellectuelle puis financière, ces gens acceptant de tuer en échange de montants dérisoires.

Un autre personnage brisé dans le film De guerre lasse

David La Haye considère comme un très beau cadeau ce personnage qui lui demande de faire passer dans son regard le fait que cet homme très violent est aussi brisé à l’intérieur.

«Un peu comme tous les personnages que je fais d’ailleurs, que ce soit dans Blue Moon ou dans Mirador, ajoute-t-il. Ce sont des gens qui sont très durs, car cela vient d’une cassure ou d’une souffrance quelque part.»

Celui qui avait rasé sa longue barbe et coupé ses cheveux pour interpréter le méchant curé des Pays d’en haut a ainsi remis cela pour ce rôle de tueur aimant parfois s’habiller en femme. Il coupera le tout encore plus court pour son prochain projet, De guerre lasse, un film de Nicolas Roy dans lequel il interprétera un sergent militaire.

«Il s’agit d’un huis clos entre une jeune recrue de 20 ans et un sergent ayant un trouble de l’attachement. Il forme des recrues au quart de tour, en leur rentrant dedans et en étant très dur avec eux, mais il développe en même temps une affection, un désir avec une jeune recrue. On aborde le rapport trouble entre la domination, le pouvoir d’un militaire sur un autre et le désir que les personnages ont l’un pour l’autre.»

«C’est l’histoire de leur relation qui survient, même si elle est trouble et basée sur un rapport de dominant dominé, poursuit celui qui vient tout juste de commencer un entraînement militaire. C’est un film sur deux âmes cassées, deux personnes qui sont incapables de s’attacher et d’avoir une relation amoureuse simple, saine et normale.»

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