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Cruelle critique: le dernier «Star Wars» à l'intention des non-fans

La première impression qui m'a frappée lors de ce marathon est comment les trois premiers films tournés possédaient peu de qualités cinématographiques, même pour l'époque. L'intrigue est simpliste et truffée d'incohérences...
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Cette critique révèle des éléments clés du scénario. Si vous ne voulez pas les connaître, veuillez ne pas lire plus avant.

J'ai assisté à la toute première présentation du dernier Star Wars (titre officiel Star Wars, Episode VII: The Force Awakens, en français Star Wars, épisode VII: Le Réveil de la Force) lors du marathon Star Wars des sept films de la série dans l'ordre de l'histoire, épisode I, II, III, etc, et non de leur parution. Plus de 15 heures de films.

Rassurez-vous, je suis arrivé en plein milieu et heureusement pour ma santé mentale je me suis évité les premiers films, mais ce fut un curieux retour vers le futur de voir l'épisode VI: le Retour du Jedi, tourné en 1982, être suivi immédiatement de sa suite tournée plus de 30 ans plus tard.

Je dois préciser que je vois toujours les films en version originale, dans ce cas-ci en anglais, et j'avoue que je n'ai jamais préféré une version traduite à l'originale. Ce qui implique que si je n'ai pas aimé l'originale, je ne pourrai pas être plus clément pour la version traduite.

Je ne suis pas un grand admirateur de la série, même si j'aime le thème de la science-fiction (mon film préféré est 2001: A Space Odyssey) et en tant qu'épopée galactique, je préfère les Star Trek. Mais les Star Wars sont des films à grand déploiement remplis des meilleurs effets spéciaux du moment, et comme phénomène social, ils ne sont pas à ignorer. C'est pourquoi j'ai visionné les 6 précédents films au moins une fois et le tout dernier pour cette critique.

La première impression qui m'a frappée lors de ce marathon est comment les trois premiers films tournés possédaient peu de qualités cinématographiques, même pour l'époque. L'intrigue est simpliste et truffée d'incohérences, la science montrée est carrément fausse ou fictive quand elle ne défit pas des lois physiques immuables, les dialogues sont insipides et le jeu d'acteur est délaissé au profit des effets spéciaux qui ont mal vieilli pour 2015. Leurs seules qualités sont la représentation colorée et florissante de ces mondes d'une galaxie lointaine (où les mystérieuses lois de l'évolution font parler tout le monde en anglais, mais soyons sérieux, je pardonne cette improbabilité au nom de simplifier le scénario). La multitude des races, de leurs coutumes et costumes est plus intéressante que l'histoire shakespearienne.

Aux fins de ma démonstration, rappelons l'intrigue de la plupart des films. Les méchants sont puissants et prêts à l'offensive. Les bons sont faibles, en défensive, mais rusés. Les méchants possèdent une arme qui détruit des planètes, au stade de prototype. Une ou des planètes sont détruites pour montrer que les méchants sont sérieux dans leur démarche destructrice. Les bons et les méchants utilisent une magie qui est plus forte du côté des bons, car ce sont les bons. L'arme des méchants, hyper défendue, a un talon d'Achille que les bons peuvent exploiter. Les bons exploitent cette faiblesse. De justesse, ils détruisent l'arme des méchants. Les bons gagnent. Célébration. Crédit.

Entretemps, il y a des personnages dans l'histoire qui vivent chacun leur drame pratiquement indépendamment de la bataille entre les deux factions. Il y a des éléments comiques. Il y a un sage avec un message philosophique. Il y a le baiser de Hollywood (Hollywood kiss). Il y a de la tension érotique très légère. Il y a des interrogations freudiennes. Et une analogie au nazisme.

Je viens en fait de résumer le dernier film, Le Réveil de la Force. J'ai approché cette oeuvre cinématographique comme le cinéphile que je suis qui adore Woody Allen depuis Annie Hall et le déteste périodiquement depuis Everyone Says I Love You. Qui considère Todd Haynes comme un des meilleurs réalisateurs récents. Qui qualifie Werner Herzog de génie et de fou à la fois. Qui juge que Robert Lepage (en cinéaste) aurait dû recevoir la même gloire que Xavier Dolan reçoit présentement. Qui perçoit chez Denis Villeneuve, un certain fétichisme des femmes en situation d'impuissance.

Une critique de Star Wars, épisode VII: Le Réveil de la Force

Réalisé par J.J. Abrams, le spécialiste des reboots (Star Trek) et films de monstres (Cloverfield, Super 8), il voue une admiration sans bornes pour la franchise Star Wars et cela se voit par sa copie presque parfaite du premier Star Wars (Épisode IV). Et c'est là le problème, l'épisode VII est en fait l'Épisode IV pour la nouvelle génération de 2015 qui n'était pas né en 1977. Pas beaucoup d'effort a été appliqué à faire différent. Même la scène du bar a été reprise, peut-être le plus pertinent clin d'oeil à l'une des meilleures scènes de la franchise.

Comme je disais précédemment, la grande histoire est l'offensive des méchants doit être contrecarrée par la destruction de leur arme qui anéantit les planètes. C'est en fait un prétexte pour présenter l'autre histoire au niveau individuel de cette famille déchirée entre le bien et le mal et des demis-dieux nés de l'union de mortels et de bénis. Une tragédie grecque.

Le patricide que j'appréhendais vers la fin (j'aurais été agréablement surpris du contraire) m'a laissé de glace, y voyant un détail de contrat de stars hollywoodiennes à honorer ou pas pour les futurs épisodes VIII et IX et probablement les spin-offs, antépisodes et autres objets de marketing d'Hollywood.

Le jeu des acteurs

On s'attend d'un film de science-fiction d'effets spéciaux spectaculaires, de grands vaisseaux, de grandes explosions et de races extra-terrestres plus diverses les unes que les autres. On a tout ça. Mais qu'en est-il du jeu d'acteur, peut-on y trouver un plaisir?

Me rappelant les films des années 80, la qualité de l'interprétation laissait beaucoup à désirer et heureusement Harrison Ford (Han Solo), cet ex-charpentier, a énormément amélioré son jeu depuis 1982. Cela se révèle dans ce dernier Star Wars quoique les dialogues simplistes n'offrent une chance à aucun acteur d'exceller. Carrie Fisher (Général Leia, aussi princesse et mère d'un des demis-dieux) semble fatiguée et joue sur un ton trop doucereux étant donné les enjeux galactiques autour d'elle. Quant au troisième ancien acteur, Mark Hamill (le fameux Luke Skywalker, mon surnom pendant des années), il n'a qu'un rôle muet, je n'en dis pas plus, mais j'ai eu l'impression qu'on a volé mon argent.

Les nouveaux acteurs aussi importants, au nombre de quatre, ne prédisent pas un Benedict Cumberbatch dans leur rang. Quoique Oscar Isaac, la révélation de Inside Llewyn Davis des frères Cohen a déjà prouvé son talent dans A Most Violent Year (l'époustouflant magnat du stockage pétrolier tentant d'obtenir la fortune par l'honnêteté). Ici, il est sous-utilisé dans le rôle de l'invincible leader des pilotes rebelles.

Le noir de service, oui je sais, c'est terrible dire ça, mais c'est ce que les bonzes de Hollywood ont trouvé pour attirer la clientèle noire à Star Wars, est un inconnu nommé John Boyega. Il offre une performance très physique et c'est intéressant de le voir suer pour vrai dans le désert (il a souffert vraiment durant ces scènes).

Quand à l'élément féminin (grosse révélation du scénario, ne pas lire plus loin), Rey, probablement la fille de Luke Skywalker (mais qui est la mère?) interprétée par Daisy Ridley est aussi une jeune inconnue. Dans la lignée des Katniss Everdeen (Hunger Games) et Beatrice Prior (Divergent), elle incarne la femme forte, tout juste sortie de l'adolescence, qui met de l'avant ses capacités de résilience plutôt que son charme. C'est une nouvelle mode à Hollywood, qui semble attirer une clientèle féminine assez importante pour le plus grand bonheur de ceux qui empochent les recettes.

Le vilain Kylo Ren, descendant de Darth Vader, est un jeune premier, Adam Driver, qui nous sera surement plus familier après le succès du retour de la franchise. Contrairement à Anakin qui était complètement défiguré, Kylo Ren est très beau et le scénario commet l'erreur de le démasquer trois fois plutôt qu'une, c'est à se demander à quoi sert son masque.

Tous ces jeunes acteurs, surement plus talentueux que ce que la réalisation leur permet ici, manquent encore d'assurance et de charisme. Aucune performance ne se démarque par rapport à l'écrasante omniprésence des scènes d'actions et effets spéciaux. J'ignore volontairement les R2-D2, BB-8 et autres entités métalliques.

De troublants clichés parsèment le film, comme le combat sur une passerelle, la bibitte style Cloverfield (un tic de Abrams), la démonstration nazie à l'extérieur et la base ennemie vulnérable au bout d'un long tunnel à parcourir. Ça n'aurait rien coûté de faire différent, mais il semble qu'Hollywood a horreur des nouveautés.

Le verdict

Si vous êtes un cinéphile qui comprend pourquoi Citizen Kane est un chef-d'oeuvre et vous n'avez vu aucun Star Wars, n'allez pas voir celui-là.

Si vous êtes un admirateur, vous avez déjà votre billet.

Si vous êtes curieux du phénomène médiatique, allez constater par vous-mêmes.

Si vous n'êtes dans aucune de ces catégories, attendez une soirée à rabais, le DVD ou un chèque-cadeau.

4/10

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