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«Le Roi lion»: visuellement époustouflant, mais...

Un tour de force technique qui ne réserve malheureusement aucune surprise.
Disney

Les quatre plus gros succès de l’année jusqu’à maintenant au box-office nord-américain (Avengers: Endgame, Captain Marvel, Toy Story 4 et Aladdin) ont un point en commun: ils ont tous été produits par les studios Disney.

Et cette domination va se poursuivre cette semaine lorsque sortira la nouvelle version très attendue de l’intemporel Roi lion, les experts prédisant que la méga production cumulera des recettes avoisinant les 200 millions de dollars au cours de son premier week-end en salles.

D’ailleurs, contrairement aux récents remakes produits par Disney, Le Roi lion demeure dans le créneau de l’animation. Un film d’animation ultra réaliste jouant avec notre perception de ce qu’est une «prise de vue réelle», mais un film d’animation quand même.

Évidemment, Le Roi lion version 2019 raconte exactement la même histoire, de la même façon - à quelques petits détails près - que le dessin animé de 1994.

Mais autant le résultat était prévisible, autant le film de Jon Favreau (Iron Man, Le livre de la jungle) fait trop peu pour éviter les problèmes qui lui pendaient au bout du nez avant même sa mise en chantier.

Le jeu des comparaisons

Au même titre que l’original, le film de Jon Favreau s’impose d’abord comme une impressionnante démonstration technique. Vous serez stupéfait par le niveau de réalisme des images de synthèse, comme vous avez pu l’être vingt-cinq ans plus tôt par la grande qualité de l’animation du film original.

Beaucoup de soin et d’énergie ont visiblement été accordés à la reproduction du comportement et de la gestuelle des différents animaux mis en scène.

Mais ces prouesses technologiques ont leurs limites dans ce cas précis, car elles restreignent grandement l’émotivité de l’ensemble. Un contraste d’autant plus flagrant considérant que le film de 1994 était souvent plus grand que nature à cet égard.

Les mouvements parfaitement reproduits et l’absence d’expressions faciales venant quelque peu compliquer l’adhésion du public à l’histoire qui lui est racontée et son attachement aux personnages, les voix finissent par devoir jouer un rôle beaucoup plus marqué sur le plan dramatique, tout comme la composition des images qu’elles surplombent.

À ce niveau, John Oliver en Zazu, Chiwetel Ejiofor en Scar, Alfre Woodard en Sarabi et Seth Rogen en Pumbaa sont définitivement les interprètes tirant le plus leur épingle du jeu.

De son côté, Jon Favreau jongle tant bien que mal avec l’idée de faire un film d’animaux qui parlent en remplaçant les vives couleurs du dessin animé par celles forcément plus ternes de la réalité.Le réalisateur cherche d’ailleurs constamment à pallier certains vides en ajoutant énormément de mouvements et de plans inusités à sa mise en scène pour soutenir, voire amplifier, le rythme et la musicalité de l’ensemble.

Et sur ce plan, Favreau orchestre bien quelques séquences formidables allant au-delà de la simple redite.

Le Scar de l’ère Trump

Évidemment, à un peu plus d’un an des élections présidentielles américaines, nous pouvions nous attendre à ce que le sous-texte politique du scénario soit quelque peu amplifié, notamment en ce qui a trait aux notions de résistance, d’engagement, de responsabilité social, ainsi que de soulèvement contre un leader faisant passer son ego avant toutes autres considérations.

Favreau n’hésite d’ailleurs pas à durcir le ton, à remettre en question certaines notions (notamment le fameux cycle de la vie) et à présenter des images assez poignantes pour soutenir son propos.

Évidemment, nous savons tous comment l’histoire se termine. Après les ténèbres, la lumière.

Ce récit, Favreau le raconte somme toute assez bien, mais ne parvient pas à le rendre transcendant.

Car le public en a vu d’autres en 25 ans. Chaque été, les spectateurs se font servir des images de synthèse toujours plus convaincantes depuis que les super-héros dominent le grand écran.

Le Roi lion demeure, certes, un accomplissement technique considérable, mais auquel il manque une certaine chaleur, un certain entrain, une certaine spontanéité.

La méga production attirera les foules curieuses de découvrir le résultat final, et ne boudera pas totalement son plaisir malgré l’absence de réelles surprises.

Mais une fois l’engouement estompé, lorsque nous aurons l’opportunité, dans quelques années, de revoir et/ou d’introduire nos enfants à la version de 1994 ou à celle de 2019, le choix sera facile.

Le Roi lion prend l’affiche partout au Québec le 18 juillet.

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