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«Aladdin»: loin du désastre redouté, mais...

Un spectacle estival entraînant, mais qui n'a rien de mémorable...
Disney

La nouvelle version d’Aladdin que nous proposent les studios Disney partait avec deux prises contre elle, résultat d’une campagne de marketing particulièrement mal calculée.

Entre les réactions initiales plutôt négatives en ce qui a trait au Génie de Will Smith et la présentation d’effets visuels peu convaincants dans les premières bandes-annonces, le film ne semblait pas avoir bénéficié du même soin que les autres productions du studio sur le plan de la direction artistique.

Heureusement, le Aladdin de Guy Ritchie n’est pas le désastre que les inconditionnels du dessin animé de 1992 ont pu redouter.

Le film réserve sa part de moments où la magie opère, Will Smith campe un Génie sympathique (Will Smith continue de jouer Will Smith, mais c’est suffisant), et il y a une belle chimie entre Mena Massoud (Aladdin) et Naomi Scott (Jasmine), qui incarnent deux personnages devant se battre pour être reconnus à leur juste valeur.

Ceci étant dit, les mêmes questions persistent avec ce énième remake des classiques de Disney.

À VOIR: la bande-annonce du film

Évidemment, le but premier d’une telle production demeure de remplir les coffres des studios avec un minimum d’effort, exploitant la nostalgie d’une génération très attachée à la culture pop ayant bercé son enfance. Génération qui sera curieuse de voir comment les séquences phares du film original ont été reproduites en prises de vue réelles.

Le problème (encore une fois), c’est que l’équipe en charge cherche continuellement à trouver un équilibre entre une vision plus terre à terre de l’univers visité et la charge visuelle venant avec les moments plus spectaculaires.

Et on sent ici que la production aurait pu aller beaucoup plus loin sur le plan du spectacle (notamment en fin de parcours), tout comme les interprètes - bien qu’efficaces - auraient pu offrir des performances beaucoup plus expressives, plus près des traits exagérés des personnages du dessin animé.

Le résultat est également symptomatique d’une époque où les producteurs tentent de justifier le prix exorbitant d’un billet de cinéma en proposant des films plus longs, au détriment parfois du rythme et de l’efficacité narrative.

Si les dessins animés de Disney oscillaient généralement entre 80 et 90 minutes, ce Aladdin version 2019 s’étire pour sa part sur 128 minutes.

Il faut d’ailleurs attendre près de 45 minutes avant de voir le Génie arriver à l’écran, après une entrée en matière se déployant un peu trop sur le pilote automatique, tenant pour acquis que nous sommes familiers avec le matériel original, mais trouvant tout de même le moyen d’étirer la sauce en ajoutant quelques détails superflus.

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Aladdin prend véritablement son envol à partir du moment où le personnage titre et le Génie débutent leur «bromance». Le film trouve enfin son rythme comique, les numéros musicaux livrent généralement la marchandise, et les principaux thèmes du film sont développés d’une manière assez sentie - à défaut d’être très subtile.

Le scénario a également été mis à jour en mettant de l’avant un discours féministe, voyant la princesse Jasmine aspirer à remplacer son père sur le trône d’Agrabah, et non seulement fuir sa solitude dans les bras d’un prince charmant qui serait automatiquement promis au titre de sultan.

Évidemment, Guy Ritchie s’éloigne encore davantage ici des petits gangsters londoniens de ses premiers opus, mais surtout de l’exubérance stylistique de ces derniers, orchestrant une réalisation suffisamment fonctionnelle, mais mécanique, parfois froide, et anonyme.

Le cinéaste britannique passe trop souvent à côté des opportunités d’embrasser pleinement la folie et la surenchère visuelle et dramatique qui auraient dû marquer cette relecture, et de plonger tête première dans l’univers coloré qu’il met en scène.

Un manque particulièrement visible lors des confrontations entre les héros et le sinistre Jafar, dont le potentiel n’est jamais pleinement exploité. L’affrontement final entre Aladdin et le puissant sorcier est d’ailleurs marqué par un manque d’ambitions assez navrant de la part des scénaristes.

Aladdin s’impose malgré tout comme une production estivale entraînante, mais qui n’a rien de mémorable, et qui, malgré ses qualités, ne gagne malheureusement jamais au jeu des comparaisons avec le film original.

Il en aurait fallu beaucoup, beaucoup plus pour nous faire oublier la performance inégalable de Robin Williams.

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