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MA PREMIÈRE CAMPAGNE - Sur une grande table, ma directrice de campagne Marilou et moi avons étalé la carte de la circonscription de Laurentides-Labelle. Devant un territoire si immense à couvrir, j'ai soudainement un petit vertige. Le vertige et l'adrénaline qui l'accompagnent sont semblables à l'émotion que je ressens au départ d'un marathon.
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Sur une grande table, ma directrice de campagne Marilou et moi avons étalé la carte de la circonscription de Laurentides-Labelle. Elle fait 200km du nord au sud, presque autant d'est en ouest, compte 41 municipalités, 3 MRC et le territoire autochtone Mohawk de Doncaster.

Du doigt je longe l'autoroute 15, qui devient la 117 à la hauteur de Ste-Agathe. Cette route est la colonne vertébrale de la région, d'où s'échappent de multiples routes secondaires qui pénètrent l'intérieur des terres. Près de 100 000 personnes vivent dans ces villes et villages. Des hommes, des femmes, des enfants, qui grandissent et vieillissent entourés de lacs et de rivières.

Devant un territoire si immense à couvrir, j'ai soudainement un petit vertige. Le vertige et l'adrénaline qui l'accompagnent sont semblables à l'émotion que je ressens au départ d'un marathon. J'aborderai cette longue campagne avec le même état d'esprit, un pas à la fois, propulsé par l'urgence d'arriver au bout.

Car il y a urgence - urgence d'avoir un gouvernement réellement progressiste à Ottawa.

C'est pourquoi, lorsque je ne travaille pas aux urgences de Ste-Agathe et Rivière-Rouge, je rencontre les gens chez eux, à leur travail, dans leur réalité, pour leur parler de notre vision au NPD. En politique, on dit qu'ainsi on «prend le pouls du terrain». Pour un médecin urgentiste, cette métaphore est lourde de sens.

Loin du glamour d'une entrevue à la télévision, je fais l'authentique travail de terrain, dépliants à la main et téléphone dans la poche arrière, sur la route pendant des heures avec des bénévoles qui croient en ce que l'on est en train de créer : un mouvement vers une société plus juste et plus prospère.

À l'urgence, les gens viennent d'eux-mêmes me voir, mais le contexte se prête peu à la conversation. La campagne électorale, quant à elle, me permet un contact privilégié permettant de discuter avec les citoyennes et les citoyens; tant sur les enjeux de société que sur ceux qui les touchent personnellement.

«C'est donc par convictions et avec l'appui de ma famille que j'ai décidé de mettre mon nom à côté du mot "Candidat". »

Confortablement installé dans un fauteuil, je parle politique avec un gestionnaire à la retraite qui m'a invité à entrer. L'enjeu de l'élection - les gens le comprennent bien - est d'amener à Ottawa des politiques progressistes après 10 ans de règne conservateur.

Alors que je sors de l'appartement, ma directrice de campagne, un peu exaspérée, me glisse qu'il reste beaucoup d'autres portes à faire, beaucoup d'autres gens à rencontrer. Sourire en coin, je lui promets de faire plus vite la prochaine fois. C'est peine perdue, le même manège se reproduit dans le salon voisin alors que j'aborde le prix élevé des médicaments avec une pétillante octogénaire.

Comme néo-démocrate, j'aspire à plus de justice sociale. Je refuse d'envisager comme une fatalité les corridors des urgences bondées, les souffrances inutiles de mes concitoyennes et concitoyens et le gaspillage de nos ressources humaines et financières.

Lors d'une récente garde de nuit à l'urgence, nous avons reçu un homme âgé qui venait d'être retrouvé chez lui souffrant d'une hanche fracturée. Ce dernier avait passé trois jours au sol avant d'être secouru: il était déshydraté, à bout de forces, et nécessitait des soins de réanimation.

Certains voient cet homme comme un patient souffrant d'une fracture de hanche. Il est aussi, et surtout, un aîné en précarité financière, isolé de sa famille et vivant dans une maison qui n'est plus adaptée à ses besoins. Ce dont cet homme a véritablement besoin, c'est d'un accès à un logement abordable et sécuritaire qui correspond à son niveau d'autonomie, et à un régime de pension adéquat.

La population est vieillissante, le gouvernement provincial du Québec manque de ressources financières, et la rareté de l'emploi dans nos localités rurales amène son lot de problèmes sociaux. Des politiques publiques, misant sur la prévention de la précarité financière et de la maladie, éviteraient une partie des coûts humains et financiers liés à des conditions sociales et économiques.

Donc un jour, je me suis dit que j'allais écrire dans les journaux et les magazines médicaux pour sensibiliser les gens aux enjeux en santé, et militer pour améliorer notre système de santé publique. Je suis convaincu que le programme du NPD peut faire la différence. C'est donc par convictions et avec l'appui de ma famille que j'ai décidé de mettre mon nom à côté du mot «Candidat».

J'arrête la voiture sur le bord du chemin, dans le village de Lac-Saguay près de Mont-Laurier, afin d'aller installer une pancarte sur un poteau téléphonique. Mon accompagnateur Gabriel tente, penché par-dessus la pancarte, de fixer l'attache du haut. Un passant nous klaxonne pour nous encourager. À bout de bras, nous sommes pris tous les deux d'un grand rire joyeux: nous sommes nombreux à croire à ce mouvement.

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