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Le déficit du Canada est celui qui augmentera plus rapidement parmi les pays développés, selon le FMI

Mais le gouvernement est entré dans la crise de la COVID-19 avec beaucoup moins de dettes que d'autres nations riches.
Le ministre fédéral des Finances Bill Morneau dans une conférence de presse avec le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, le 18 mars dernier.
DAVE CHAN via Getty Images
Le ministre fédéral des Finances Bill Morneau dans une conférence de presse avec le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, le 18 mars dernier.

Les excellentes cotes de crédit du Canada pourraient être menacées alors que le pays accumule de nouvelles dettes publiques plus rapidement que tout autre pays développé, avertissent des économistes.

Selon les projections du dernier Moniteur des finances publiques du Fonds monétaire international (FMI), l’augmentation du déficit du Canada équivaudra à 12% de la production économique du pays, en incluant les mesures de relance liées à la COVID-19 annoncées par les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada en date de la première semaine d’avril.

«Ce n’est pas nécessairement marqué [lorsqu’on compare avec] le déficit moyen des économies développées. Mais c’est le changement d’une année à l’autre qui se démarque vraiment au Canada », ont écrit mercredi des économistes de la Banque nationale du Canada, Warren Lovely et Taylor Schleich.

«Sur un an, aucune autre économie développée ne devrait subir une détérioration budgétaire aussi importante que le Canada.»

Variation dans les budgets des gouvernements (% PIB):

Le déficit du Canada s'élargit plus rapidement que tout autre pays développé, par rapport à son économie, selon les données du FMI.
National Bank Financial
Le déficit du Canada s'élargit plus rapidement que tout autre pays développé, par rapport à son économie, selon les données du FMI.

La bonne nouvelle est que les gouvernements du Canada sont entrés dans cette crise économique dans une situation financière bien meilleure que la plupart des autres pays développés. La dette publique nette (total des passifs du gouvernement moins ses actifs financiers) représentait 40% de la production économique avant la crise. La moyenne des pays développés était de 107%.

Les projections du FMI montrent que, même après les dépenses de relance de cette année, la dette publique du Canada sera toujours inférieure à la moyenne des pays développés avant la crise.

“De plus, les autorités fiscales souligneraient sûrement que plusieurs mesures sont conçues pour être temporaires”, ont indiqué Lovely et Schleich.

«Pour le Canada donc, la plus grande détérioration budgétaire dans le monde développé en 2020 pourrait faire place à une amélioration budgétaire inégalée d’une année à l’autre en 2021.»

C’est peut-être la raison pour laquelle les gouvernements du Canada se sont montrés plus disposés que d’autres à dépenser pour sortir de la crise.

Le gouvernement fédéral du Canada a annoncé une série de programmes d’aide d’urgence pour les personnes qui ont perdu leur travail et les entreprises qui ont perdu des revenus en raison de la crise. Les estimations les plus récentes suggèrent que les libéraux fédéraux augmenteront la taille du déficit d’environ 200 milliards de dollars cette année.

Les gouvernements provinciaux ont également annoncé plusieurs mesures pour soutenir les ménages en difficulté.

Mais ce ne sont pas seulement des dépenses; les chiffres du FMI suggèrent que le Canada renonce à beaucoup de recettes fiscales. L’apport des taxes de cette année représentera 34,8% de la production économique du pays, contre 40,8% l’an dernier. C’est la plus forte baisse parmi les 35 pays développés et en développement dans les données du FMI.

Cote de crédit à risque

Un des risques de cette montée rapide de la dette est que le gouvernement fédéral pourrait perdre sa cote de crédit AAA tant convoitée. Les économistes de la Banque nationale notent que le Canada a déjà des niveaux d’endettement beaucoup plus élevés que les autres pays ayant cette cote de crédit. L’Australie, par exemple, a été avertie par les agences de notation.

Si un déclassement du crédit devait se produire, le gouvernement du Canada ferait face à des coûts d’emprunt potentiellement plus élevés, ce qui rendrait plus difficile le remboursement de cette importante dette.

“De toute évidence, si nous continuions de gérer des dépenses de déficit fédéral à grande échelle ... lorsque l'économie serait revenue à la vitesse supérieure, l'inflation ferait inévitablement reculer la tête.”

- Avery Shenfeld, CIBC Economics

Mais la Banque du Canada prend des mesures pour que les coûts d’emprunt restent bas. Entre autres choses, elle a lancé un certain nombre de programmes pour soutenir les gouvernements fédéral et provinciaux.

Dans un rapport publié jeudi, l’économiste de la CIBC Avery Shenfeld a indiqué que la frénésie de dépenses de la Banque suffira à aspirer toute la dette supplémentaire que le gouvernement accumule cette année. Cette demande accrue de dette canadienne contribuera à garantir que les taux d’intérêt payés par le gouvernement restent bas.

Toutes ces dépenses déficitaires n’entraîneront pas pour le moment d’inflation dans l’économie, a déclaré Shenfeld, car la demande s’effondre encore plus vite que l’offre. Mais si le gouvernement maintenait ces niveaux de dépenses après la crise, nous pourrions voir une inflation sévère, a averti l’économiste de la CIBC.

«De toute évidence, si les dépenses continuent de gonfler le déficit et [que la Banque du Canada continue d’acheter cette dette], lorsque l’économie repassera à la vitesse supérieure, l’inflation se pointera inévitablement», écrit Shenfeld.

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