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La couverture du Vanity Fair réalisée par un photographe noir pour la première fois

Elle met en vedette Viola Davis et a été photographiée par Dario Calmese, dont l'objectif était de «transmuter le regard blanc sur la souffrance noire en regard noir porté sur la grâce, l'élégance et la beauté».

Le magazine Vanity Fair a chargé un photographe noir de réaliser sa couverture pour la première fois, une étape attendue depuis un long moment pour une publication qui a longtemps résisté aux critiques sur le manque de diversité dans la représentation raciale au sein de ses pages.

La couverture du numéro de juillet/août du magazine, mettant en vedette l’actrice Viola Davis, a été réalisée par le photographe Dario Calmese. Sa photo de l’actrice vise à la réimaginer «à la fois [comme] la Madone noire — associée à l’autonomisation, la transformation et le changement — et comme la déesse grecque Athéna — qui représente la justice, le triomphe et la sagesse.»

«L’image reprend ce récit, transmutant le regard blanc sur la souffrance noire en regard noir porté sur la grâce, l’élégance et la beauté», a-t-il expliqué dans le magazine.

L’image est inspirée d’une photo réalisée en 1863, sur laquelle figure Peter Gordon, un fugitif noir en situation d’esclavage, présentée dans un numéro spécial du Harper’s Weekly produit pendant la guerre civile.

Dans l’article qui accompagne l’image, Mme Davis elle-même a souligné le manque de représentation des Noirs sur les couvertures du magazine emblématique, présent depuis longtemps.

«Ils ont eu des problèmes dans le passé avec le fait de mettre des femmes noires sur les couvertures», déclare Davis. «Mais c’est le cas de beaucoup de magazines, c’est le cas de beaucoup de campagnes beauté. Il y a une réelle absence de femmes noires à la peau foncée. Lorsque vous associez cela à ce qui se passe dans notre culture et à la façon avec laquelle ils traitent les femmes noires, vous encaissez un double coup dur. Vous nous mettez complètement sous une cape d’invisibilité.»

«Mme Davis a raison à propos des femmes noires — et des hommes (et, d’ailleurs, à propos des autres personnes racisées et de celles qui font partie de la communauté LGBTQ+)», écrit la rédactrice en chef de Vanity Fair, Radhika Jones, dans une lettre de l’éditrice présentant le nouveau numéro. «Pendant la majeure partie de l’histoire du magazine, le fait de voir un artiste, un athlète ou un homme politique noir apparaître dans un numéro régulier de Vanity Fair était un événement rare. Dans nos archives, en excluant les numéros spéciaux, on dénombre 17 Noirs en couverture de Vanity Fair, entre 1983 et 2017.»

Le magazine a eu plusieurs formes depuis 1913. Mme Jones écrit qu’«à notre connaissance, il s’agit de la première couverture de Vanity Fair réalisée par un photographe noir.»

Cette étape attendue depuis longtemps a été provoquée par la prise de conscience des inégalités raciales qui ont cours dans de nombreuses industries, y compris les médias — et à Condé Nast, la société mère de Vanity Fair, en particulier.

Le mois dernier, le rédacteur en chef de Bon Appétit, Adam Rapoport, a démissionné après que la journaliste pigiste Tammie Teclemariam a dévoilé une photo raciste de lui. Sa démission a permis d’avoir des conversations plus en profondeur sur la façon dont le magazine a sous-payé et sous-évalué des employés racisés. Le magazine a également exotisé ou assimilé des plats, des ingrédients et des pratiques culinaires issus de communautés de couleurs, notamment en présentant des chefs blancs ou des écrivains culinaires comme de supposés experts.

Quelques jours plus tard, la rédactrice en chef de Vogue, Anna Wintour, a avoué au personnel du magazine que «Vogue n’a pas trouvé suffisamment de moyens pour élever et donner de l’espace aux journalistes, écrivains, photographes, designers et autres créateurs noirs», a-t-elle écrit dans un courriel envoyé à l’interne. «Nous avons également fait des erreurs en publiant des images ou des histoires blessantes ou intolérantes. Je prends l’entière responsabilité de ces erreurs.»

En 2018, après 126 ans, la couverture du magazine Vogue a été réalisée par un photographe noir pour la première fois. La star de la couverture était Beyoncé, qui en avait le total contrôle et a poussé pour avoir un photographe noir, en sélectionnant Tyler Mitchell pour réaliser le cliché de la couverture.

La semaine dernière, Vogue a révélé sa plus récente couverture, qui met en vedette la gymnaste Simone Biles, photographiée par la légendaire Annie Leibovitz. Mais certaines personnes ont rapidement souligné que le magazine aurait pu recruter un photographe noir à la place.

Pour sa part, Mme Jones, qui est devenue la rédactrice en chef de Vanity Fair à la fin 2017, a fait pression pour qu’un plus large éventail de stars soit présenté sur sa couverture et dans ses pages. Cela a commencé avec l’actrice et écrivaine Lena Waithe, photographiée par Leibovitz pour la couverture du premier numéro avec Jones à la barre, en avril 2018 — marquant une nouvelle direction pour le magazine.

«Aucun éloge ou censure ne m’affecte, dans mon rôle actuel, autant que l’espoir que nos choix puissent inspirer un jeune — un futur acteur, réalisateur, photographe, écrivain — à poursuivre sa propre vision créative ou à s’imaginer figurer dans nos pages», a écrit Jones. «L’iconographie exerce une influence.»

Ce texte initialement publié sur le HuffPost États-Unis a été traduit de l’anglais.

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