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Coronavirus: quel sera l'impact du printemps sur l'épidémie?

Il est bien connu qu'à l'approche du beau temps, des virus comme la grippe se font plus discrets. Mais pour le coronavirus, rien n'est moins sûr.
Fred Lee via Getty Images

«D’ici avril, ou au cours du mois d’avril, la chaleur en général tue ce genre de virus», avait affirmé Donald Trump le 10 février dernier en évoquant le nouveau coronavirus. Certes, l’arrivée du printemps et la hausse des températures voient la propagation de certains virus ralentir. C’est le cas pour ceux de la grippe ou la gastro-entérite.

Mais il n’en est pas nécessairement de même pour celui à l’origine de la pandémie de Covid-19, le coronavirus Sars-Cov2. «Nous espérons qu’avec un temps plus chaud il ira en diminuant. Mais nous ne pouvons travailler sur la base de cette hypothèse. Nous nous devons de prendre comme hypothèse de travail que cela va devenir de pire en pire», détaillait à l’AFP le 12 mars Anthony Fauci, directeur de l’Institut national des maladies infectieuses.

En attendant, de nombreuses équipes de scientifiques cherchent à savoir quel pourrait être l’impact du climat sur le virus. Voici quelles sont leurs conclusions pour le moment.

Le contre-exemple chinois

Une équipe de chercheurs américains a étudié la propagation du coronavirus Sars-Cov2 en Chine selon les différentes régions et leurs climats. Ils ont remarqué qu’il y avait peu de différences entre les zones humides et sèches.

Sur cette cartographie ci-dessous, plus une zone est humide, plus elle est verte. En parallèle, plus les cercles sont rouges, plus le taux de propagation du virus est important. On remarque que le virus ne semble pas plus se propager dans les zones humides qu’ailleurs.

Surtout, les auteurs de l’étude rappellent que même si le coronavirus était à l’avenir impacté par les températures, l’intervention des services de santé publique est nécessaire pour enrayer la pandémie.

Malgré tout, les scientifiques ont des échantillons avec peu de personnes et n’ont pas beaucoup de recul dans le temps. Il est possible qu’une variation plus importante de l’humidité ait un impact, ou qu’elle doive être couplée avec d’autres facteurs. Bref, c’est encore flou.

Les chercheurs se demandaient si vivre dans une région humide ou sèche avait un lien avec la propagation du Covid-19.
Marc Lipsitch/Mauricio Santillana & al.
Les chercheurs se demandaient si vivre dans une région humide ou sèche avait un lien avec la propagation du Covid-19.

Le cas le plus connu, celui de la grippe

Comme les données sont encore limitées, les scientifiques interrogent aussi ce que l’on sait de précédentes pandémies. Si on prend l’exemple de la grippe H1N1 en 2009, comme le rapporte une étude de l’Université de Harvard le 1er mars, l’été et la chaleur sont des facteurs importants. Par contre, les virus ont tendance à rebondir dès le mois de septembre/octobre.

Si les températures peuvent avoir un impact sur les virus, elles ont également une incidence sur le corps humain. En hiver, notre système immunitaire est moins performant que durant l’été. Avec le retour du soleil, le corps reçoit entre autres sa dose de vitamine D, ce qui améliore les défenses du corps.

L’hygiène de vie est aussi un facteur important pour combattre le coronavirus. Ne pas fumer, manger sainement, bien dormir et faire de l’exercice est important pour aider notre organisme à se défendre.

Mais Sars-Cov2 est un virus similaire à celui de la grippe. C’est pour cela que des chercheurs ont tenté de le comparer à d’autres coronavirus.

Et par rapport aux différents coronavirus?

Une étude du 3 mars a étudié trois types de coronavirus déjà connus pour toucher l’homme, mais de manière bénigne. Ils ont remarqué qu’à défaut de disparaître, ils infectent tout de même beaucoup moins de personnes avec le retour du beau temps. Bref, une courbe similaire à ce que l’on voit sur les grippes pandémiques.

«Pour les coronavirus étudiés il y a une tendance à la baisse pendant le printemps/été, avant un retour en force dès l’arrivée de l’automne», explique Emma B. Hodcroft chercheuse à l’université de Bâle et coautrice de cette étude.

Les scientifiques ont créé un modèle en fonction d'autres coronavirus pour tenter de déterminer l'évolution dans les prochains mois du Covid-19.
Emma B. Hodcroft/Jan Albert &al.
Les scientifiques ont créé un modèle en fonction d'autres coronavirus pour tenter de déterminer l'évolution dans les prochains mois du Covid-19.

Pour le Covid-19, qui est une nouvelle maladie, les chercheurs n’ont pas beaucoup de recul. Mais les simulations faites à partir des 3 coronavirus connus semblent montrer que SARS-CoV-2 pourrait avoir une évolution similaire.

Ne pas compter simplement sur les beaux jours

Malgré tout, Emma B. Hodcroft nuance: «nous n’avons aucune donnée sur le Covid-19 en été, donc on ne sait pas précisément comme ça va se passer». Mais quoi qu’il advienne, les températures ne se débarrasseront pas définitivement de la maladie.

En effet, ce type d’études peut avoir des biais. En plus des températures, les scientifiques pensent que les écoles sont un facteur important dans l’évolution saisonnière des épidémies virales. En prenant l’exemple de la grippe H1N1, lorsque les enfants étaient en vacances, le nombre de cas a diminué. Le taux de transmission a baissé de 35% à ce moment-là rapporte une étude du 8 mars 2012, preuve que les mesures de confinement sont importantes.

La hausse des températures, si elle diminue un peu la propagation du virus, a peu de chance de l’arrêter. Mais elle peut donner un peu de répit pour les services de santé afin qu’ils se réorganisent si le nombre de personnes nécessitant une hospitalisation diminue sur une assez longue période avant un nouveau pic en automne/hiver.

Ce texte a été publié originalement dans le HuffPost France.

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