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Coronavirus et gestion de crise: Legault buteur, Trudeau sur le banc

Le premier ministre Legault, par sa performance, a mis la barre haute pour toutes les interventions du gouvernement du Québec. Quant à Justin Trudeau, il doit recadrer son message avec humilité, expliquer clairement ses décisions et utiliser ses ministres les plus compétents.
Le premier ministre François Legault, le directeur national de santé publique Horacio Arruda, et la ministre de la Santé Danielle McCann
La Presse canadienne/Jacques Boissinot
Le premier ministre François Legault, le directeur national de santé publique Horacio Arruda, et la ministre de la Santé Danielle McCann

Depuis quelques jours, le Québec est en état d’alerte.

Les Québécoises et les Québécois suivent avec rigueur (espérons-le) les consignes du Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique et du premier ministre du Québec, François Legault, le nouveau tandem de la crise du coronavirus.

Ces deux hommes ont rapidement instauré une crédibilité inébranlable et un climat de confiance envers eux qui démontre à quel point ils gèrent cette crise d’une main de maître. Leur communication est claire et teintée d’empathie envers l’effort collectif qui est demandé aux citoyens.

D’ailleurs, vous pouvez être sûrs que leur façon de communiquer durant les derniers jours sera montrée en exemple durant de nombreuses années comme un modèle à suivre en gestion de la communication en situation d’urgence.

Répondre aux attentes qu’on a créées

Et maintenant que les lieux publics sont fermés, que l’isolement est respecté par la majorité et que le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, est fort probablement à 24-48 heures de fermer les frontières aux touristes, quelle est la prochaine étape? Répondre aux attentes que le gouvernement a lui-même créées auprès des citoyens.

En effet, le premier ministre Legault, par sa performance, a mis la barre haute pour toutes les interventions du gouvernement du Québec. Maintenant, on voudra entendre ce qui sera fait pour payer les travailleurs, relancer l’économie et aider les entrepreneurs qui font face à des choix déchirants, et on voudra savoir quand est-ce que nous allons pouvoir reprendre nos activités. Il devra répondre à de nombreuses autres questions qui préoccupent les gens, surtout que la population exigera que les mesures soient mises en place rapidement pour ne pas dire immédiatement.

Il faudra alors que les ministres concernés gardent le même niveau d’empathie pour les personnes directement touchées en leur donnant des informations précises qui répondent clairement à leurs besoins et qui leur permettent de savoir exactement quoi faire. Il faudra également qu’ils aient le même niveau d’empathie que le premier ministre afin de démontrer que la proximité du gouvernement avec les citoyens sera la même à tous les niveaux.

Finalement, et principalement, il faudra qu’ils gardent le même niveau de transparence que celui auquel nous a habitué ce premier ministre qui n’a pas peur de dire qu’il ne sait pas, qui s’explique même pour le gouvernement fédéral et qui a l’humilité de reconnaître ses erreurs lorsqu’il en fait, ce qui justement est loin d’être le cas en ce moment.

Justin Trudeau lors de sa conférence de presse du 13 mars.
Fred Chartrand/La Presse canadienne
Justin Trudeau lors de sa conférence de presse du 13 mars.

Le fédéral doit se replacer

Du côté fédéral, les attentes sont tellement basses présentement, qu’il est encore temps pour le gouvernement de mettre en place une structure de communication beaucoup plus efficace, plus claire et mieux adaptée aux besoins des citoyens.

Il est vrai que jusqu’à maintenant, le gouvernement est très durement traité, notamment à cause d’un manque d’explications claires et compréhensibles, mais aussi car la nature même du gouvernement fédéral et de ses responsabilités le rend moins «utile» que les gouvernements provinciaux.

Reste que, depuis l’annonce de l’isolement du premier ministre et de sa femme Sophie Grégoire, qui a contracté le virus, Justin Trudeau semble avoir de la difficulté à répondre aux besoins des gens. Pourtant, sa première annonce laissait présager une volonté d’accompagner financièrement les provinces, de favoriser la recherche et de s’assurer que l’accès à l’assurance-emploi soit facilité, ce qui est venu soulager les gens.

“Les crises sont pour nos élus l’occasion de se noyer ou de briller auprès de leurs concitoyens.”

Malheureusement, depuis cette annonce, non seulement il y a un manque de clarté sur la fermeture des frontières, sujet sur lequel il est sous une pression constante de la part de François Legault et de toute la population, mais sa situation personnelle prend beaucoup trop de place dans ses interventions, nous donnant l’image d’un leader loin des gens, peut-être même indisponible.

Il doit maintenant recadrer son message avec humilité, expliquer clairement ses décisions et utiliser ses ministres les plus compétents pour accompagner les Canadiens et communiquer avec eux, puisque le confinement ne lui permet vraisemblablement pas de le faire adéquatement. Il n’est pas trop tard, mais il devra intervenir rapidement car après la crise, tout le monde se mettra à la recherche de coupables et il sera dans le haut de la liste en cas de grave propagation.

Les crises sont pour nos élus l’occasion de se noyer ou de briller auprès de leurs concitoyens. Ce sont des situations à haut niveau d’exposition mais aussi très dynamiques et toute position, aussi bonne soit-elle, peut changer très rapidement. Espérons, pour le bien de tous, que les héros actuels continueront à nous impressionner et que les autres finiront par briller eux-aussi.

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