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Consigne élargie: pas de détour en vue pour rapporter ses contenants

Le plan prévoit des points de collecte établis à proximité des commerces, comme la SAQ et les épiceries par exemple.
Des points de collecte pour les bouteilles de vin et de spiritueux pourraient même être établis dans les stationnements de certaines SAQ. (photo d'archives)
Marina Herrmann via Getty Images
Des points de collecte pour les bouteilles de vin et de spiritueux pourraient même être établis dans les stationnements de certaines SAQ. (photo d'archives)

Les citoyens n’auront pas à faire de détour pour ramener leurs contenants lors de l’entrée en vigueur de la consigne élargie en 2022, selon des informations dévoilées lundi. Des points et des centres de dépôt seront situés tout près des commerces qui les distribuent.

Avant même que le plan présenté par les entreprises productrices soit déposé à l’Assemblée nationale, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, en a révélé les grandes lignes dans une entrevue avec La Presse.

Le projet de loi sur la consigne élargie prévoit des mesures pour que les contenants de lait, de jus, les bouteilles d’eau, les bouteilles de vin et spiritueux soient recyclés. Ce sont les entreprises qui produisent ceux-ci qui doivent établir un système pour les récupérer.

Le plan envisagé prévoit des points de collecte établis à proximité des commerces, comme la SAQ et les épiceries par exemple. Ils pourraient être à l’extérieur dans le stationnement. Des entreprises proposent aussi de se regrouper pour établir un centre de dépôt commun. Le cabinet du ministre Charette a confirmé ces informations au HuffPost Québec.

«J’ai confiance que les entreprises ont développé un scénario qui va répondre aux besoins en termes de points de dépôt suffisants. Je trouve intéressante la piste de mise en commun de certains équipements dans des lieux qui seraient adaptés», a analysé Amélie Côté, spécialiste en gestion des matières résiduelles chez Incita.

Les équipements utilisés pour faire le tri des contenants ou bouteilles rapportés seront en grande partie automatisés, ce qui devrait permettre d’avoir un tri des matières à la source, a évoqué Mme Côté.

Des entreprises d’économie sociale pourraient aussi être mises à contribution, notamment dans les quartiers plus denses. La coopérative Les Valoristes à Montréal, par exemple, pourraient gérer un centre de dépôt pour plusieurs petits commerces, qui pourraient ne pas avoir la capacité d’entreposage pour les contenants qu’ils vendent, a fait remarquer Amélie Côté, qui détient une maîtrise en environnement.

Néanmoins, la consigne pour les bouteilles de bière demeurera la même. Elles devront être rapportées directement au comptoir.

Six projets-pilotes seront lancés sous peu un peu partout dans la province. La députée de Québec solidaire (QS), Ruba Ghazal, fera pression pour que Les Valoristes en fassent partie.

Accueil favorable

Ces informations sont accueillies positivement par l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et la Confédération des syndicats nationaux (CSN), qui ont toutes deux participé aux travaux du projet de loi 65 qui vise à modifier la Loi sur la qualité de l’environnement en matière de consigne et de collecte sélective.

«C’est ce à quoi on s’attendait. Une chose qui est importante pour nous, il ne faut pas oublier que l’implication des municipalités va être essentielle pour l’implantation», a rappelé André Bellavance, président de la Commission de l’environnement de l’UMQ et maire de Victoriaville.

Il fait valoir qu’il y a des enjeux dans le choix des lieux, notamment le bruit et le trafic que les points de collecte pourraient apporter. Les municipalités veulent donc collaborer avec les commerces pour déterminer des endroits adéquats.

La CSN se réjouit que la SAQ récupérera ses bouteilles de vin et de spiritueux près de ses établissements. La centrale syndicale va attendre de voir comment cela se traduira concrètement et suivra le dossier pour voir si cela pose des enjeux de sécurité.

«Il faut que ce soit facile pour le consommateur qui retourne sa bouteille, parce que si ça devient trop complexe, c’est bien de valeur, mais ça va encore se retrouver dans le bac. Il faut s’assurer que ce soit facile d’accès et d’utilisation», a souligné Katia Lelièvre, vice-présidente à la CSN.

Même son de cloche du côté de la députée Ruba Ghazal qui attend que la SAQ précise combien de ses succursales pourront compter sur un point de dépôt.

À VOIR: on visite un centre de tri


Pour le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), le délai est trop court pour implanter toutes les nouvelles procédures entourant la consigne élargie.

«Il y a des analyses d’impacts financiers, opérationnels et environnementaux à faire, des projets pilotes à évaluer, une réglementation à écrire, une modélisation et un plan de transition à définir, mais tout ça avec des moyens très limités, dans un délai beaucoup trop court et dans un contexte pandémique qui plus est», a affirmé Annick Van Campenhout, vice-présidente progrès en alimentation et développement durable au CTAQ.

«Nous n’avons pas droit à l’erreur, mais tout est en place pour risquer le dérapage à ce rythme-là: on ne roule pas à 100km/h sur une route verglacée avec des pneus d’été par -30 degrés. C’est pourtant l’impression étourdissante que nous avons», a-t-elle ajouté.

Un dépôt du plan demandé

Du côté de Québec solidaire et du Parti québécois (PQ), bien qu’ils appuient la consigne élargie, ils demandent que le plan proposé par les entreprises productrices soit rendu public.

«On est pour la modernisation, mais on déplore que le gouvernement élabore ces détails à huis clos, sans discussion avec les oppositions», a déclaré le porte-parole du PQ en matière d’environnement, le député Sylvain Gaudreault.

Mme Ghazal aimerait pour sa part savoir si une évaluation a été faite pour savoir combien de centres de dépôt il y aura au Québec. Elle soutient que plusieurs détails sont extrêmement importants afin d’assurer la réussite du projet et pour que les Québécois retrouvent une confiance dans le système de recyclage.

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