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Le confinement et le télétravail m'incitent à remettre ma productivité en question

Sans me dégoûter du travail, mon confinement m’a permis de réaliser la place trop importante que je lui accordais.
Rafail Aretakis via Getty Images

Pour moi, l’idée de travailler confinée et donc de télétravailler était plutôt plaisante. J’aime beaucoup travailler et l’occasion de le faire dans le confort de mon appartement, en créant une bulle impénétrable dont la température serait parfaite et la pollution sonore sous contrôle, était très attrayante.

Mais, la réalité correspondant rarement à l’idée que l’on se fait d’elle, j’ai rapidement été confrontée aux autres télétravailleurs: ceux qui sont musiciens et peuvent passer une demi-heure à répéter les trois mêmes notes, ceux qui parlent très fort au téléphone. Oui, je vis dans un immeuble fait de murs en papier.

Il a aussi fallu composer avec mon chat dont la tâche quotidienne consiste à inlassablement faire des allers-retours sur mon clavier ou à exprimer son mécontentement en lâchant silencieusement des petites flaques de pipi sur mon bureau. Tout cela m’a aussi obligée à revoir mes priorités.

Double confinement

J’ai dû réapprendre à me concentrer, me découvrir une faculté à m’immerger dans mon travail pour créer une deuxième bulle, à l’épreuve de tout. Mes deux premiers jours de confinement furent donc consacrés à exécuter toutes mes tâches habituelles dans le brouhaha de ma propre musique, pour fuir le bruit des autres. Une fois que j’eus maîtrisé ce premier élément, un autre problème s’est présenté à moi: celui du temps passé à travailler.

“J’ai fini par me déconnecter de tout le reste et j’ai commencé à travailler très tard dans la nuit, trouvant toujours une tâche quelconque à vérifier ou à revoir.”

En effet, travailler chez soi devant un écran, les rideaux occultants tirés de bout en bout, vous empêche de voir le temps défiler, de voir la lumière du jour qui décline. Immergée et presque en sous-marin, j’ai fini par me déconnecter de tout le reste et j’ai commencé à travailler très tard dans la nuit, trouvant toujours une tâche quelconque à vérifier ou à revoir.

Évidemment, ce comportement n’était pas nouveau chez moi parce que, comme je l’ai dit plus haut: j’adore travailler. Mais la sollicitation constante et presque oppressante de mes amis et proches sur les réseaux sociaux m’a permis de constater un déséquilibre très important entre le temps consacré à leur répondre et celui que je passais à bosser.

La place du travail

Au final, sans me dégoûter du travail, mon confinement m’a permis de réaliser la place trop importante que je lui accordais. Sans changer du tout au tout ma façon de considérer le travail, le temps que le confinement me fait gagner en m’empêchant de voir mes amis ou de profiter de la lumière du jour me permet désormais d’interroger ce surinvestissement et de le modifier petit à petit, bien que les jours qui passent me font réaliser que la possibilité de travailler à plein temps est une vraie chance.

“Se rendre sur son lieu de travail s’accompagne de rituels et de moments qui rythment notre activité, ces moments peuvent même nous aider à être plus efficaces”

Comme toute nouveauté, ma découverte du télétravail est passée par une phase de lune de miel laissant de l’espace à l’introspection. Ma deuxième semaine passée à travailler à la maison fut, toute proportion gardée plus proche d’une descente en rappel vers le chaos.

Accro au boulot ou non, se rendre sur son lieu de travail s’accompagne de rituels et de moments qui rythment notre activité, ces moments peuvent même nous aider à être plus efficaces. Mais, que se passe-t-il lorsque l’on remplace son trajet d’une heure de vélo par un saut de son lit vers son bureau situé deux mètres plus loin, les pauses entre collègues par un nombre infini de cigarettes fumées compulsivement?

Confinement et productivité

Libérée du regard de l’autre et de l’ambiance froide d’un bureau à aire ouverte qui me rappelait que je n’étais pas là pour m’amuser, j’ai tout simplement perdu tous mes repères à l’exception d’un seul: la quantité de travail produit. Le fait d’être seule face à mon écran sans pouvoir me comparer aux autres m’a poussée à développer une forme d’obsession pour ma productivité.

Car pour moi, passer plus de huit heures par jour assise devant mon ordi n’est pas un signe de productivité, mais indique juste que je passe beaucoup de temps assise. Est-ce que je produis assez? Est-ce assez qualitatif? Ne pouvant répondre par moi-même à ces questions, j’ai commencé à établir des critères impossibles à réaliser.

Ces critères transformant tout bilan quotidien moins productif que le précédent en échec, j’ai fini par rêver de mon travail, des gens du travail… et de mon manque de productivité.

Nouveaux rituels

Puis, j’ai rechargé ma montre connectée. Elle vibre toutes les heures pour me rappeler que je ne bouge pas assez. Ce petit détail m’a permis de créer une nouvelle routine. Ayant toutefois le temps de jeter un oeil aux messages de mes proches entre deux crises de productivité, je me suis dit qu’il serait peut-être temps de reprendre une activité physique. (Un message sur deux étant une vidéo de sport intérieur pour garder la forme pendant le confinement.)‌

J’ai décidé de faire une série de squats ou de travailler le haut du corps avec mes haltères chaque fois que ma montre vibre. Et pour les journées moins chargées, j’ai imaginé un circuit combinant marche, montées de marches et push-up dans mon 26 m².

En faisant ça, j’ai fini par déplacer mon angoisse de productivité sur mon bien-être grâce à l’activité physique. Et celle-ci entraîne tout un tas d’actes «ritualisants»: hydratation, étirement, changement de tenue... qui m’ont permis de retrouver une routine et une façon de travailler plus saine.

Merci, le confinement.

Ce texte a initialement été publié sur le site du HuffPost France.

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