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Comment parler de racisme aux enfants?

«La question du parcours est fondamentale, tout en expliquant ce qu’est la stigmatisation, les préjugés, l’intolérance...»
JimmyLung via Getty Images

À la suite de la mort de George Floyd - un Afro-Américain tué violemment par un policier lors de son interpellation à Minneapolis, le 25 mai dernier - et aux nombreuses interrogations de nos enfants, la question «comment parler de racisme aux enfants et des inégalités raciales?» s’impose plus que jamais.

Une question complexe que nous avons soumise à Laurent Jérôme, professeur et chercheur en sciences des religions à l’UQAM - et papa de trois enfants âgés de 5, 10 et 12 ans. Dans le cadre de son travail de recherche, il a amené ses deux filles aînées à passer du temps auprès des Atikamekw Nehirowisiwok. Deux semaines, l’été dernier, sans technologie et à la rencontre de leurs traditions et au moment de la transmission de savoir des anciens aux plus jeunes.

«Toutes deux en sont ressorties déstabilisées de voir comment les manuels scolaires traitent la question. Elles ont compris qu’il y avait des différences entre que ce qu’on leur avait transmis à l’école et la réalité du terrain. Ça en dit long sur ce qu’on nous apprend, enfants, sur l’autre, la différence à l’autre. Pour apprendre il faut aller voir et vivre au contact des autres.»

Comment parler de racisme aux enfants?

«Pour commencer d’où vient le mot racisme? Et de commencer en expliquant que le terme race est réservé aux animaux. Les races chez les hommes n’existent pas!»

Le racisme est une idéologie qui, partant du postulat de l’existence de races au sein de l’espèce humaine, considère que certaines catégories de personnes sont intrinsèquement supérieures à d’autres.

Comment aborder le sujet du racisme?

«La question se pose très tôt avec des questions afférentes à la couleur de peau notamment ou les différences d’accents, de traditions. Nous avons fait le choix d’en parler directement et ouvertement à nos enfants, en choisissant le meilleur biais pour les éclairer. Par exemple: ma fille de 10 ans aime les bandes dessinées, nous avons choisi ce médium pour lui en parler. C’est quoi un réfugié? d’Élise Gravel est un bon exemple. À partir de cette lecture, on va pouvoir ouvrir la conversation. Expliquer la différence d’apparence via l’histoire de la personne. La question du parcours est fondamentale, tout en expliquant ce qu’est la stigmatisation, les préjugés, l’intolérance, le racisme.»

À partir de quel âge?

«Ce n’est pas une question d’âge selon moi, mais une question de moment. C’est le moment qui fait qu’on en parle. La mort de George Floyd a entraîné de nombreuses conversations avec nos filles aînées (10 et 12 ans). Nous avons regardé la vidéo, puis nous sommes revenus dessus. Nous avons discuté de la place de la police dans la société, de cet acte horrible qui s’est perpétré dans l’histoire, sans généraliser surtout. Il est important d’éviter les raccourcis, les généralisations, et bien sûr d’ouvrir le dialogue.»

Comment expliquer le racisme systémique?

«Il faut essayer d’expliquer notre position privilégiée dans la société dans laquelle on pourra évoluer sans problèmes, en ayant accès à des emplois. Ce qui n’est pas le cas des personnes visées par le racisme systémique.»

Quelles questions essentielles doivent se poser les enfants?

«Qu’ils s’interrogent sur le parcours des personne en face d’eux. D’où viennent-elles? Est-ce que je suis privilégié(e)? Pourquoi je n’aime pas telle personne qui n’est pas comme moi? Je suggère des lectures telles que: Pas de place chez nous d’Andrée Poulin. Deux frères fuient leur pays en guerre à bord d’un bateau de fortune. On y explore les thématiques du rejet par les autres et du parcours notamment. Seules contre tous de Miriam Katin. Elle y relate son parcours avec sa mère en Hongrie durant la Seconde Guerre mondiale, alors que toutes les deux fuient les persécutions nazies. Deux ouvrages très bien faits et qui abordent les questions de discrimination.»

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