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Comment fabriquer un (Denis Coderre) maire de Montréal

Si l'on se fie à l'expérience précédente, pour devenir maire de la métropole, il faut d'abord être un ancien ministre libéral - dans ce cas-ci fédéral - qui jouit d'une certaine popularité et dont l'ascension politique au sein de son parti est bloquée. Donc, ça nous prend quelqu'un qui a fait le tour du jardin et qui veut transposer son ambition ailleurs. Ensuite, on doit créer un certain suspense autour de notre «possible» candidature.
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Si l'on se fie à l'expérience précédente, pour devenir maire de la métropole, il faut d'abord être un ancien ministre libéral - dans ce cas-ci fédéral - qui jouit d'une certaine popularité et dont l'ascension politique au sein de son parti est bloquée. Donc, ça nous prend quelqu'un qui a fait le tour du jardin et qui veut transposer son ambition ailleurs. [La différence ici est que Gérald Tremblay fut accueilli (encouragé ?) à bras ouverts par les milieux d'affaires de Montréal, alors que le populiste Denis Coderre attire leur méfiance et se voit plutôt appelé à la mairie par ses commettants.]

Ensuite, on doit créer un certain suspense autour de notre «possible» candidature, suspense que l'on maintient en égrenant dans les médias de masse et les médias sociaux quelques commentaires équivoques par-ci par-là. On doit aussi enfiler les entrevues où l'on sera imprécis à souhait sur notre futur politique. Les médias doivent en venir à se poser souvent la question de notre possible candidature à la mairie pour que le public montréalais en vienne à faire de même. On a donc affaire à un immense ballon d'essai qui devient avec le temps une prophétie autoréalisatrice: l'idée de la candidature de Denis Coderre devient une chose normale dans la sphère politique et médiatique de Montréal. Ce dernier aussi, par l'ambiguïté de son devenir politique, peut alors se défendre d'utiliser son salaire et sa visibilité de député fédéral pour faire une (pré)campagne électorale pour la mairie; ce qu'il fait en réalité.

Puis, en cette époque de la «démocratie du public» (signifiant la règle de l'«opinion publique» et des médias), qui a remplacé la «démocratie des partis» (où les partis politiques étaient les médiateurs de la vie politique), il faut s'entourer d'une équipe de campagne. Celle-ci ne doit pas être composée d'élu-e-s montréalais-e-s qui croient en notre candidature et nos idées, mais de spécialistes des communications (National, en l'occurence) qui croient en notre image et qui sauront nous vendre à la populace grâce à des belles phrases creuses testées devant un auditoire témoin. National est d'ailleurs la firme de relations publiques (à une autre époque on aurait dit de propagande) désormais célèbre pour avoir surfacturé ses services au Parti libéral du Québec qui lui a d'ailleurs offert quantité de petits contrats sans appel d'offres.

Aussi, il faut se rappeler que le taux de participation aux élections montréalaises reste généralement sous la barre des 40 % et que les partis politiques n'y ont pas le même contrôle sur leurs élu-e-s qu'au niveau provincial ou fédéral, où règne une stricte discipline de parti. Donc, il y a peu de gens à convaincre pour l'emporter (moins de 200 000 personnes) et la loyauté des élu-e-s y est volatile. La dernière élection montréalaise nous a d'ailleurs appris que pour devenir maire, il n'est pas tant nécessaire de se démarquer en termes de popularité ou d'idées, il suffit d'avoir la meilleure machine sur le terrain pour faire sortir le vote.

Enfin, il faut une bonne dose de prétention pour penser qu'en débarquant d'un ailleurs plus glamour, les Montréalais-e-s seront obnubilé-e-s par notre personnalité et oublieront que l'on n'a aucune expérience en politique municipale. En effet, comment penser qu'il puisse enrayer une culture de collusion et de corruption qu'il connaît de loin? À moins de parler de l'expérience du scandale des commandites qu'il a vu de près en tant que ministre du gouvernement libéral fédéral.

Denis Coderre maire de Montréal? Permettez-moi d'en rire!

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Pierre Karl Péladeau

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