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Claude Legault : «Fugueuse», ou quand la maison prend feu

«Je suis en train de me rendre compte de l’ampleur que la série a prise»

Présentement en écriture avec son complice Pierre-Yves Bernard pour un projet que TVA doit dévoiler d'une journée à l'autre, Claude Legault n'a pas pleinement vécu la frénésie Fugueusedes dernières semaines.

«Je suis en train de me rendre compte de l'ampleur que la série a prise», explique l'acteur en entrevue avec le HuffPost Québec.

«Je suis en écriture, et dans ce temps-là, je suis un peu casanier, enfermé dans mon coin. Ce qui fait que j'écoute l'épisode, et c'est à peu près tout ce que je fais! Mais je me rends compte quand même que c'est en train de faire beaucoup de bruit, et souvent dans le bon sens. Et je suis bien content. Je savais qu'on avait quelque chose de gros dans les mains, mais je ne savais pas comment ç'allait être accueilli. Je suis agréablement surpris, jusqu'à date.»

Un météorite

Claude Legault indique ne pas s'être préparé d'une façon particulière pour personnifier Laurent, ce papa un brin autoritaire et rapidement déboussolé par les événements lorsque sa fille aînée, Fanny (Ludivine Reding) tombe amoureuse de l'excentrique Damien (Jean-François Ruel), qui s'avère en fait être un proxénète qui entraînera l'adolescente dans un tourbillon d'illégalité et finira par la miner totalement.

Si, à tout hasard, vous êtes passés à côté du phénomène Fugueuse – dont TVA relayait le dernier épisode lundi -, la série est disponible pour visionnement en rafale sur Illico.

Qui plus est, le comédien a beaucoup baigné dans l'univers policier, dans les dernières années, pour la création de sa série 19-2, ce qui le rendait d'emblée sensible devant le fléau qu'est la prostitution.

Je me suis dit que j'allais essayer de le jouer comme un père bien normal : c'est un météorite qui atterrit dans sa cour, et il ne sait pas quoi faire avec ça pantoute. Claude Legault

«Le sujet étant ce qu'il est, les textes de Michelle (Allen, l'auteure) sont très solides. Donc, je n'ai pas eu à faire beaucoup de recherches. Et je n'ai pas non plus voulu en faire, parce que je voulais être comme Laurent, c'est-à-dire ne pas connaître grand-chose là-dessus et me retrouver devant quelque chose d'absolument inconnu, qui le fait complètement freaker

«Inévitablement, j'ai lu les journaux comme tout le monde depuis des années, je connais ce phénomène, continue Claude Legault. Et, avec 19-2, j'ai côtoyé énormément de policiers. Je suis au courant de tous ces réseaux de proxénètes, d'esclavagisme, qui existent. Mais je ne voulais pas en savoir plus. Je ne voulais pas trop aller lire les infos qu'on m'avait envoyées. Je me suis dit que j'allais essayer de le jouer comme un père bien normal : c'est un météorite qui atterrit dans sa cour, et il ne sait pas quoi faire avec ça pantoute. J'ai décidé de l'aborder comme ça.»

D'abord très directif avec sa fille Fanny, à qui il confisquait le cellulaire et dont il contrôlait les allées et venues au début de la série, Laurent a ensuite été en colère de la voir s'embourber dans des affaires louches sans pouvoir s'en mêler, pour «garder le contact», sur le conseil de la travailleuse sociale. On gardera certainement en mémoire – et le jury des prix Gémeaux aussi, sûrement – le rictus d'horreur qui a fendu la figure de Laurent à la vue de la vidéo de sa fille se faisant violer par plusieurs hommes.

Le personnage a finalement atteint une (forme de) relative sérénité dans les derniers épisodes, en gardant le fort familial pendant que son épouse, Mylène (Lynda Johnson), cédait peu à peu à la panique. Dans la dernière demi-heure de cette première saison de Fugueuse, le visage de Laurent s'est tordu autant de fierté que de douleur en entendant le témoignage de Fanny au procès de l'infâme Damien.

Claude Legault n'hésite pas à accorder le crédit du réalisme de Fugueuse à l'auteure Michelle Allen.

«Michelle sait ce qu'elle raconte. Elle ne parle pas à travers son chapeau. On sent qu'elle a fait un travail de recherche très, très fort. Elle nous rend des textes, un produit de base qui est vraiment très bon, avec lequel on peut vraiment travailler.»

Claude Legault et Lynda Johnson
Marlène Gélineau Payette via Facebook/Fugueuse
Claude Legault et Lynda Johnson

Peu de pères

En jetant un œil au curriculum vitae de Claude Legault, on constate que les rôles de pères ne sont pas légion dans son parcours. On l'a beaucoup vu jouer les Don Juan et les tourmentés, et moins les banlieusards au quotidien «ordinaire», si ce n'est peut-être de son protagoniste d'homme frappé par un grave accident dans la minisérie Mon meilleur ami, que diffusait Séries+ en 2013. Son alter ego de papa enragé du hockey, dans Pee Wee 3D et Junior Majeur, relevait pour sa part davantage de la caricature.

«Dans Un sur 2, j'étais quand même un papa, se remémore-t-il. Dans Junior Majeur aussi, mais c'est une drôle de relation (rires). Mais, oui, un vrai père de famille, dans la maison familiale, pas monoparental comme je l'étais avec Céline Bonnier dans Un sur 2, effectivement, je n'en ai pas eu beaucoup, de ça.»

«Mais, encore là, ce n'est pas une vie tout à fait normale, parce qu'il arrive une des pires catastrophes qu'il peut arriver à une famille. C'est intéressant, aussi. Les gens heureux n'ont pas d'histoire ; c'est un peu vrai. C'est intéressant, quand il se passe quelque chose. Et là, le feu est pris dans la maison!»

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