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Timber! Le cirque Alfonse

C'est un joyeux fouillis que nous propose le Cirque Alphonse à la Tohu juqu'au 31 décembre. Il y a un côté un peu broche-à-foin mais aussi terriblement séduisant et sympathique dans ce spectacle attachant qui revisite nos racines de camps de bûcherons. Mon grand-père travaillait dans les camps de John Murdoch au Saguenay pour 25 cents par jour au début du XXème siècle.
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C'est un joyeux fouillis que nous propose le Cirque Alphonse à la Tohu juqu'au 31 décembre. Il y a un côté un peu broche-à-foin mais aussi terriblement séduisant et sympathique dans ce spectacle attachant qui revisite nos racines de camps de bûcherons.

Mon grand-père travaillait dans les camps de John Murdoch au Saguenay pour 25 cents par jour au début du XXème siècle. Dans les années cinquante je me souviens d'avoir été amenée dans le bois pour une visite à un de ces camps et j'ai le souvenir de la pièce principale avec de longues tables auxquelles étaient assis des hommes barbus qui parlaient haut et fort en mangeant des fèves au lard et en buvant du thé noir. L'univers que j'ai retrouvé à la Tohu est fidèle à ce souvenir d'enfance et je n'ai aucune difficulté à croire que les dimanches ces hommes qui avaient travaillé dur toute la semaine se livraient, pour le plaisir, à des épreuves de force ou d'adresse de la même nature que ce que le cirque Alphonse exécute.

On ne parle pas ici de numéros éthérés ou de prouesses invraisemblables qui repoussent les frontières des possibilités du corps humain. Le cirque Alphonse met en valeur la force brute et d'improbables accessoires. Si on les compare à ce à quoi le Cirque du soleil nous a habitués, les jongleurs et acrobates de cette troupe de Lanaudière peuvent sembler lourdauds et sans grâce mais qu'ils jonglent avec des haches ou qu'ils se lancent des billots, ils le font avec conviction et avec talent. La salle, le soir de la première, était conquise malgré quelques accrochages lors de certains numéros et en dépit du fait qu'une partie du décor se soit effondrée. Et d'ailleurs je crois que cela a rajouté une touche d'authenticité, pas qu'ils en avaient vraiment besoin, mais bon.

Tous ces numéros, dont certains qui vous décrochent le pompon et font tenir le spectateur sur le rebord de son fauteuil, sont accompagnés de musique et de chansons très, très réussies et formidablement entraînantes. Les musiciens sont super doués et j'ai particulièrement aimé la chanson du type qui préfère aller à la chasse à l'ours plutôt que de conter fleurette à sa douce. En fait la musique, les chansons et les numéros se fondent dans un moment de folie collective auquel nous sommes conviés et qui provoquent incrédulité et ravissement. Et c'est ce qui se produit lorsque qu'on jongle avec des haches ou qu'on utilise un godendart à des fins très différentes de sa mission originelle. Je veux ici souligner la présence et les prouesses de Guillaume Saladin, l'emblème de l'artiste de foire, l'homme fort par excellence, celui qu'on voudrait tous avoir comme ami lorsque vient le moment de déménager le piano. Et d'Alain Carabinier qui, à 66 ans, tire son épingle du jeu avec humour et amour. D'ailleurs tous les artistes sur scène nous convainquent sans peine de leur complicité et de leur connivence, entre autres avec le numéro de cordes de Julie Carabinier Lépine où Jonathan Casaubon la rejoint. C'est une performance pleine de beauté et de sensualité qui n'a rien à envier à ce que j'ai pu voir de semblable auparavant.

Le cirque Alphonse c'est du cirque artisanal, sans fioritures qui va dans le vrai parce qu'il est issu du vrai. Si on fait appel à notre passé ce n'est pas d'une façon surannée ou tarabiscotée, c'est dans le plus pur esprit néo-trad d'où ressort une légèreté solidement ancrée dans la réalité. Notre réalité et nos racines. De quoi provoquer en nous une petite poussée de nostalgie pour nous mettre complètement dans l'esprit du temps des Fêtes.

Crédit photo : Luce TG

Timber! Est présenté à la Tohu jusqu'au 31 décembre 2012

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