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La raquette, un enjeu de plus un plus pointu

Ils ne seraient rien sans elles. Mais laquelle choisir, et quand en changer? Épineux problème du joueur et de la joueuse de tennis. Au gré des contrats, de leurs résultats et des avancées technologiques, se pose la question de la raquette.
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Ils ne seraient rien sans elles. Mais laquelle choisir, et quand la changer? Épineux problème du joueur et de la joueuse de tennis. Au gré des contrats, de leurs résultats et des avancées technologiques, se pose la question de la raquette. On se souvient de Juan Martin Del Potro qui refusait de changer de modèle alors que Wilson ne le fabriquait plus, et qui s'accrochait à ses deux derniers cadres. Wilson s'est plié en dix pour lui trouver un nouveau modèle, mais cela a pris des mois avant que Del Potro ne l'accepte. En 2014, Roger Federer a renoncé à son modèle historique pour un plus grand tamis. Entre un dos réparé et un outil modernisé, le Suisse a repris une belle place dans les sommets.

Depuis janvier, c'est Rafael Nadal qui fait parler de raquette, entre celle connectée et son changement d'outil au début de la grande saison sur terre battue. S'il n'a pas été le premier chez Babolat à utiliser une raquette connectée, son statut en fait son meilleur ambassadeur. Cette raquette du futur, je vous l'ai déjà présentée ici. Quand il l'utilise en janvier, Nadal ne change pas sa raquette pour autant puisqu'un capteur est «simplement» inséré dans le manche et que l'Espagnol n'a qu'à appuyer sur un bouton. Rafa a même intégré l'action du bouton dans sa routine, ainsi vous ne le verrez jamais appuyer dessus assis sur sa chaise, il ne le fait qu'une fois en route pour la première action. «Bon ça fait une chose de plus parce qu'il y a déjà la bouteille!», rigole son coach Toni Nadal. Ce dernier nous a expliqué à Monte-Carlo l'utilisation que Rafa et lui avaient de cette raquette. Elle a un peu révolutionné le métier de coach Toni.

Une plus grande objectivité:

«Les comparaisons aident à progresser. Avec cette raquette, on peut mesurer factuellement le progrès, on sait où sont les fautes. Souvent, je vois qu'il joue trop court mais je ne sais pas pourquoi car l'œil ne peut pas tout voir et reste subjectif. Là avec ces données c'est objectif, ça m'aide à dire où il a frappé la balle. Cela nous aide aussi pour les entraînements: quand on travaille le coup droit à Manacor, on fait 20 minutes et puis on regarde les informations. Si on manque de vitesse, on constate que le bras n'est pas assez rapide ou que la zone de contact n'est pas bonne. Il y a trois choses importantes: la zone de frappe, la puissance (quand il est tendu, le bras part moins vite), et combien de balles sont frappées par minute (intensité, vélocité). Face à Roger Federer par exemple, la balle doit aller moins vite parce que j'ai besoin d'un rythme pour gagner qui soit moins rapide que celui de Federer. Il y a eu des ajustements à faire, car au début la raquette analysait le coup droit lasso de Rafael comme un smash!»

Un outil pour convaincre le joueur:

«Pour bien jouer, nous devons frapper plus de coups droits que de revers. Parfois je lui dis qu'il aurait dû prendre telle balle en coup droit mais il me dit qu'il ne peut pas... Les joueurs ont toujours une excuse, une explication: mais avec cet outil tu ne peux pas. C'est une bonne chose pour les entraîneurs. Je peux aller lui montrer qu'avec telle puissance ça ne suffira pas pour battre un très grand joueur. C'est plus facile de convaincre le joueur, car normalement il sait beaucoup mieux que l'entraîneur non? (sourire) À Melbourne, je lui ai dit à plusieurs reprises: "Tu ne frappes pas au centre, tu ne regardes pas assez la balle, donc c'est que tu n'as pas une bonne concentration". Mais il me disait que si (rire)! Je lui montre les stats... Et voilà. D'un jour à l'autre il a changé de 12% le centre de frappe. Un joueur ne veut jamais rien changer, surtout quand tout va bien. Si le match s'est bien passé, souvent d'ailleurs on ne dit rien, on ne regarde pas les données. Mais si on perd, on regarde car on a besoin d'informations.»

Début avril, le clan Nadal a cette fois carrément décidé de changer la raquette, pour un prototype Babolat Play toujours connecté mais qui n'a pas encore de nom. Rafael Nadal ne pense pas que le timing de ce choix soit un trop grand risque:

«On y pensait avant le début de saison, mais il n'y avait pas assez de temps pour la préparer. Aujourd'hui, les raquettes sont prêtes. Je m'entraîne avec depuis mon retour de Floride. Je ne me souviens même pas de la dernière fois où j'ai changé de raquette! Ce modèle va me permettre de gagner en puissance et en lift. Les espaces entre les cordes sont plus grands. Mais j'ai gardé le même cordage. C'est vrai qu'avec ce modèle j'ai un peu moins de contrôle en théorie. J'avais besoin d'un changement, même si oui c'est toujours risqué. J'aime cette raquette et je vais continuer de jouer avec. À Monte-Carlo, j'ai joué mon meilleur tournoi de l'année avec elle. Cela ne dépend que de moi: quand je gagne c'est moi, quand je perds c'est moi, il n'y a pas d'excuse à trouver. La personne qui rend les choses possibles ou pas, c'est seulement moi. Je sais que j'ai encore beaucoup de travail à faire pour changer la dynamique de ma saison, et personne d'autre ne le fera pour moi.»

Changer de raquette, attention aux maux de tête

Le changement peut très bien se passer ou au contraire tout casser. Grigor Dimitrov a ainsi entrepris de changer son modèle Wilson cette saison et manifestement les choses ne sont pas si simples.

«Traverser cette période est l'une des choses les plus douloureuses pour un joueur. Mais le jeu change, on change aussi et la raquette fait partie du processus. J'ai dû passer par là, trouver les bons réglages. C'est une situation délicate. Là, c'est quasiment la version finale, mais désormais il faut gérer tout ce qui va avec.»

Le n°1 mondial Novak Djokovic le sait bien, lui qui avait quitté Wilson pour Head et vécu un cauchemar:

«Je m'en souviens très bien, c'était en 2009. La décision n'a pas été facile, et cela m'a pris plus d'un an pour finalement trouver la raquette avec laquelle je joue encore aujourd'hui. Je pense que ça s'est réglé en 2010 pour la saison sur terre battue. Donc oui, un an pour m'y habituer et trouver ce qui convenait à mon style de jeu. Depuis je n'ai pas changé. Les seules modifications ont été esthétiques, mais les dimensions ou autres paramètres n'ont pas bougé.»

Pour le Serbe, procéder à un tel changement en milieu de saison n'est pas anodin.

«Ce qui peut pousser un joueur à faire ça? Le manque de confiance, le manque de victoires. Quand on ne se sent pas bien sur le court, c'est là qu'on commence à non seulement remettre en question son jeu, mais aussi sa raquette et même les personnes qui nous entourent. Parfois on se met à se trouver trop d'excuses. De manière générale, changer de raquette n'est pas une décision facile à prendre. Il faut du courage, vraiment. Et quand on le fait, on doit être à 100% confiant que c'est la bonne décision à prendre, sinon ta tête commence à te jouer des tours, tu doutes de tout. C'est vraiment un défi.»

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