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Nous acceptons des contraintes similaires pour les accords de libre-échange, pourquoi ne ferions-nous pas la même chose pour atteindre nos objectifs climatiques?
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Un rideau de feu dans la Vallée d'Okanagan Valley, en Colombie-Britannique.
Nick Fitzhardinge via Getty Images
Un rideau de feu dans la Vallée d'Okanagan Valley, en Colombie-Britannique.

Le congrès québécois du Parti conservateur du Canada avait lieu les 26 et 27 avril à Victoriaville. Lors de l'événement, le chef Andrew Scheer a fait savoir qu'il préparait «une stratégie "nationale" pour son plan en environnement, tout en ayant une approche collaborative avec les provinces.»

Cette stratégie sera, affirme-t-il, en phase avec les engagements environnementaux qu'a pris le Canada à l'échelle internationale tout en prenant en considération les capacités de payer des Canadiens.

Monsieur Scheer reviendra au Québec après la fin de la session parlementaire qui se termine en juin afin de présenter son plan en environnement.

Évidemment, nombreux sont les sceptiques face aux éventuelles propositions conservatrices pour lutter contre les changements climatiques, les conservateurs se faisant les défenseurs des projets pipeliniers et de l'industrie des hydrocarbures dans son ensemble.

C'est un scepticisme qui se comprend. Depuis l'ère Harper, les conservateurs n'ont pas la réputation d'être les champions des questions environnementales et climatiques.

Néanmoins, le fait qu'ils prennent la peine de venir présenter leur plateforme en primeur au Québec représente une ouverture face aux préoccupations marquées des Québécois pour l'environnement, une ouverture dont fait preuve systématiquement Andrew Scheer face au Québec depuis qu'il est le chef du Parti conservateur du Canada.

Le contenu du plan des conservateurs en environnement pourrait donc nous surprendre, mais serons-nous à l'écoute?

Le monopole de la vertu

Il est de bon aloi au Québec de pester contre les conservateurs, les grandes entreprises, les riches, etc., que sais-je encore? Siégeant moi-même sur le conseil d'administration d'une société gazière depuis septembre 2018, il m'est arrivé d'être aux prises avec les commentaires méprisants et présomptueux de plusieurs bien pensants à mon égard.

Or, si certains veulent, consciemment ou pas, confisquer la préoccupation environnementale et ainsi prétendre qu'ils sont les seuls à se soucier des problèmes climatiques et environnementaux, je leur conteste vertement ce monopole autoproclamé.

Le climat et l'environnement n'appartiennent pas aux militants écologistes ni à personne en particulier.

J'en ai assez de cette rhétorique assise sur une posture psychologique de supériorité morale qui donne à ceux qui se croient les paladins de la protection de l'environnement le droit de vomir et d'exclure du débat public toutes les personnes qui émettent ne serait-ce que le début d'un doute en ce qui concerne les visées du mouvement écologiste — et surtout de ses impacts sur nos sociétés.

Dans cette perspective, je serai non seulement à l'écoute des conservateurs fédéraux qui décident de prendre à bras le corps la question environnementale, mais je les invite également à faire preuve d'audace et faire des propositions fortes. Surprenez-nous!

Unanimisme de façade

Évidemment, cela ne sera pas facile. Dans une tension moyens/fins, il faut prioriser, choisir, faire des compromis, équilibrer différents intérêts et perspectives.

Cette tâche est déjà compliquée au sein d'un seul et même pays, comme nous le montrent les tensions résultant de la crise énergétique canadienne. Imaginez oh combien cela est complexe à l'échelle internationale! C'est pourtant à cette échelle que la question climatique doit d'abord se régler.

Évidemment, tous les pays se sont en principe entendus, lors de l'Accord de Paris, pour diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre.

Cependant, malgré une apparence d'unanimisme — qui n'en est en réalité qu'une sur les fins, mais pas sur les moyens —, aucune mesure contraignante n'a été implantée afin de faire respecter les engagements pris par chacun des pays signataires.

Inutile d'avoir fait un doctorat en théorie des jeux pour comprendre que nous sommes face ici à un problème de bien public où tout le monde a un intérêt commun à ce que les émissions de gaz à effet de serre global diminuent, mais où personne n'a d'intérêt individuel à réduire SES émissions.

Accord contraignant nécessaire

Ce genre de situation où les acteurs ont un intérêt individuel à faire ce qu'on appelle du «free-riding» a été étudiée depuis des décennies par les économistes héritiers de la théorie des choix publics.

L'un d'eux, l'économiste William D. Nordhaus, professeur d'économie à Yale et également lauréat du prix Nobel d'économie 2018, a examiné «les approches possibles pour internaliser les retombées transnationales [des changements climatiques] et conclut qu'un club sur de climat avec des sanctions pour les non-membres est le mécanisme le plus fructueux» pour résoudre le problème climatique.

Ce club mettrait en place un accord qui non seulement contraindrait les membres signataires vis-à-vis des modalités de l'accord, mais qui découragerait également les autres pays de ne pas en être membre.

Nous acceptons déjà des contraintes semblables pour les accords de libre-échange. Pourquoi ne ferions-nous pas la même chose pour atteindre nos objectifs climatiques?

La proposition de Nordhaus tient non seulement la route d'un point de vue économique, mais également d'un point de vue d'analyse stratégique en sociologie des organisations, car il est évident qu'en changeant le système d'action concret au sein duquel évolue les acteurs, ces derniers n'auraient plus d'incitatifs à faire cavalier seul.

Ainsi, les règles du jeu étant changées, les acteurs développeraient d'autres stratégies pour parvenir à leurs buts spécifiques. La planète y gagnerait, et la transition énergétique s'opérerait sans contrevenir aux logiques propres au libre marché.

En somme, la proposition de Nordhaus en est une crédible et qui a l'avantage de reposer sur un mécanisme de marché! Cela devrait réjouir quiconque a une sensibilité plus à droite du centre, non?

Évidemment, une taxe sur le carbone demeurera une mesure impopulaire tant et aussi longtemps que les citoyens canadiens n'auront «pas d'alternative efficace, confortable et abordable pour remplacer l'utilisation de leur voiture».

N'empêche, une forme de taxe sur le carbone est nécessaire, à l'échelle internationale, pour parvenir à nos objectifs environnementaux et climatiques.

Initiative canadienne

Pour cela, il faudra que les pays s'entendent sur les modalités d'un accord contraignant, ce qui n'a pas été fait lors de l'Accord de Paris. Le tout pourrait cependant se faire autour d'un autre accord se basant sur les objectifs de celui de Paris.

Je fais la proposition: pourquoi cette rencontre internationale ne se tiendrait-elle pas au Canada? Et pourquoi pas carrément au Québec, à l'initiative du Canada?

Imaginons que cette rencontre ait lieu à Montréal, nous pourrions alors parler de la création du «Club de Montréal pour le climat». Ce serait une première mondiale, et une approche ayant véritablement des chances de réussir le défi climatique.

Les conservateurs n'ont pas terminé leur plateforme sur le climat et l'environnement. Je leur laisse le luxe de récupérer ma proposition et de l'insérer dans leur plateforme.

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