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Changements climatiques: criminaliser le doute?

Comment peut-on faire aveuglément confiance en nos gouvernements qui semblent incapables de prévoir six mois à l'avance l'état de l'économie et des finances publiques? Et ils se croiraient des acteurs importants dans la variation du climat dans 100 ans?
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Je ne sais pas si vous le savez mais tenter de se faire une opinion sur les changements climatiques, «c'est pas d'la tarte» comme on dit en bon québécois.

Bien sûr, je ne suis pas une scientifique. Comme je ne suis ni médecin, ni enseignante. Pourquoi devrait-on s'intéresser alors aux changements climatiques? au système de santé? à la qualité de l'enseignement du Québec?

La réponse, la voici: pour nous permettre de juger des politiques publiques que nous proposent nos élus qui n'ont, disons-nous-le, pas plus de connaissances que nous en toutes matières. À la différence toutefois, qu'eux, ils administrent les milliards de dollars qui nous sont confisqués à chaque année.

C'est ça agir en citoyen responsable: tenter de parfaire nos compétences civiques, aiguiser notre curiosité sur les enjeux qui risquent de miner ou d'améliorer la qualité de vie des nôtres, contribuer au débat, bref, exprimer une opinion idéalement basée sur des données probantes et/ou des expériences dans le monde réel.

Or, il semble bien que la première chose que l'on constate en approchant le sujet soit cette impression qu'on s'expose à un champ de tir où la recherche, la réflexion et le doute sont pratiquement devenus des actes criminels.

À titre d'exemple, citons le grand prêtre du mouvement environnementaliste David Suzuki qui suggère d'incarcérer les politiciens (écoutez à partir de 2:43) pour cause de «négligence criminelle». Ou encore la firme d'avocats Ecojustice qui fait appel au Bureau de la concurrence du Canada pour enquêter, sanctionner et museler le groupe Friends of Science qui recourt à des panneaux publicitaires suggérant le soleil comme facteur important du réchauffement climatique, par exemple. Ou encore qu'on observe une pause depuis 18 ans dans le réchauffement... Criminel? Vraiment? (écoutez également ceci)

À la conférence de Paris, à la manière du Far West, des affiches de climato-sceptiques avec la mention «Wanted» sont distribuées dans le métro. Chez nous, l'ombudsman de Radio-Canada donne raison à l'émission Les années lumière de ne plus inviter «ceux qui nient le caractère anthropique (le rôle de l'homme) du réchauffement climatique». Vous voulez en savoir davantage sur le rôle du soleil dans les variations climatiques? Désolée. Vous ne l'apprendrez pas sur les ondes de notre radio publique.

L'impression qui en ressort en fouillant le domaine est absolument fascinante. En opposition au Science is Settled du soi-disant «consensus» officiel largement véhiculé par les médias traditionnels, une faune diversifiée (chercheurs retraités, scientifiques indépendants, différents lobbies) ne cesse de publier, produire, documenter et faire connaître leurs arguments pour que se poursuive le débat.

En opposition au camp de la certitude (celui qui juge que l'homme, par sa consommation d'énergies fossiles et la production de CO2, est la principale cause du réchauffement climatique), on découvre donc:

  • des gens qui ne cessent de s'interroger sur les déterminants du climat. Pour eux, science is NOT settled. La recherche est toujours en cours. On se penche sur le rôle du soleil, sur la formation et l'influence des nuages, sur les effets des volcans, des mouvements des plaques terrestres, sur le rôle des océans, etc.
  • des gens qui s'interrogent sur les coûts de la «transformation de la civilisation basée sur une économie carbonisée» (je cite ici le PM Couillard). Selon certains, les promesses soi-disant «audacieuses» des différents pays participants à la COP21 n'arriveraient qu'à diminuer de 0,05°C (ou 0,09°F) ce qui est de toute façon projeté en 2100. Le coût? Mille milliards de dollars par année, résultants de la hausse des coûts en énergie et par conséquent, de la baisse de la croissance économique mondiale! On comprend pourquoi ce matin, les plus fervents écologistes jugent que les efforts de Paris sont nettement insuffisants pour eux... Pas assez rapide cette décroissance durable, peut-être.
  • des gens qui s'interrogent sur la vitesse à laquelle on veut en quelque sorte imposer un nouvel ordre mondial
  • des citoyens qui se demandent quel rôle doivent jouer leurs propres gouvernements et jusqu'à quel point la souveraineté économique des pays doit être soumise à la volonté d'une organisation supranationale telle que les Nations Unies? Voilà un sujet très chaud, notamment, aux États-Unis. Les gouvernements doivent-ils absolument intervenir ou peut-on faire confiance que l'innovation de technologies dites plus «propres» sauront faire leur place si on laisse agir le jeu des prix d'une économie de marché en matière énergétique?

Finalement, il y a bien sûr cette crainte de l'instrumentalisation de la «cause» à des fins idéologiques (ex: «changement de civilisation», l'homme coupable, ennemi de la planète (judéo-chrétien), remise en question du modèle économique actuel). Dur de ne pas faire de lien entre la ferveur anti-capitaliste des mouvements écologistes et leur incapacité de reconnaître la nécessité d'un débat toujours en cours (une option ici, signée Vincent Geloso).

Le recours à la foi?

En terminant, rappelons que certains économistes de chez nous ont fait grand cas des impacts de l'équilibre budgétaire sur la croissance économique. Selon certains, cette «obsession» du déficit zéro allait nuire à la croissance économique. Ramener la croissance des dépenses à un niveau qui correspond à notre capacité collective de payer allait nuire plutôt qu'aider, selon ces économistes.

Une question toute simple: où sont ces économistes pour mettre en garde nos politiciens face à la fièvre climatique de nos élus? Comment ne pas déjà voir comme un avertissement le rapport du Vérificateur général de l'Ontario qui annonçait la semaine dernière que les Ontariens avaient payé 37 milliards $ de plus que nécessaire depuis 2006, et que l'aventure du solaire et de l'éolien pourrait leur en coûter un autre 133 milliards $ d'extra d'ici 2032?

Comme l'exprime le chroniqueur Rex Murphy dans un texte intitulé The High Church of Global Warming, comment peut-on faire aveuglément confiance en nos gouvernements qui semblent incapables de prévoir six mois à l'avance l'état de l'économie et des finances publiques? Et ils se croiraient des acteurs importants dans la variation du climat dans 100 ans? Allons...

Si ce n'était de la foi, cela ferait rougir le plus prétentieux d'entre nous.

Parlant de prétention, il devient donc nécessaire pour tout citoyen préoccupé par le contrat social et fiscal qui lie le gouvernement de Philippe Couillard aux contribuables d'être à l'affût de ce que le premier ministre proposera aux Québécois en matière de «changement de civilisation pour une économie décarbonisée».

S'il devenait intéressant de transiter vers des énergies plus propres, on ose espérer que cette transition ne se fera pas sur la base de la foi ou pour épater la galerie internationale, mais bien dans l'intérêt des Québécois dont le fardeau fiscal est déjà lourdement tributaire d'une économie chancelante.

D'ici là, pour ceux qui croient toujours à l'expression libre des idées, on pourra toujours se consoler en écoutant le Canadien et défenseur de libertés fondamentales, Mark Steyn, devant un sous-comité sénatorial:

«La plus importante des concurrences dans une société est la concurrence dans le domaine des idées. Voilà comment les idées sont testées, et comment les bonnes idées l'emportent sur les mauvaises. Seule une mauvaise idée exige d'être protégée de la critique.

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