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«Ceux de là-bas»: Patrick Senécal exorcise sa peur de la mort

«En écrivant ce roman, je tentais, comme mon personnage, d’accepter l’idée qu’on va mourir...»
Danila Razykov

Patrick Senécal ne s’en cache pas : il vit avec une peur constante de la mort. Tellement qu’il a choisi d’en faire le point de départ de son dernier roman. Ceux de là-bas, thriller aux accents fantastiques, se veut ainsi plus intimiste pour l’auteur, qui a vu cet exercice d’écriture comme une sorte de thérapie lui faisant réaliser que sa peur de la mort était plutôt une révolte. Une révolte face à cette idée «qu’un jour, le party allait finir et que va s’éteindre la lumière». Rencontre avec un être pourtant bien lumineux.

Peur de la mort et hypnose

Lorsque Patrick Senécal croise une personne âgée dans la rue, il ne peut s’empêcher de calculer intérieurement combien de temps de vie il lui reste à ressentir avant de se retrouver à sa place. Un calcul quotidien venant de sa peur – «insensée», il le dit bien - de la mort.

«À l’instar du personnage principal de Ceux de là-bas, qui a le même âge que moi, ces pensées ne m’empêchent pas de vivre, assure-t-il. Elles ne m’empêchent pas d’être heureux et ne m’angoissent pas au point de ne plus pouvoir profiter de la vie, Mais c’est là, de façon constante. Ses réflexions sur la mort sont beaucoup les miennes.»

Pour son personnage de psychologue, toutefois, c’est un événement terrible et fantastique survenant lors d’un spectacle d’hypnose qui viendra exacerber cette peur de la mort, transformant sa vie à jamais.

«C’est un livre que je n’aurais pas pu écrire avant d’avoir 50 ans, explique l’auteur, dont la femme dans la «vraie vie» est aussi psychologue. C’est un roman qui parle de ma vision de la vie, de ma vision de la mort. On y retrouve quelque chose d’intimiste et de très personnel, même si c’est à travers une histoire abracadabrante. Moi-même, en écrivant ce livre, je tentais comme mon personnage d’accepter l’idée qu’on va mourir. Ça m’a fait du bien et ça m’a fait réaliser que j’ai peur de quelque chose d’irrationnel, du fait de ne pas savoir ce qu’il y a après la mort. En fait, ce roman m’a fait réaliser que c’est une peur vaine.»

Obsédé par la mort assez récente de sa femme, fils d’un homme aux prises avec la maladie d’Alzheimer, le personnage de cette histoire porte une réflexion sur la vengeance et la mort, le duo qui nourrira sa quête (et son enquête).

«Ce roman se fait un peu dans le même ordre que Les 7 jours du Talion. Il n’y a pas d’ultime combat ni de gros punch final. Il s’agit plutôt de quelqu’un qui va au bout de son raisonnement, qui se demande comment en arriver à apprendre à vivre avec l’idée de la mort. Le tout planté dans un suspense pimenté d’aspects fantastiques et surnaturels.»

«Ceux de là-bas se veut aussi un retour aux sources et aux premiers amours de Patrick Senécal, qui confie avoir découvert la lecture à travers des histoires fantastiques et surnaturelles truffées de fantômes et de démons.

«Mes premiers romans placés dans la garde-robe - écrits entre 12 et 22 ans environ - renferment beaucoup de fantastique, dit-il. Il est d’ailleurs curieux que mon premier roman publié, 5150 rue des Ormes, ne contenait aucun aspect fantastique.»

Dans ce roman sombre et d’épouvante, on ne retrouvera qu’une poignée de scènes sanglantes et aucun véritable méchants. «Le méchant, c’est la mort, celle que le personnage principal porte en lui et qu’il refuse d’accepter.»

Une série télé, un projet de podcast et une nouvelle idée de roman

«Enfin», lance l’écrivain lorsqu’on aborde le sujet de sa série télé, dont la diffusion est prévue pour octobre 2020 sur Club illico. C’est que ses projets pour le petit écran, proposés à quelques reprises déjà, n’avaient encore jamais vu le jour. Jusqu’à maintenant, car ce sont 10 épisodes de 30 minutes qui formeront Patrick Senécal présente, un petit clin d’œil au grand Hitchcock.

La série sera composée d’histoires «fermées» telles des nouvelles littéraires qui mettront chaque fois de nouveaux acteurs en vedette (une formule à la Black Mirror, cette populaire série Netflix). De la télé de genre et bien sombre présentant des histoires fantastiques, d’épouvante, de suspense et d’humour noir comme on en voit rarement au Québec.

«Rien de trop trash ni de gore», promet l’auteur, qui espère que les personnages centraux de ses histoires seront interprétés par des acteurs québécois connus qu’on (re)découvrira dans des contre-emplois.

L’écrivain agira aussi à titre de réalisateur le temps, du moins, d’un épisode. Un grand bonheur pour celui qui est habitué d’écrire seul, mais que le tourbillon de la réalisation enivre. Les autres épisodes seront quant à eux réalisés par Stéphane Lapointe.

Les autres plans du maître québécois de l’horreur? Un projet de podcast dont il ne peut pas dire grand-chose pour le moment, si ce n’est qu’il s’agira d’une «fiction d’horreur». Une idée de départ pour un prochain roman aussi, qu’il imagine plus court (une promesse qu’il se fait chaque fois, mais qu’il a bien de la difficulté à tenir) et qui mettrait en vedette une petite fille.

«Quelque chose d’un peu plus malsain, d’un peu plus trash…», explique celui qui espère que l’affaire Yvan Godbout servira «à ce que ce genre de choses ne puisse plus arriver».

«Je ne peux pas croire qu’il va être condamné, je continue de croire que ça ne se peut pas. Oui, ça me fait un peu peur. Mais s’il est condamné, là je vais avoir vraiment peur. Car on sera rendu qu’on contrôlera même la fiction, là on sera dans le trouble, vraiment dans le trouble.»

Le roman Ceux de là-bas de Patrick Senécal est disponible dès maintenant dans toutes les bonnes librairies.

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